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Une pièce perturbée par des catholiques intégristes

Une vingtaine de personnes ont été arrêtées mercredi 26 octobre après avoir perturbé une pièce au Théâtre de la Ville, à Paris, qu'elles jugent "blasphématoire".

Article rédigé par Simon Gourmellet
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
La pièce de Romeo Castellucci Sur le concept du visage du fils de Dieu, au théâtre de la Ville, à Paris, est jugée blasphématoire par les intégristes chrétiens. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

Où s'arrête la liberté d'expression et où commence le blasphème ? C’est sur cette frontière que s’affrontent à Paris artistes et intégristes religieux autour de la pièce Sur le concept du visage du fils de Dieu, de Romeo Castellucci, au Théâtre de la Ville jusqu'au 30 octobre. Une vingtaine de catholiques intégristes ont été arrêtés et placés en garde à vue mercredi soir. Ils ont réussi à rentrer dans la salle pour y jeter des boules puantes en scandant "Christianophobie, ça suffit !" selon une source policière.

Les manifestants n'en étaient pas à leur coup d'essai. Lors de la première représentation, le 20 octobre dernier, une dizaine d’entre eux étaient montés sur scène pour prier. Une action filmée qui sert désormais à promouvoir leur mouvement.
 

La pièce à l’origine de leur colère met en scène un père et son fils affrontant ensemble la déchéance de l'âge, sous un portrait géant du Christ peint par Antonello de Messine. Mais la représentation de Jésus finit par être déchirée et souillée d'excréments. Pour les intégristes, il s'agit d'"une provocation blasphématoire" qui justifie leur action.

"Je leur pardonne car ils ne savent pas ce qu'ils font" 

Concernant les boules puantes, les œufs ou encore l'huile jetés sur les spectateurs, "on reste au niveau de la simple blague de potaches"se défend l’Institut Civitas, une association intégriste qui a lancé le mouvement. Bernard Podvin, le porte-parole des évêques de France, a condamné ces "violences", mais demandé "une liberté d'expression respectueuse du sacré".

Depuis le lancement de la pièce, le directeur du théâtre, Emmanuel Demarcy-Mota, porte plainte tous les soirs et impose aux spectateurs une fouille sous surveillance. Pas question pour autant de céder à la pression et d’annuler les représentations. De son côté, le metteur en scène italien Romeo Castellucci a choisi le contre-pied en paraphrasant les paroles du Christ dans un communiqué publié sur le site du théâtre : "Je leur pardonne car ils ne savent pas ce qu’ils font."

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