« The Paperboy » : le retour de Nicole Kidman en beauté
Synopsis : 1969, Lately, Floride. Ward Jansen, reporter au Miami Times, revient dans sa ville natale, accompagné de son partenaire d’écriture Yardley Acheman. Venus à la demande de Charlotte, femme énigmatique qui entretient une correspondance avec des détenus dans le couloir de la mort, ils vont enquêter sur le cas Hillary Van Wetter, un chasseur d’alligators qui risque d’être exécuté sans preuves concluantes.
Persuadés de tenir l’article qui relancera leur carrière, ils sillonnent la région, conduits par Jack Jansen, le jeune frère de Ward, livreur du journal local à ses heures perdues.Fasciné par la troublante Charlotte, Jack les emmène de la prison de Moat County jusqu’aux marais, où les secrets se font de plus en plus lourds. L’enquête avance au cœur de cette Floride moite et écrasante, et révèle que parfois, la poursuite de la vérité peut être source de bien des maux…
Bombe sexuelle
Adapté d’un roman de Peter Dexter, inspiré d’un fait divers survenu dans les années 60 dans la Floride des Everglades, « Paperboy » voit le retour de Nicole Kidman à Cannes, absente de la Croisette depuis « Dogville » de Lars von Trier en 2003, soit 9 ans. Un retour avec un rôle où elle interprète une bombe sexuelle fascinée par un repris de justice dont elle doute de la culpabilité dans l’assassinat d’un sheriff.
Le réalisateur de « Precious », Lee Daniels, traite de front ce qui aurait pu rester un honnête polar, et le passage de l’adolescence à l’âge adulte d’un garçon (Zac Efron) un peu vain et naïf. Il va s’effectuer via son frère (Mattew McConaughey), journaliste qui enquête sur Hillary Van Wetter (John Cusack), habitant du bayou, incarcéré et condamné à la chaise électrique. C’est grâce à ce frère qu’il va croiser Charlotte Bless (Nicole Kidman), dont il va tomber éperdument amoureux, alors qu’elle préfère la dangerosité du condamné qu’elle cherche à innocenter.
Polar prétexte
Cette situation permet de brosser des caractères complexes. Aussi Lee Daniels ne s’intéresse guère au côté polar de son film, qui n’apparaît qu’un prétexte pour faire émerger des traits psychologies, dans une ambiance chargée d’érotisme, et d’ambition. Nicole Kidman créé une composition de premier ordre, sous le jour d’une blonde superficielle, bousculée par ses désirs, mais consciente de ses failles assumées et mature. Elle exécute à ce titre une scène de suggestion sexuelle torride qui met presque aux oubliettes l’exhibitionnisme de Sharon Stone dans « Basic Instinct ».
La violence des sentiments de « Paperboy » recoupe celle des actes. Mais étonnement, aucune arme à feu à l’écran, ce qui mérite d’être souligné pour un thriller. Cela n’empêche pas le film de saigner. Complexe, « Paperboy » charge sans doute un peu trop la barque dans la multiplicité de ses sous-intrigues, tout en négligeant de creuser certains aspects, comme la motivation des journalistes à mener leur enquête. La mise en scène n’en reste pas moins inventive, avec des distorsions de l’image et des effets de montage étonnants. Mais c’est Kidman qui tire véritablement son épingle du jeu. Ce retour réussi est d’autant plus méritoire qu’il s’effectue dans une production indépendante, modeste, qui se retrouve à Cannes.
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