Violences conjugales : des femmes écrivent et jouent une pièce de théâtre pour se reconstruire
Six femmes victimes de violences conjugales ont créé une pièce de théâtre pour parler de ces violences, grâce à l'association l'Escale-Solidarité femmes, en Île-de-France.
L'association L'Escale-Solidarité femmes, en Île-de-France, utilise le théâtre pour panser les blessures des violences conjugales. Cette année, six femmes, victimes, vont se produire sur scène dans une pièce qu'elles ont en grande partie écrite pour raconter leur histoire.
Il faut pousser la porte d'une ancienne entreprise en bâtiment désaffectée pour accéder au lieu de répétitions. Au milieu des anciennes planches de bois, des clous et des choses qui traînent ici et là, les actrices jouent. "Le premier péché d'une femme est d'abord de réaliser qu'elle est une femme", déclame une actrice.
Au milieu de la scène, un enchevêtrement de meubles, des tables, des chaises renversées sur le sol pour symboliser un logement dévasté par les violences conjugales. "Je ne frapperai plus, va te laver", récite une comédienne. "Elle prend une douche en laissant l'eau couler sur son corps meurtri. Il finit par la sortir de la salle de bain, tremblante, et l'entraîne dans la chambre. Cette nuit, elle prend conscience. Il va finir par la tuer. Il ne changera pas", poursuit la pièce.
"Même sur un texte qui est extrêmement émouvant,.elles sont capables de rire, de se lâcher complètement. C'est ça qui est vraiment l'un des principaux gains de tout le travail que l'on fait. Donc c'est grandiose", raconte Hervé Guillemot, le metteur en scène.
Ces actrices qui ont maintenant échappé aux violences conjugales s'appellent Blanche, Julia, Dalia, Mirale, Claudia et Jane. Jouer cette pièce est une formidable revanche sur leur passé, selon elles. Pour Jane il y a encore forcément un peu d'émotion au moment de lire ces dialogues. "Ça nous est arrivé qu'en pleine répétition, on verse une petite larme, mais on essaie de se détacher de tout ça. Sinon, on ne pourrait pas y arriver", dit-elle
"C'est comme si on criait notre douleur. Ça a été vraiment une vraie thérapie."
Claudia, victime de violences conjugales et actrice dans la pièceà franceinfo
À l'origine de ce projet, il y a l'association l'Escale et Tania Mpengo. Après un an de répétitions, elle se réjouit du chemin parcouru. "On passe de femmes qui, pour certaines, étaient très voûtées et très timides, à des femmes qui prennent la parole, qui vont dire 'non, je ne suis pas à l'aise avec cette posture-là' ou 'ça, ça ne me va pas'. Ça paraît anodin mais c'est énorme pour des femmes qui ont été tues pendant si longtemps."
Le théâtre permet même de faciliter le retour à l'emploi. "Une des femmes qui était avec nous sur le projet précédent, était sur un projet de formation et le jour de son examen, elle devait soutenir son oral, elle s'est dit 'j'ai parlé devant 230 personnes, je ne peux pas avoir peur de quatre jury'," conclut Tania Mpengo.
La première représentation a lieu jeudi 25 novembre à 19h00, Espace Aimé Césaire à Gennevilliers.
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