Valls : "Il faudra aller plus loin que ce système des intermittents arrivé à bout de souffle"
Alors que le Premier Ministre Manuel Valls, invité lundi matin sur l'antenne de France Info, annonce que des décisions seraient prises d'ici la fin de la semaine, les intermittents du spectacle se préparent à une nouvelle journée de colère lundi, avec grèves et rassemblements à Paris.
"Nous avons besoin de ces hommes, de ces femmes, de ces artistes qui font vivre partout la culture mais sans doute il faudra aller plus loin que ce système arrivé à bout de souffle", a déclaré sur la radio France Info le Premier ministre, précisant qu'il faudrait le faire "avec méthode, en prenant le temps". "Tous les dix ans, tous les cinq ans, tous les trois ans, nous avons ce conflit et la possibilité, voire la réalité de l'annulation de spectacles, il faut en sortir une fois pour toutes", a-t-il dit.
Mais aujourd'hui, a-t-il ajouté, "il faut trouver une solution immédiate" pour "préserver le dialogue social, les accords entre partenaires sociaux mais aussi ouvrir une voie d'espoir pour les intermittents du spectacle".
Le Premier ministre a indiqué qu'il attendait les propositions du médiateur, le député Jean-Patrick Gilles "pour prendre un certain nombre de décisions d'ici à la fin de la semaine". La CGT, fer de lance du combat des intermittents, demande au gouvernement de ne pas agréer l'accord signé en mars par le patronat et trois syndicats (CFDT, FO, CFTC) qui durcit les conditions d'indemnisation des chômeurs, dont les intermittents. Lundi, les intermittents ont appelé à une nouvelle journée d'action nationale,
Grève reconduite à Montpellier Danse et nouvelles annulations à Lyon et à Uzès
Trois spectacles des Nuits de Fourvière de Lyon, dont le concert de Vanessa Paradis dirigée par Benjamin Biolay, seront annulés lundi. Selon la direction du festival, 80,5% des 77 intermittents sous contrat aux Nuits de Fourvière se sont prononcés en faveur d'une participation au mouvement national de grève de lundi, 14,3% ont voté contre et 5,2% ont voté blanc.
Le festival Uzès danse, programmé du 13 au 18 juin dans le Gard, a été annulé en raison du mouvement de grève des intermittents, a-t-on appris dimanche auprès de l'organisation.
"Au regard de la situation et des revendications actuelles que nous comprenons, en concertation avec l'équipe technique, administrative et le conseil d'administration du CDC (centre de développement chorégraphique, ndlr) Uzès danse, nous avons pris la décision d'annuler le festival Uzès danse 2014 à partir de ce jour à 17h30", pouvait-on lire dans un message mis en ligne samedi sur le site internet du festival.
Une quinzaine de spectacles était programmée entre samedi 17h30 et la fin du festival, le 18 juin.
Les marionnettistes des "Guignols de l'Info" seront également en grève et ne participeront pas à l'émission du soir sur Canal+.
A Montpellier, le Printemps des Comédiens, premier festival touché depuis son ouverture le 3 juin, la grève a été reconduite pour participer lundi à la journée d'action.
A Toulouse, le festival de musiques du monde Rio Loco s'est achevé dimanche après une édition fortement perturbée,
"Ce festival est le seul en France à avoir été maintenu en cette période très troublée" grâce "au dialogue", a commenté Marie Dequé, chargé des musiques dans l'équipe du maire UMP de Toulouse Jean-Luc Moudenc, lors d'un point de presse. Dialogue qui a été "rompu" au Théâtre du Capitole où les intermittents ont provoqué dimanche après-midi l'annulation de la première de Daphné, opéra de Richard Strauss, a-t-elle relevé.
Le festival, d'un budget de 1,4 million d'euros, est organisé par la ville de Toulouse sur son budget et les recettes de billetterie - 560.000 euros initialement attendus pour cette édition 2014 - sont normalement reversées aux finances publiques. Les billets pour l'édition 2014 qui avaient été achetés à l'avance par les spectateurs seront remboursés.
Rio Loco est l'une des manifestations culturelles les plus importantes de la ville. Malgré l'annulation de la première journée, l'édition 2014 aura attiré 107.800 spectateurs en comptant les estimations pour la soirée de dimanche, a dit son directeur Hervé Bordier. En 2013, le festival avait battu un record d'affluence avec 125.000 personnes.
Des décisions d'ici la fin de la semaine
"Le gouvernement donnera évidemment son agrément à l'ensemble de la réforme pour apporter davantage de sécurité à l'ensemble des chômeurs", mais des "avancées sont possibles", a estimé dimanche le ministre du Budget, Michel Sapin. Sa conseur de la Culture, Aurélie Filippetti a, elle, appelé les partenaires sociaux à prendre leurs "responsabilités" et souhaité "remettre tout le monde autour de la table".
Xavier Bertrand demande au gouvernement de valider l'accord
"Je demande que cet avenant soit validé par le gouvernement", a déclaré M. Bertrand sur RMC et BFMTV. "La réalité est que ce système des intermittents a été mis en place au tout début pour faire face à l'irrégularité de l'emploi, la précarité de l'emploi, notamment des interprètes. Et que ce système a été dévoyé non pas par les intermittents mais par les employeurs, par des sociétés de production qui, parce qu'il y a un régime très avantageux d'indemnisation, évitent de recruter en CDI les intermittents auxquels il font appel en permanence", a développé l'ancien ministre du Travail.
"Le système, il faut le remettre à plat parce que ce n'est pas forcément à l'assurance chômage, c'est-à-dire à tous les Français, de cotiser pour cela. Les sociétés de production, les employeurs doivent participer davantage et l'Etat, s'il est attaché à la place de la création culturelle, ce à quoi je crois fondamentalement, doit aussi participer mais pas au titre de l'assurance chômage", a poursuivi M. Bertrand. "C'est même pas une réforme des intermittents et on a déjà une grève des intermittents", a également déclaré le député-maire de Saint-Quentin (Aisne).
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