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Le patron de Mediapro Jaume Roures s'en prend à la LFP et à l'attitude de Canal + après le fiasco de la chaîne Téléfoot

Le président de Mediapro, Jaume Roures, auditionné jeudi à l'Assemblée nationale, a pointé du doigt l'attitude de la Ligue et de la chaîne cryptée pour expliquer le fiasco de Mediapro en France.

Article rédigé par franceinfo: sport - Elias Lemercier
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Jaume Moures, le président espagnole de Mediapro, à Paris le 21 octobre 2020 lors d'une réunion avec la LFP (FRANCK FIFE / AFP)

C'est une affaire dont on n'a pas fini d'entendre parler. Le groupe espagnol Mediapro avait acheté les droits de diffusion télévisée de la Ligue 1 pour un pactole de près de 800 millions d'euros avant de se retirer fin 2020, étant incapable de régler les sommes promises, alors que la Ligue de football professionnel (LFP) avait refusé de renégocier le contrat.

Son président, Jaume Roures, est revenu sur ce fiasco lors de son audition par la mission d'information sur les droits de diffusion audiovisuelle des manifestations sportives, jeudi 16 septembre. Sur la défensive, le dirigeant espagnol a martelé que le refus de la LFP de renégocier les contrats signés avant la crise sanitaire et l'absence d'accord avec Canal + (qui avait récupéré les droits vacants) sont les principales raisons de cet échec.

Un désaccord avec la LFP quant à une possible renégociation des contrats

Devant les parlementaires, Jaume Roures a affirmé que "Mediapro voulait rester, mais c'est la LFP qui n'a pas voulu renégocier". En effet, le groupe espagnol souhaitait revoir le contrat à la baisse en raison de la crise sanitaire qui a frappé la planète et mis à mal le monde du football (arrêt des matchs, pas de public dans le stade...). Roures a souligné que dans les principaux championnats européens, les contrats de droits TV ont parfois été revus à la baisse... sauf en France.

Le groupe espagnol souhaitait une baisse de 200 millions d'euros, un effort qui selon lui n'était pas si important : "Ça équivaut à sept millions d'euros pour chaque club de Ligue 1 et trois millions d'euros pour un club de Ligue 2. Personne ne peut me dire que c'est impossible dans une situation de Covid qu'un club coupe à ce niveau dans son budget", a t il déclaré jeudi avant d'ironiser : "Ça veut dire qu'il y aura des joueurs qui auront une Maserati plutôt qu'une Ferrari. On discute de ça, de rien de plus. Le reste, c'est du bruit !"

Guerre d'égo avec Canal +

Outre la LFP, Jaume Roures a aussi attaqué Canal + dont il a critiqué l'attitude. Il reproche au groupe français d'avoir compliqué la tâche d'une "cohabitation" quand le groupe espagnol tentait de se retirer du contrat : "Notre objectif était que notre chaîne (Téléfoot) soit hébergée par Canal+, pas de lui piquer des abonnés, on savait qu'un accord était possible", qualifiant Maxime Saada, le président du directoire du groupe français, "d'ami." "On n'est pas des ennemis, on est des producteurs de télévision."

Mediapro avait par la suite attaqué Canal+ en justice pour abus de position dominante. Selon le groupe espagnol, la chaîne cryptée a refusé de signer un accord de distribution de sa chaîne Téléfoot pour "tenter de l'évincer du marché des droits TV du foot français." Une position illustrée par l'attitude de Canal après l'affaire Mediapro, plaide Jaume Roures. "Canal a réalisé des pressions insupportables sur la Ligue, avec des offres fantômes. (...) Et le jour où Amazon a remporté l'appel d'offres, Canal s'est comporté comme un enfant mal éduqué."

L'affaire est toujours en cours et Jean-Marc Mickeler, le patron de la DNCG, avait estimé début juin qu'à l'heure actuelle, "personne ne pouvait dire avec certitude si Mediapro a quitté le navire parce que, vraiment, ils n'avaient pas les moyens d'honorer leurs échéances ou si Mediapro a quitté le navire parce qu'ils se sont rendu compte qu'ils avaient surpayé le produit, et que du fait du Covid-19, c'était inabsorbable." 

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