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Un spectacle d'après "Lettre aux escrocs de l'islamophobie" de Charb annulé à Lille et refusé en Avignon
Deux jours avant l'attentat à Charlie dans lequel il a trouvé la mort, le dessinateur Charb avait achevé une "Lettre aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes". Publié en avril 2015, le texte a donné lieu à un spectacle qui ne parvient plus à être joué : reporté à Lille par crainte de débordements et refusé par deux salles du Festival off d'Avignon pour des raisons artistiques.
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Les responsables du spectacle, le comédien et metteur en scène lillois Gérald Dumont et la directrice des ressources humaines de Charlie Hebdo Marika Bret, ont dénoncé une "censure sécuritaire". Il ont été rejoints par la Licra ce 28 mars.
"Peur des débordements" à Lille
Gérald Dumont a déjà présenté une quinzaine de fois en public la "Lettre aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes", publiée après la mort de Charb dans la tuerie qui a fait 12 morts au siège de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015. Une représentation prévue à Lille le 2 mai dans des locaux utilisés par la Ligue des droits de l'homme a été annulée à la demande de la section locale, une annulation "clairement politique" selon Gérald Dumont. Contacté, le représentant de la LDH locale n'était pas joignable ce 28 mars, mais la LDH nationale a indiqué dans un communiqué qu'elle condamnait "toute censure" et notamment "le fait que le texte de Charb n'ait pu être lu". La représentation devrait finalement avoir lieu mais dans un autre endroit près de Lille, ont indiqué les organisateurs.La lecture devait aussi être présentée le mardi 21 mars dans une salle qui appartient à l'université Lille 2, avec la participation de Marika Bret, à l'origine de la publication du livre. La Licra a condamné ce mardi 28 mars ces annulations représentant "un acte de censure, de lâcheté et de trahison de nos valeurs", selon l'ONG. "Courage, fuyons! Ou comment réduire les morts au silence", s'est insurgé le philosophe Raphaël Glucksmann sur Twitter, tandis que Bernard-Henri Lévy lançait sur le réseau social : "Charb assassiné en 2015, censuré en 2017". "Ma philosophie c'est d'ouvrir les portes", s'est défendu le président de Lille 2 Xavier Vandendriessche dans La Voix du Nord. "Mais j'ai craint les débordements, le climat et l'ambiance sont si lourds (...) Je sais qu'on est un peu complice en agissant de la sorte et ça m'emmerde, mais j'ai préféré annuler ou plutôt reporter".
Un spectacle "pas déprogrammé", simplement "pas retenu" selon deux théâtres du Off d'Avignon
Marika Bret espérait également fêter les 25 ans de Charlie Hebdo en Avignon avec ce spectacle et des débats, à l'occasion du Festival cet été. L'évènement a été proposé à deux théâtres, l'Entrepôt et la Manufacture, qui l'ont refusé. Dans une lettre envoyée à la ministre de la Culture, Audrey Azoulay, aux élus des régions Hauts de France et Paca, ainsi qu'à plusieurs directeurs de théâtres, Marika Bret et le metteur en scène dénoncent une "censure sécuritaire". "Nous taxer d'autocensure est indigne. Nous n'avons aucune leçon à recevoir en terme de prise de risque", a déclaré à l'AFP Pascal Keiser, directeur de La Manufacture à Avignon, qui programme cette année un spectacle sur l'affaire Merah et un autre sur la radicalisation islamique."Ce spectacle n'a pas été déprogrammé, il n'a tout simplement pas été retenu", explique-t-il. "Le dossier du spectacle était très succinct, trois pages, pas de vidéo, et nous n'avions pas de possiblité d'aller le voir. Nous avions des doutes sur la qualité artistique du spectacle (...) On n'allait pas faire du Charlie pour faire du Charlie, pour le buzz". Même explication du côté de L'Entrepot. "Je ne vois pas en quoi on doit se justifier de ne pas retenir un spectacle", a répondu la directrice Michèle Addala. "Nos choix sont à la fois poétiques et politiques, la proposition ne nous convenait pas".
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