Vincent Dedienne et Feu! Chatterton ensoleillent "Un chapeau de paille d’Italie" au Théâtre de la Porte Saint-Martin
Raviver la comédie de 1851 d’Eugène Labiche Un chapeau de paille d’Italie, reprise quasi tous les ans à Paris, est le pari gagné d’Alain Françon, avec 21 interprètes sur un plateau enchanteur. Vincent Dedienne et Anne Benoît sont au cœur d’une troupe formidable et d’un trio de musiciens qui interprète une partition étincelante de Feu! Chatterton.
Innovations
La modernité est ce qui a de l’avance sur son temps et qui perdure. En 1851, Un chapeau de paille d’Italie était en avance sur son temps, le vaudeville ne prenant essor que dans le dernier tiers du XIXe siècle. Pourquoi cette pièce légère, qui voit un fiancé sur le point de se marier, en quête d’un chapeau pour remplacer celui d’une jeune femme, mérite tant d’attention ? Parce que les rapports hommes-femmes y sont vus avec une pertinente drôlerie flirtant avec l’absurde, et une contemporanéité étonnante. Parce qu’Un chapeau de paille d’Italie est moderne.
Ne serait-ce que dans son titre, la pièce d’Eugène Labiche est solaire. On y a l’impression d’être constamment à l’extérieur, à l’air libre. Un sentiment de liberté, comme en roue libre, traverse la pièce, à l’image des innovations qu’apporte la mise en scène. Alain Françon situe son adaptation dans les années 30 et repense la musique dans une version très contemporaine - clavier, basse, batterie - en la confiant à la fleur des groupes français, Feu! Chatterton.
Coup de chapeau
D’une extrême efficacité, la musique contribue grandement, en jouant de l'anachronisme, à la mise en scène virevoltante d’un classique toujours rafraîchissant. Vincent Dedienne en Fadinard, ce fiancé volage sur le point de se marier et menacé de vindicte pour un chapeau perdu, est dans ses petits souliers. Il apporte une énergie et un dynamisme qui fait vibrer la scène. Avec à ses basques, tout un cortège de parents et d’invités à la noce embarqués dans une chasse au trésor incongrue, à laquelle ils ne comprennent rien. L’absurde est au rendez-vous, frôlant parfois le surréalisme, avec de nombreux rebondissements qui menacent les noces et l’intégrité, déjà fragile, de Fadinard.
C’est un régal de tous les instants, tant l’on est porté par ce rayon de soleil charmant, parfois mordant, un tantinet suranné, mais irrésistible qui, 172 ans après sa création, résonne et enjoue toujours autant. Coup de chapeau à tous les interprètes, Vincent Dedienne, Suzanne de Baecque et Anne Benoît en tête, et aux musiciens qui jouent en direct dans les baignoires. On n’en a décidément pas fini avec ce Chapeau de paille d’Italie entêtant auquel Alain Françon apporte une touche contemporaine revigorante sur un air de toujours.
Un chapeau de paille d'Italie
Auteur : Eugène Labiche
Mise en scène : Alain Françon
Avec : Anne Benoît, Eric Berger, Emmanuelle Bougerol, Rodolphe Congé, Laurence Cote, Suzanne De Baecque, Vincent Dedienne, Noémie Develay-Ressiguier, Luc-Antoine Diquero, Antoine Heuillet, Tommy Luminet, Marie Rémond, Alexandre Ruby
Du mercredi au vendredi 20h30. Samedi 16h et 20h30. Dimanche 16h. Dimanche 31 décembre 20h
Théâtre de la Porte Saint-Martin
18 Bd Saint-Martin, 75010 Paris
Tél : 01 42 08 00 32
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