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"Allô Nabilla" : faut-il raccrocher au nez de la nouvelle émission de la starlette ?

NRJ12 diffuse ce soir "Allô Nabilla : ma famille en Californie". L'émission de téléréalité se penche sur la vie de la famille Benattia, en vacances dans une villa à Los Angeles. 

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Nabilla lors de l'émission "Le Grand Journal", sur Canal+, le 11 avril 2013. (MIGUEL MEDINA / AFP)

Liberté Oléron, A bord du Darjeeling Limited, Les Dernières Vacances : quoi de plus drôle, tendre, tragique, émouvant, que le récit d'un voyage en famille ? Tant de non-dits, de rancœurs, de frustrations et de rêves dans une si petite cellule humaine, extraite de son décor habituel pour mieux apparaître dans sa vérité. Non, vraiment, merci NRJ12 de diffuser, mardi 12 novembre, le premier volet de "Allo Nabilla : ma famille en Californie". 

Pendant trois semaines, les proches de la starlette des "Anges de la téléréalité", connue pour ses dons de mime, la rejoignent dans une villa plus que cossue de Los Angeles. Face caméra, la famille Benattia livrera ses secrets et, en prime time, tentera de capitaliser sur ses extravagances. Faut-il en déduire que les nouvelles aventures de Nabilla et des siens vont faire un carton ? Francetv info étudie les arguments du programme. 

Le + : Nabilla est une valeur sûre... 

En moyenne, la saison 5 des "Anges de la téléréalité" a rassemblé quelque 900 000 téléspectateurs par épisode. Selon Médiamétrie, NRJ12 s'est hissée, les soirs de diffusion, au rang de 3e chaîne nationale pour les moins de 25 ans, avec 11,4% de part d'audience. Méprisé par une partie de la population mais suivi avec intêret par de nombreux ados, le programme qui a révélé Nabilla constitue un authentique succès. Pour NRJ12 et La Grosse Equipe, sa boîte de production, offrir à Nabilla son propre programme tient plus du spin-off opportuniste (série dérivée d'un programme initial) que du pari risqué. En témoigne l'essor du hashtag #AlloNabilla sur Twitter, à quelques heures de la diffusion du premier épisode.

"Ceux qui apprécient regarderont pour retrouver le côté divertissant de Nabilla. Ceux qui ne l'apprécient pas regarderont pour la critiquer", analyse Nathalie Nadaud-Albertini, sociologue des médias et auteure de 12 ans de téléréalité...au-delà des critiques morales (Ina Editions), interrogée par francetv info. 

 Le + : ... et un objet de curiosité 

Au sujet du "phénomène Nabilla", "ce qui prédomine dans l'espace public (...), c'est la raillerie, note la sociologue. On se livre volontiers à un bashing féroce, afin de montrer que l'on est intelligent et cultivé", explique-t-elle. "En présentant ses attaches familiales dans l'émission, et aussi ses ruptures (notamment avec son père), elle se présente comme une véritable personne, et non comme la construction publique d'elle-même (bimbo, idiote, etc) qui fait que nombreux sont ceux qui voient le personnage public et oublient qu'il s'agit avant tout d'une personne", poursuit la sociologue. 

Présentée comme un "extra-terrestre", elle a fondu en larmes, début novembre, sur le plateau de l'émission Le Tube de Canal +, en entendant la voix de son père. En terme de story telling, mieux vaut tirer profit de ce cœur qui bat sous le 95 double D. "Ce qu'on attend c'est une Nabilla nous affirmant 'je suis moi !', 'comme toujours je vais vous faire rire' et 'je suis aussi une personne, comme vous'", résume Nathalie Nadaud-Albertini.

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Le + : des proches hauts en couleur...

Développé aux Etats-Unis dès le début des années 2000, le concept du "Dynasty show" propose de "voir une célébrité évoluer dans sa vie de tous les jours. On attend de voir ce que sont les relations de Nabilla avec sa famille, d'y découvrir d'autres personnalités. Sont-ils comme elles ? S'attache-t-on à cette famille ?, énumère la sociologue. Y reconnaît-on des traits communs à toutes les familles ? Ou est-elle différente parce que c'est la famille d'une personne hors normes ?".

