Struthof : la chambre à gaz de l'ancien camp de concentration, rénovée, rouvre au public avec un nouveau parcours mémoriel
Natzweiler-Struthof est le seul camp de concentration nazi installé sur le sol français. Sélectionnés à Auschwitz, 86 juifs y furent gazés le 1er août 1943. L'objectif des nazis étant de constituer une "collection anatomique de squelettes juifs".
L'annexe abritant la chambre à gaz du camp de Natzweiler-Struthof (Bas-Rhin), en Alsace, où 86 Juifs furent gazés en vue d'expérimentations médicales, rouvre le samedi 26 novembre au public, après 18 mois de restauration, avec un nouveau parcours mémoriel.
"C'est une opération de restauration patrimoniale et non de reconstruction ou de réhabilitation, où l'on est intervenu de manière extrêmement minutieuse", a fait valoir jeudi 24 novembre Pierre Dufour, architecte en chef des monuments historiques, qui a supervisé le projet sur le seul camp de concentration nazi installé sur le sol français, en Alsace annexée.
Situé une centaine de mètres en contrebas du camp où quelque 52 000 déportés venus de toute l'Europe furent internés entre mai 1941 et avril 1945, le bâtiment qui abrite la chambre à gaz était à l'origine un dépôt de vivres et une salle de bal de l'auberge voisine.
Prélude au projet d'anéantissement de tous les Juifs
Le 1er août 1943, 86 Juifs, sélectionnés à Auschwitz, y furent gazés, en vue de constituer une "collection anatomique de squelettes juifs", peut-on lire sur le site du Mémorial de Struthof, en prévision de l'anéantissement total de tous les Juifs auquel devait mener la Shoah. Ces expériences étaient notamment menées par le directeur de l'Institut d'anatomie de la Reichsuniversität (Université du Reich) de Strasbourg, August Hirt.
A l'intérieur du bâtiment, rénové pour 1,6 million d'euros, le visiteur passe par trois pièces avant d'accéder à la petite chambre à gaz de 9 mètres carrés, à la faïence blanche et à la porte capitonnée. Le parcours de visite s'articule autour de sobres panneaux en verre explicatifs, et d'objets d'époque, comme un entonnoir relié à la chambre à gaz, un carnet de Hirt ou une émouvante alliance d'une victime juive. Huit Tsiganes mourront aussi à la suite d'expérimentations réalisées dans la chambre à gaz du Struthof.
#Réouverture de l’annexe abritant la chambre à gaz de l’ancien camp de concentration de Natzweiler-Struthof après des travaux de restauration.
— Fondation pour la Mémoire de la Shoah (@Fondation_Shoah) November 25, 2022
Exposition sur le parcours de vie et l’assassinat des 86 personnes juives gazées en août 1943.
Demain 26/11https://t.co/QmUgAh5JuS pic.twitter.com/BLDaz4WhjB
"Chaînon manquant"
En mai dernier, l'Université de Strasbourg avait fait l'inventaire de ces années nazies dans un rapport de 500 pages, où la lumière était enfin faite sur la participation de sa faculté de médecine aux "crimes médicaux de guerre".
"La réouverture de ce lieu va permettre d'apporter le chaînon manquant à tout ce travail fait depuis plusieurs années", s'est félicité Guillaume d'Andlau, directeur du Centre européen du résistant déporté-Struthof (CERD), le mémorial de l'ancien camp de concentration qui accueille 200 000 visiteurs chaque année.
L'ancien camp de concentration du Struthof-Natzweiler fut l'un des plus meurtriers de l'univers concentrationnaire nazi, avec 22 000 morts, principalement d'épuisement, de faim et de traitements inhumains.
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