Le triomphe de "Breaking Bad", la déception "House of Cards" : que retenir des Emmy Awards ?
La cérémonie, l'équivalent des Oscars pour le petit écran, s'est déroulée dimanche soir à Los Angeles.
Consécration pour Breaking Bad, lot de consolation pour House of Cards, tapis rouge très classe et vague de remerciements : la 65e édition des Emmy Awards, en direct de Los Angeles (Californie, Etats-Unis), a tenu en haleine les amoureux de séries télévisées dans la nuit de dimanche 22 à lundi 23 septembre.
Pour tout les non-insomniaques, francetv info revient sur ce qu'il faut retenir de la cérémonie.
Un palmarès un peu tiède
Pas toujours audacieux... La série Breaking Bad (AMC) a remporté le prestigieux Emmy Award de la meilleure série dramatique. Une première pour cette production, huit fois nommée cette année dans six catégories, et déjà récipiendaire par le passé de nombreux autres prix. Elle dame le pion à House of Cards (Netflix), le thriller politique de David Fincher, qui espérait bien remporter la mise. Car, si Breaking Bad est sans consteste une œuvre de légende, cette récompense tardive survient alors que la série touche à sa fin. Un peu à la traîne, les Emmys ? Certainement. D'autant plus qu'il aurait été pertinent de sacrer une série diffusée sur internet, histoire de rendre compte de la révolution Netflix, ici détaillée par le site spécialisé Zdnet.com. Voilà qui n'a pas du arranger l'humeur du héros de House of Cards, Kevin Spacey, agacé par des caméramen un peu envahissants.
Conformiste, le jury a recompensé Claire Danes, donnée favorite pour l'Emmy de la meilleure actrice dans une série dramatique pour son rôle d'agent de la CIA perturbée dans Homeland (Showtime). Et ce à l'issue d'une prestation pourtant moins éclatante cette saison. Pas de surprise non plus du côté de la meilleure série comique : la Modern Family et ses membres un peu dingues ont été sacrés pour la quatrième année consécutive. Quant au meilleur acteur comique, Jim Parsons, il a ramené le troisième trophée de sa carrière : cela fait donc trois fois que l'académie estime qu'on ne fait guère mieux que le personnage de Sheldon Cooper, le geek obsessionnel de The Big Bang Theory (CBS).
... mais audacieux quand même. Dans la catégorie drame, Jeff Daniels a remporté l'Emmy du meilleur acteur pour The Newsroom (HBO). Le premier Emmy de sa carrière. La série House of Cards a quant à elle hérité d'un lot de consolation, en décrochant l'Emmy du meilleur réalisateur, pour David Fincher.
Des remerciements inspirés
Option "discours cochon". Michael Douglas et Matt Damon étaient tous deux nominés dans la catégorie du meilleur acteur dans un téléfilm ou film. Dans Ma vie avec Liberace (HBO), Douglas incarne le rôle titre : celui d'un pianiste flamboyant qui nie publiquement son homosexualité, tandis que Matt Damon joue le rôle de son partenaire, un jeune et bel éphèbe. "C'est une victoire à deux mains", a commenté Michael Douglas en attrapant la statuette, le regard tourné vers son amoureux fictif. Matt Damon qui, comme toute la salle, a bien compris la référence sexy, gigote sur son siège, gêné. "Tu la mérites autant que moi", pousuit Douglas qui brandit son trophée. "Alors dis-moi, tu préfères le dessous où le dessus ?" De la statuette ? Mouais... Quel coquin ce Michael Douglas.
Option "clin d'œil". La fiction a aussi rattrapé la réalité pour le casting de la série humoristique Veep (pour vice-présidente) (HBO). Elue meilleure actrice dans une série comique, Julia Louis-Dreyfus (déjà hilarante dans le rôle d'Elaine dans Seinfeld) a profité de ses remerciements pour souligner le génie comique du duo qu'elle forme à l'écran avec l'acteur Tony Hale (connu pour avoir donné vie à l'un des personnages les plus idiots de la télévision dans Arrested Development). Tout juste sacré meilleur second rôle dans la même série, Tony Hale a accompagné Julia Louis-Dreyfus sur scène, lui collant aux basques comme il le fait à l'écran, en tant qu'assistant devoué de cette vice-présidente des Etats- Unis : "Tu les aimes", lui souffle-t-il à l'oreille. "Je vous aime", reprend l'actrice. Tout ça pendant que les fans de Veep réalisent pouquoi ces deux là sont adorables.
Et rien que pour le plaisir : le clin d'œil hors catégorie de Kevin Spacey, s'adressant à la caméra comme le fait fréquemment son personnage dans House of Cards.
Option "concision". "Merci beaucoup (couinement et début de larmes), ... merci beaucoup (inspiration). Il faut que j'y aille. Au revoir." Merrit Wever a été sacrée pour sa prestation dans la série Nurse Jackie (Showtime). Avec ce discours de remerciements exemplaire de concision, la comédienne a délivré "le meilleur speech de tous les temps", selon (entre autre) le site Salon (lien en anglais). Un titre qui en dit long sur ce que la presse pense de ses acteurs, au pays du "je voudrais remercier mes parents, mes enfants, toute l'équipe, Dieu, le réalisateur, ma maquilleuse, mon chien, l'éclairagiste, etc.".
Des hommages (et une polémique)
Comme toute remise de prix qui se respecte, les Emmy Awards ont soigné leur séquence émotion. Cette année, les actrices Edie Falco (Nurse Jackie, Les Soprano) et Jane Lynch (Glee) étaient chargées de rendre hommage à des collègues disparus en 2013 : James Gandolfini (alias Tony Soprano dans la série éponyme) et Cory Monteith (Finn Hudson dans Glee).
"Cory était une belle âme", pour l'une. "James était incroyablement chaleureux, gentil", pour l'autre. Deux acteurs "généreux" et vraisemblablement partis trop tôt. Ces compliments, délivrés en marge de la traditionnelle sequence "In mémoriam", pendant laquelle les photos des professionels du secteur décédés dans l'année défilent en noir et blanc sur fond de violoncelle, ont suscité la polémique. Plutôt unanime sur la légitimité de l'hommage à James Gandolfini, la presse s'est questionnée sur le bien-fondé d'un discours à la gloire de Cory Monteith, mort d'une overdose cet été.
"Bien que sa prestation dans Glee ait été très prometteuse, elle n'était en rien comparable avec les carrières des quatre autres [personnes ayant eu droit à un hommage perso]", a estimé le redacteur en chef du site Variety (lien en anglais). "C'est criminel", a même estimé Adam Klugman, fils de l'acteur Jack Klugman, star de la télévision américaine dans les années 60 et 70. Ce dernier n'a eu droit qu'au traitement "photo + violoncelle". Injuste ? Non. Discutable, oui. Comme souvent pour les Emmys.
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