Parmi les pionniers du genre figurent "The Osbournes" (2002-2005), émission centrée sur le quotidien de la famille du chanteur des légendaires Black Sabbath, ainsi que "L'incroyable famille Kardashian" (depuis 2007), immersion dans une fratrie (de sœurs) milliardaire. Deux énormes cartons d'audience.


L'arbre généalogique de Nabilla sera-t-il à la hauteur des enjeux ? Oui, à en croire la starlette qui nous vante le potentiel de Livia, sa "mémé", une ancienne commerçante de 76 ans qui l'a élevée à Annemasse (Haute-Savoie). "Ma grand-mère elle ne connaît que les pâquerettes en bas de sa porte (...) Elle a une personnalité, c'est un truc de fou", a-t-elle expliqué à TéléLoisirs.fr. La complicité entre les deux femmes, au même titre que leur décalage, ne peut que fournir de bons moments de téléréalité.  

Au casting figure aussi Thomas, le petit-ami conquis sur le plateau des "Anges de la téléréalité" (pour voir le premier baiser, c'est là), le frangin Tarek, bourreau des cœurs et terreur des réseaux sociaux, la maman copine, les copines tout court et le staff des Benattia. C'est aussi d'eux que dépendra le succès de l'émission, note Nathalie Nadaud-Albertini.

 Le - : ... mais des proches passés à la moulinette de la téléréalité

Dans les interviews, le discours de mémé Livia contraste avec la légèreté de sa petite-fille. "J'étais commissaire-priseur, mais je n'ai jamais eu mon diplôme. J'ai vécu avec mon oncle Nebel, un grand peintre postimpressionniste. Chez mon père, il y avait toujours de l'art et des livres'', dit-elle à Métro. Au Parisien, elle cite Céline et corrige gentiment sa descendance lorsque cette dernière confond l'auteur de Voyage au bout de la nuit et une créatrice de sacs à main. 

Les ambiguïtés et contradictions de cette famille seront-elles exploitées dans "Allô Nabilla" ? Réponse dans la bande-annonce : passage d'aspirateur en talons aiguilles, ratage de spaghettis, séance d'essayage extravagante et mamie à la peine dans la langue de Kim Kardashian.


Comme du temps des Osbourne, la réalité semble disparaître sous les gags et les provocations. Dans le documentaire "God Bless Ozzy Osbourne", la famille du rocker britannique a révélé l'envers du décor. Père alcoolique, enfants drogués... "Je regrette tout le mal que cette émission a fait à ma famille", confiait la rockstar dès 2010. Souhaitons plus de chance aux Benattia.

Le - : son "Allô" a vécu

Défilé avec Jean-Paul Gaultier, tour des plateaux télé, portrait dans la presse branchée : en dépit de ce succès, Nabilla n'a pas gommé son gimmick infernal de son vocabulaire. Dès le mois d'avril, la jeune femme avait déposé son "Allô" auprès de l'Institut national de la propriété intellectuelle, jetant ainsi de l'huile sur un buzz déjà plutôt gras.  

Sorti cet été, son premier livre a fait un flop. En juillet, il s'était "péniblement" écoulé à "un millier d'exemplaires selon les chiffres d'Edistat". Deux mois plus tard, Allô, non mais allô quoi trainait à la 45e place du classement des essais de Livres hebdo. Comme jadis la "bogossitude" de Mickaël Vendetta ou le Papillon de Lumière de Cindy Sanders, un buzz n'est pas un business plan. Tout deux avait d'ailleurs obtenu leur propre émission de téléréalité.
 

Le + ou - : on ne sait toujours pas ce que fait Nabilla 

Interrogée dans Le Parisien sur "Campagne intime", le documentaire qui suit Nicolas Sarkozy et son épouse dans l'intimité de la dernière ligne droite à la présidentielle, Nabilla répond : "Elle est chelou, Carla Bruni, j'ai trouvé... Elle se fait filmer à rien faire de la journée..." A ce soir, Nabilla. 

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