Trèfle à quatre feuilles sur le crâne et rap ensoleillé, Chanceko a toutes les chances de ravir votre été
À 24 ans, Chanceko dévoile sa première mixtape "Malaboy". Un projet entre rap et afropop qui transpire la crème solaire et le sable chaud. Portrait d’un artiste en pleine ascension.
Quelques accords feutrés joués au clavier, un saxophone mielleux, un rythme afro envoûtant, une voix douce et suave et voilà l’auditeur téléporté sur une plage de sable fin, les pieds dans l’eau turquoise. C’est l’effet Malaboy. Dévoilée le 2 juillet, cette mixtape à mi-chemin entre rap, bossa nova et funk tombe à pic à l’approche de l’été pour se détendre et oublier la grisaille.
Détendu, Chanceko l’est également. Après deux ans de travail, l’artiste de 24 ans peut enfin souffler. À peine de retour d’une soirée à Bruxelles pour célébrer le succès de son projet, c’est le sourire aux lèvres que Chanceko, de son vrai nom Chancelin, retrace son ascension, bien méritée.
"J’ai même fait un remix d''Alejandro' de Lady Gaga"
Nous sommes dans les années 2000. Le morceau American Boy d’Estelle et Kanye West est dans le top des charts, Booba est à son apogée et le jeune Chancelin rêve de gloire devant les clips de rap US diffusés sur TraceTV. À l’époque en classe de 6e dans la ville de Meaux, Chanceko s’essaye au rap sur les conseils de son frère, musicien, qui lui compose des morceaux sur ordinateur. "Il me poussait beaucoup dans mes projets. On travaillait tous les deux dans sa chambre. Il m’enregistrait toute la journée et écoutait les sons de son petit frère pendant des heures dans son casque. Ensuite, il en parlait à tous ses amis", confie Chanceko.
Inspiré par des artistes rap de la Seine-Maritime comme Médine ou Rilès, le jeune rappeur persévère dans la musique. Il enregistre ses premiers freestyle et fait la rencontre de Picto, également artiste, qui deviendra un ami. "Picto avait commencé à écrire dès le CM1. C’est lui qui m’a poussé à me lancer et qui m’a trouvé mon nom 'Chanceko'", explique le rappeur.
Après les cours, la musique devient un rituel pour Chanceko. Dans la chambre de son frère, il écrit ses premiers textes et expérimente des sonorités très variées. "J’ai même fait un remix d'Alejandro de Lady Gaga, avoue-t-il en rigolant. Dans mes textes, je racontais mes journées, ma vie, mes ressentis, mes ambitions, mon état d’esprit. En soi, ma manière d’écrire n’est pas si différente aujourd’hui. J’essaye toujours d’avoir un message positif."
Musique à plein temps
En parallèle à ses études et à sa classe prépa, Chanceko mixe, compose, écrit et produit seul ses premiers EP sur son temps libre. "Je sortais des projets très courts parce que j’avais toujours des petites galères à droite à gauche entre le travail et les études", explique-t-il. Mais en mai 2019, sur un coup de tête, le jeune rappeur décide de tout plaquer pour se consacrer à sa passion.
Je travaillais chez Auchan, j’ai quitté mon boulot. J’ai rendu mon appartement et je suis retourné vivre chez ma mère. À partir de là, j’ai fait de la musique non-stop
Chancekoà franceinfo Culture
Un choix audacieux mais payant : en 2020, il collabore avec les rappeurs 99 et DMS sur le morceau Bad Luv. Le titre connait un grand succès et permet à Chanceko d’être approché par la maison de disque Parlophone. "Grâce à cette signature j’ai considérablement allégé ma charge de travail et j'ai pu atteindre les objectifs que je m’étais fixés, confie-t-il. J’ai toute une équipe qui travaille pour moi en promo, en marketing. J’ai un directeur artistique avec qui je peux vraiment développer mes idées jusqu’au bout. Et j’ai même des budgets qui sont alloués pour des clips, des séances studios… Ça soulage."
Grâce à ce soutien, Chanceko enregistre dans la foulée Gaura, un EP "carte de visite" de quatre titres où l’artiste s’amuse à explorer un univers plus éloigné du rap, où l'on croise des échos de funk, de jazz et de musiques latines. "Avant ce projet, les gens avaient du mal à m’identifier musicalement. Mais depuis, ils arrivent mieux à comprendre qui je suis, le genre de musique que je fais et à capter ma personnalité", assure-t-il.
Polyvalence musicale
En juin 2021, Chanceko est invité par le média rap Grünt pour une performance acoustique. Soudain, un titre attire l’attention : une voix douce et suave, un saxophone en guise de basse, le morceau surprise Température vient réchauffer l’atmosphère l’espace d’un instant. Cette combinaison entre rap et bossa nova est l’une des nombreuses illustrations de la richesse musicale de Chanceko. "Dans ma ville, on parlait beaucoup de rap mais petit, j’écoutais du Black Eyed Peas, du Abd al Malik, comme je pouvais écouter du disco, du Francis Cabrel ou du Axelle Red", explique-t-il.
Cette polyvalence musicale, c’est ce qui fait la force du jeune rappeur. Aussi à l’aise sur un rythme trap que sur un morceau jazz-funk, le rappeur s’approprie ces styles musicaux très variés sans aucune difficulté. "Je n’aime pas me fixer des limites. Je suis là pour créer des nouveautés et me surprendre. J’aime quand on sort de sa zone de confort, qu’on teste de nouvelles choses, qu’on prend des risques… C’est ça qui est beau", assure-t-il.
Labellisé "Nouvelle star montante" par Apple Music
Et la recette s’avère efficace. Peu avant la sortie de Malaboy, la plateforme de streaming Apple Music a désigné Chanceko "nouvelle star montante de France". Un succès que le jeune homme a encore du mal à réaliser : "Cette semaine, on était au restaurant en Belgique et une fois installé, un serveur me reconnaît. Il me dit ‘on va mettre ta musique à l’intérieur’. Je ne m’y attendais pas du tout !, s’exclame-t-il. Quand t’es en plein dans l’ascension, tu ne sais pas vraiment ce qu’il t’arrive. Ensuite, tu prends du recul et tu te dis ‘quand même, j’ai de la chance.’ Ces petites victoires, c’est un truc de dingue", confie-t-il avec le sourire.
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Mais la chance, Chanceko ne l’a pas que dans son prénom. Dans ses cheveux orange, des mèches vertes laissent deviner les contours d’un trèfle à quatre feuilles. Une teinture "porte-bonheur" pour ses futurs projets à venir, notamment sa première date de concert annoncée à la Maroquinerie (Paris), le 24 février 2022. "J’ai hâte de monter sur scène et de rencontrer mon public. On travaille sur une tournée dans le reste de la France, ça devrait arriver bientôt", s'enthousiasme-t-il. "Et je ne compte pas m'arrêter là. J'espère pouvoir faire quelque chose d'encore plus grand pour un futur album..."
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