"Un songe d'une nuit d'été" féérique au Théâtre 14
Nuit magique
Parabole autour du mariage arrangé, de la conjugalité, de l'inconstance des sentiments, dans la Grèce antique et un univers féérique, "Le Songe d'une nuit d'été", comédie de William Shakespeare de 1694-95, demeure intemporelle et toujours d'actualité. Maintes fois donnée à la scène, adaptée au cinéma, sujet de tableaux jusqu'à devenir une web-série en 2014 transposant les personnages au XXIe siècle, la pièce fascine pour sa verve, sa légèreté, son humour au service de thèmes profonds. L'adaptation de Wajdi Lahami valorise tous ces aspects de l'œuvre avec l'idée de génie, pourtant apparemment évidente, d'accompagner le texte shakespearien de la musique de Purcell qui en fit un semi-opéra en 1692.Ce parti pris jouit de comédiens formidables qui déclament le texte, chantent, jouent d'instruments d'époque, dansent, voire exécutent des cascades, avec une dynamique et un investissement divins. Lyssandre et Demetrius aiment Hermia. Mais le duc d'Athènes destine le premier à Hélène qui aime le second. Pour échapper à leur sort, les jeunes amants s'enfuient dans la forêt où ils vont tomber sous les charmes de Titania, la reine des fées, et d'Oberon, le roi des elfes, eux-mêmes en pleine crise conjugale. L'imbroglio va créer des situations dramatiques où le suspense le dispute à l'humour au cours d'une nuit magique pleine de sortilèges.
Energie
Le dispositif scénique de Charlotte Villermet, composé de panneaux amovibles, suggère le bois sacré. Déplacé au rythme de l'action, parfois virevoltante, ce décor minimaliste fonctionne à merveille. L'escalier disposé sur la scène, suggérant le rang hiérarchique d'Oberon et Titania, est, lui, par contre, moins heureux. La luxuriances des riches costumes de Madeleine Lhopitallier contrebalance avec bonheur l'ascèse décorative et participe d'une féérie passéiste. Cette rencontre traduit celle d'une tradition pastorale avec la modernité, en phase avec l'intemporalité et l'universalisme de la pièce. Les comédiens occupent l'espace au cours d'une bacchanale incessante, dans leurs courses à travers le plateau, leurs danses gracieuses, chorégraphiées par Claire Faurot, jusqu'à une rixe spectaculaire entre Lyssandre et Demetrius qui soulève l'enthousiasme de l'audience.
La pluridisciplinarité des comédiens (Orianne Moretti – Titiana, Maxime de Toledo – Oberon, Francisco Gil – Puck, Ariane Brousse – Helena, Laetitia Ayrès - Hermia et Fleur de poix, Jules Dousset – Demetrius, Ivan Herbez – Lysandre…) entraîne l'adhésion. Pour leur jeu inspiré, leur identification parfaite aux rôles, leur voix, la prise de possession de l'espace scénique et l'enthousiasme qu'ils propagent. Le spectacle, pur moment de poésie, transporte de bout en bout, provoquant une alchimie jubilatoire qui perdure au-delà de la représentation. Déployez vos élytres et voletez jusqu'à ce merveilleux "Songe d'une nuit d'été" plein de charmes et revigorant.
Un songe d’une nuit d’été
Adaptation Wajdi LahamiMise en scène Antoine Herbez
Direction Musicale Didier Benetti
Scénographie Charlotte Villermet - Costumes Madeleine Lhopitallier - Lumières Fouad Souaker - Chorégraphies Claire Faurot - Chef de chant Ernestine Bluteau - Assistanat Laury André - photos Agathe Poupeney - Corinne Vaglio
Orianne Moretti - Titiana
Maxime de Toledo - Oberon
Francisco Gil - Puck
Ariane Brousse - Helena
Laetitia Ayrès - Hermia et Fleur de poix
Jules Dousset - Demetrius
Ivan Herbez - Lysandre
Victorien Disse - Papillon - Théorbe et Guitare baroque
Alice Picaud - Toile d’araignée – Violoncelle
Marie Salvat - Graine de moutarde – Violon
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