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"6 X Confiné.e.s", la nouvelle série Canal+ qui explore le confinement avec un regard décalé

Première série sur le confinement, "6 X Confiné.e.s" est disponible depuis le 15 mars sur Canal+. Une collection de courts-métrages où la provocation côtoie l'absurde, pour un résultat plutôt inégal.

Article rédigé par franceinfo Culture - Faustine Mazereeuw
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Vincent Cassel, Ludivine Sagnier, Félix Moati, William Lebghil... 6 X Confiné.e.s peut se targuer d'un casting alléchant. (Canal+)

C’est la première série sur le confinement. 6 X Confiné.e.s, disponible depuis le 15 mars sur Canal+, est un catalogue de courts-métrages sur notre isolement forcé du printemps 2020. Six cinéastes - la plupart débutants - livrent chacun sa vision de cette étrange période. Parmi eux : la photographe Alice Moitié, l'humoriste Marina Rollman ou encore le réalisateur Saïd Belktibia. Le casting est alléchant : des acteurs culte comme Vincent Cassel et Ludivine Sagnier côtoient des comédiens en pleine ascension tels que Félix Moati, William Lebghil ou encore Laura Felpin. 

Le résultat donne une création hybride plutôt inégale, où se superposent six histoires loufoques de confinements : un DJ pathétique en pleine crise de la cinquantaine animant des lives depuis chez lui, un couple immature de gamers squattant un immense appart, des délinquants au chômage technique organisant des vols de dents en or... 

Un humour décalé et trash qui fait (parfois) mouche

Derrière un humour décalé et trash dont Canal+ a fait sa marque de fabrique, se cache une réflexion plus ou moins réussie sur certains enjeux de société. Par exemple, le court-métrage Jusqu’à Saint-Molart vise juste en traitant la thématique des violences sexuelles avec une ironie très crue. Une jeune femme vivant la grande vie parisienne est contrainte de rentrer à la campagne chez ses parents d’origine modeste et apprend, entre la poire et le fromage, avoir subi un inceste pendant l’enfance. N’en gardant aucun souvenir, elle part alors en quête d'un éventuel traumatisme en multipliant les actes improbables.

Grâce à un ton sarcastique et à la grande finesse du jeu de Ludivine Sagnier, l'épisode reflète très bien les sentiments de cette victime... qui n’arrive pas à se sentir victime. 

À trop chercher la provoc’, la série s’éloigne de son public

Dans d’autres créations, la provocation n'apporte pas de valeur ajoutée au récit, et ça ne prend pas. C’est le cas du dernier épisode, dans lequel deux jeunes hommes deviennent les gigolos d’une riche et vieille dame et partagent, le temps d’un week-end, des moments de complicité - et de la cocaïne - en peignoirs de soie... sans que l'on y croie, ou que cela nous fasse rire. Dommage, car le sujet du désir à l'heure de la vieillesse était intéressant.

En résumé, les personnages et les scénarios absurdes s’avèrent souvent très loin de la réalité du confinement des Français. Ceux qui attendent une série qui résonne avec leur expérience de cette période risquent donc d’être déçus. Par ailleurs, on aurait pu s'attendre à ce que l’impact psychologique, social ou même physique de la crise soit davantage exploité. À trop chercher le “décalage”, les créateurs de 6 X Confiné.e.s se regardent un peu trop le nombril, quitte à en oublier de parler à leur public.

"6 X Confiné.e.s", mini-série de 6 épisodes à visionner sur la plate-forme My Canal 

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