Du déni aux excuses, les multiples réactions d'Hanouna face à la polémique sur son sketch
Le discours de l'animateur de "Touche pas à mon poste" sur C8 a évolué alors que de nombreux annonceurs ont décidé de boycotter son émission.
Le discours de Cyril Hanouna est évolutif. Visé par 25 000 signalements envoyés au CSA, par une possible plainte de l'association Le Refuge et par le retrait de plus de 50 annonceurs de son émission "Touche pas à mon poste", l'animateur vedette de C8, accusé d'homophobie, est passé du déni aux excuses après son sketch polémique, jeudi 18 mai. Il y piégeait en direct de jeunes homosexuels au téléphone à l'aide d'une fausse annonce publiée sur un site de rencontres. Franceinfo passe en revue ses mises au point successives.
"Il n'y aura jamais aucune séquence homophobe dans mes émissions"
Dès vendredi 19 mai, Cyril Hanouna tient à faire une mise au point dans L'Express. Sans pour autant souscrire au caractère jugé homophobe de son canular téléphonique. "Il n'y aura jamais aucune séquence homophobe dans mes émissions ! Bien au contraire", assure-t-il, affirmant être "le plus fervent défenseur du Refuge".
L'association Le Refuge, qui fournit un toit à des jeunes victimes d'homophobie, se dit alors "consternée et particulièrement choquée" par la séquence, qui véhicule "une image dégradante des personnes homosexuelles en les réduisant à une caricature". Les premiers signalements arrivent au CSA.
"Je ne veux pas entendre que je suis homophobe"
Vendredi soir, sur le plateau de "TPMP", Cyril Hanouna persiste et signe : "J'ai été blessé parce qu'on m'a traité d'homophobe, alors que c'est tout ce que je combats dans cette émission. On peut dire que c'est pas drôle ou pas approprié, ou caricatural, mais je ne veux pas entendre que je suis homophobe. La pire chose pour moi, ce serait de dire que 'TPMP' incite à l'homophobie", assure-t-il, avant de donner la parole au téléphone à Joël Deumier, président de SOS Homophobie.
Devant ses chroniqueurs, l'animateur estime par ailleurs que le CSA, qui annonce vendredi soir qu'il a reçu plus de 6 500 signalements, "incite à dénoncer" son émission.
Pendant le week-end, les critiques, émanant notamment de journalistes, réalisateurs et associations LGBT, se font acerbes. Les signalements continuent d'affluer auprès du gendarme de l'audiovisuel.
"J'ai commis une erreur"
Changement de ton dans son émission du lundi 22 mai. Le CSA vient de communiquer le nombre de plaintes reçues par ses services : plus de 20 000, un record absolu pour un seul programme. Face à l'ampleur de la polémique, Cyril Hanouna reconnaît avoir "déconné". "On a commis une erreur, j'ai commis une erreur, et si cette erreur peut permettre de faire avancer le combat et au contraire de défendre des causes comme ça... Si on peut faire avancer les choses, on le fera", assure-t-il devant ses chroniqueurs. Il critique toutefois "l'acharnement médiatique" dont il s'estime victime.
Après l'intervention d'un représentant de l'association Stop Homophobie, évoquant la situation des personnes LGBT en Tchétchénie, l'animateur promet qu'il ne fera plus de blagues visant les personnes homosexuelles : "Tant qu'il se passe des choses graves dans le monde comme ça, il faut arrêter les blagues homosexuelles (sic)".
Quelques annonceurs font part de leur volonté de ne plus diffuser leurs spots de publicité pendant la durée de l'émission. C'est notamment le cas de Décathlon, Flunch, PSA... Ils sont rejoints dans la journée de mardi par d'autres marques, comme Guerlain, PMU, SFR ou encore Carrefour.
"Je présente encore une fois toutes mes excuses"
Finalement, l'animateur se fend d'une tribune publiée sur le site de Libération, mardi 23 mai. "Si ce canular n'a pas fait rire chacun avec tous et au contraire est apparu comme pouvant accentuer l'homophobie, alors c'est qu'au final, ce sketch n'avait pas lieu d'être", écrit- il, en présentant "encore une fois toutes [ses] excuses et, en premier lieu, à toutes celles et ceux qui ont été blessés, peinés ou choqués".
"Aujourd'hui, en France, des homosexuels souffrent encore trop du rejet. Ce sketch est allé trop loin. Je n'ai jamais voulu les stigmatiser d'aucune manière", poursuit Cyril Hanouna, qui a décidé de se "rapprocher des associations, pour que ces derniers jours nous servent à toutes et tous pour avancer".
Le même jour, le CSA, qui enregistre désormais plus de 25 000 signalements, ouvre une procédure de sanction à l'encontre de la chaîne.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.