Un "Hôtel Feydeau" en délire au théâtre de l'Odéon
Un très beau décor immaculé, des chaises aux couleurs acidulées, 2 lustres et de chaque côté de la scène des portes qui claquent. C’est dans cet écrin stylisé que Georges Lavaudant, plus connu pour ses mises en scène de classiques, entrechoque des extraits des dernières comédies de Feydeau : "On purge bébé", "Mais n’te promène donc pas toute nue", "Feu la mère de Madame", "Léonie est en avance" et "Cent millions qui tombent" en prologue, une pièce qu’on ne joue jamais.
Cauchemar
Ce sont donc de courtes farces en un acte, écrites alors que Feydeau en plein divorce s’est retranché à l’hôtel Terminus (ça ne s’invente pas !) Toutes racontent avec un humour volontiers grivois, le cauchemar de la vie du couple bourgeois. "Ces pièces je voulais les fragmenter, les casser pour que le spectateur puisse assister à un emboutissage extrêmement rapide, en une seule soirée", déclare Lavaudant.Télescopage
Une affaire qu’il mène avec dextérité, clarté, légèreté, ponctuant les saynètes d’intermèdes chorégraphiés par Francis Viet. Il se concentre sur les pics de crises, qui se déclenchent à n’importe quel prétexte et partent en vrille, car chacun veut avoir le dernier mot. La machine s’emballe, les apparences volent en éclat et les couples finissent par se télescoper. "Tu ne vas pas vomir, je ne t’ai pas épousé pour ça", s’exclame une épouse frustrée.C’est rythmé, terriblement féroce et souvent drôle, même pour nous qui préférons à ces farces, les grands vaudevilles de Feydeau. La troupe y est pour beaucoup, poussant le jeu jusqu’au burlesque et parfois à l’absurde. André Marcon est parfait déguisé en Louis XIV dans "Feu la mère de Madame", et Manuel Le Lièvre inoubliable en Toto dans "On Purge Bébé". Il a réellement 7 ans, après avoir incarné un valet servile et un mari cocu, du grand art !
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