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"Trois sacres" : la leçon de danse de l'actrice Bérénice Bejo

Dans le spectacle "Trois sacres", actuellement à Paris, la comédienne Bérénice Bejo et le chorégraphe Sylvain Groud revisitent "Le Sacre du printemps" d'Igor Stravinsky.

Article rédigé par Anne Chépeau - Edité par Alexandra du Boucheron
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Bérénice Bejo dans "Trois sacres". (GRÉGOIRE KORGANOW)

C’est une comédienne qui aime les défis. Bérénice Bejo est à l’affiche de Trois Sacres. Dans ce spectacle, l'inoubliable interprète - césarisée - de The Artist danse aux côtés du chorégraphe Sylvain Groud qu'elle a rencontré en 2010, justement sur le tournage du film de Michel Hazanavicius.

Trois Sacres se joue au théâtre 13e Art, dans le 13e arrondissement de Paris, jusqu'au 4 mars, puis partira en tournée à travers la France du 3 au 14 avril.

"Trois sacres" : réécoutez la critique d'Anne Chépeau

Après l'aventure de The Artist en 2010 et 2011, quand Sylvain Groud a eu le projet de créer un spectacle en duo sur Le Sacre du printemps, d’Igor Stravinsky, il a tout de suite eu envie d’y associer la comédienne. "Une des premières fois qu'on en a parlé, raconte-t-il, elle m'a dit : 'J'aimerais tellement danser, mais c'est complètement saugrenu, ce n'est pas possible. Je ne suis pas danseuse, je n'ai jamais dansé et je ne suis pas souple.' Je me suis dit : 'Là, c'est intéressant.'." 

La métamorphose

Dans Trois Sacres, il y a deux Bérénice Bejo. D'abord, la comédienne qui surgit sur scène depuis la salle, irrésistiblement attirée par la beauté de la danse et de son interprète. Cette comédienne qui dit des textes sur l’amour et ses vertiges. "Je me souviens avoir été émue du soin que vous mettiez à éplucher un fruit, ce soin tout aussi minutieux dont vous faites preuve lorsque vous posez vos mains sur mon ventre quelques secondes", récite-t-elle notamment sur scène.

Et puis il y a Bérénice Bejo, la partenaire de danse de Sylvain Groud. La débutante s’est métamorphosée pour ce spectacle, relevant avec succès le défi qu’elle s’est lancé. Le chemin n’allait pas de soi : "Le plus dur, c'est le rapport au corps, le rapport à l'autre et le toucher. On n'est pas habitués. On vit dans une société où on se touche peu : on se fait la bise, mais on se prend rarement dans les bras, sauf dans les moments difficiles. C'est vrai qu'on est très pudiques."

Quand Sylvain m'a dit : 'Maintenant, on va commencer à se toucher', cela a été extrêmement violent. Il y avait une gêne.

Bérénice Bejo

à franceinfo

Sylvain Groud et Bérénice Bejo, dans le spectacle "Trois sacres", au théâtre 13e Art à Paris. (GRÉGOIRE KORGANOW)

"Il a vraiment fallu que je casse cette barrière, que j'accepte d'être dans les bras de Sylvain, qu'il me prenne dans les bras, qu'il me touche, finalement, et que je m'exprime avec le corps", poursuit l'actrice.

Le désir féminin sans tabou

Trois Sacres parle de l’attirance d’une femme pour un danseur et, plus largement, du désir féminin. Il s'agit d'un thème encore trop rarement abordé, selon la comédienne : "C'est quelque chose qui est encore très tabou : la sexualité des femmes et le désir. C'est Sylvain qui a eu envie de parler de ce rapport-là, qui a eu envie d'inverser les rôles et qui a vraiment mis la femme au centre, et l'homme comme l'objet tant désiré, regardé par les femmes."

C'est lui qui se déshabille, c'est lui qui souffre, et c'est moi qui suis forte, impassible. Ça fait du bien de ressentir cela.

Bérénice Bejo

à franceinfo

Sylvain Groud et Bérénice Bejo, à l'affiche de "Trois sacres". (GRÉGOIRE KORGANOW)

Variation très sensuelle sur la musique d’Igor Stravinsky, portée par ce magnifique danseur qu'est Sylvain Groud, Trois Sacres révèle les multiples talents de Bérénice Bejo.

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