Cet article date de plus de neuf ans.

L'article à lire pour comprendre la nomination du nouveau président de France Télévisions

A partir de mercredi, le CSA a un mois pour révéler le nom du ou de la futur(e) président(e) de France Télévisions. Quels sont les enjeux ? Comment marche cette désignation ? La réponse en neuf questions.

Article rédigé par Ariane Nicolas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Le président de France Télévisions, Rémy Pflimlin, lors de la présentation de saison 2013-2014, le 27 août 2013, à Paris. (MIGUEL MEDINA / AFP)

Changera, changera pas ? A partir du mercredi 22 avril, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a un mois pour nommer le successeur de Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions. La personne désignée prendra ses fonctions à partir de la mi-août.

Un choix qui intervient en pleine crise sociale à la fois à Radio France et à France Télévisions, toutes deux confrontés à la baisse des dotations publiques et des recettes publicitaires. Quels sont les enjeux ? Qui sont les rivaux de Rémy Pflimlin, candidat à sa succession ? Comment marche cette désignation ? La réponse en neuf questions.

France Télévisions, c'est quoi ?

"France Télé", pour les intimes, est une entreprise audiovisuelle publique, un peu comme Radio France. Elle regroupe cinq chaînes (France 2, France 3, France 4, France 5 et France Ô), ainsi que La 1ère, un réseau dédié à l'outremer, et quatre rédactions numériques (francetv info, francetv sport, Culturebox et Geopolis). Près de 10 000 salariés travaillent à France Télé.

L'actuel président est Rémy Pflimlin. Agé de 61 ans, il arrive au terme de son premier mandat, entamé il y a cinq ans. Avant d'être nommé à la tête de France Télévisions sur recommandation de Nicolas Sarkozy, en 2010, Rémy Pflimlin avait dirigé France 3 (1999-2005) et Presstalis, société chargée de diffuser la presse écrite (2006-2010).

Pourquoi le changement de patron est censé m'intéresser ? (perso, je préfère TF1 !)

Vous avez le droit de préférer les chaînes commerciales (snif !), mais en tant que citoyen français, la désignation de Rémy Pflimlin vous concerne de près. Si vous payez des impôts, il y a de fortes chances pour que vous vous acquittiez de la redevance télé : 136 euros par an. En 2012, 66% de cette contribution étaient reversés à France Télévisions, selon le CSA. Savoir qui sera désigné président, à partir du 22 avril, c'est donc savoir qui fera bon usage des 2,8 milliards d'euros de budget annuel, récoltés grâce à vous d'une part, et grâce aux recettes publicitaires de l'autre.

Qui se charge de nommer le nouveau big boss ?

Les règles du jeu ont changé depuis la dernière fois. Comme l'a promis François Hollande en 2012, le nouveau patron de France Télé ne sera pas nommé par l'exécutif, mais par le CSA. "Le président est nommé pour cinq ans, à la majorité des membres du Conseil, et sa nomination doit faire l'objet d'une décision motivée se fondant sur des critères de compétence et d'expérience", indique le CSA.

Le CSA est composé de huit membres : les hauts fonctionnaires Olivier Schrameck (président de l'institution) et Francine Mariani-Ducray ; le sénateur Nicolas About ; les journalistes Mémona Hintermann-Afféjee, Sylvie Pierre-Brossolette et Patrice Gélinet ; les universitaires Nicolas Curien et Nathalie Sonnac.

Qui veut prendre sa place ?

Début avril, le CSA a révélé que 33 candidats avaient postulé : dix l'ont fait publiquement, et 23 l'ont fait "en secret", comme l'autorise la procédure. Les dix candidats officiels étaient Rémy Pflimlin, Marie-Christine Saragosse (présidente de France Médias Monde), Nathalie Collin (ex-dirigeante du Nouvel Observateur et de Libération), Christophe Beaux (PDG de la Monnaie de Paris), Alexandre Michelin (DG Europe de Microsoft MSN), Didier Quillot (ex-patron de Lagardère Active et d'Orange France), Serge Cimino (délégué SNJ de France Télévisions), Nacer Kettane (président du réseau Beur FM), Cyril Hanouna (animateur) et Matthieu Bellinghen (journaliste à France 3 Basse-Normandie).

Une première sélection a été faite en avril, sans audition. Sept personnes sont encore en lice, selon Le Point.fr : Rémy Pflimlin, Nathalie Collin et Christophe Beaux, déjà cités ; le développeur Robin Leproux ; Delphine Ernotte-Cunci, directrice exécutive de l'opérateur Orange ; Pascal Josèphe, ancien directeur adjoint d'Antenne 2 et FR3 ; l'ingénieur Cyrille du Peloux.

C'est normal qu'on ait si peu d'informations
sur les prétendants ?

Le système de liste en partie secrète au premier tour a été critiquée par l'UMP et des acteurs du secteurs. "Le public a le droit de savoir comment on nomme" le président de France Télévisions, a par exemple souligné Rachid Arhab, un ancien du CSA (et de France Télé). Un étonnement partagé par Didier Quillot, éliminé au premier tour, qui assure à Libération que cette désignation est "un concours de beauté, et non de projet".
 
Le choix du CSA d'auditionner à huis clos les candidats au second tour ne fait pas non plus l'unanimité. Des journalistes de France2 et France 3 ont publié une tribune dans Le Monde, mardi 21 avril, pour dénoncer "le règne de l'opacité" au sein de l'entreprise. Le CSA assure de son côté que cette discrétion "est une obligation juridique", citant une décision du Conseil constitutionnel du 27 juillet 2000.

Quels sont les gros chantiers à venir pour les gens
qui travaillent à France Télé ?

Le prochain patron ou la prochaine patronne devra faire mieux avec un budget moindre, dans un contexte social déjà tendu. Le gouvernement a dressé une feuille de route pour le poste : choisir des programmes plus audacieux, attirer le jeune public, promouvoir la culture, développer le numérique et réformer France 3.

Rémy Pflimlin et son directeur de l'information, Thierry Thuillier, ont mené en grande partie la fusion des rédactions nationales de France 2 et France 3, une réforme prévue depuis des années, assortie d'une réorganisation des horaires de travail. Lundi 20 avril, la CGT a publié une lettre ouverte aux candidats à la présidence de France Télévisions, rappelant son opposition à cette fusion des rédactions, qui se ferait selon elle au détriment de France 3.

Qui a ses chances ? Allez... des noms ! ;-)

Bien tenté :-) Mais le CSA est le seul habilité à se prononcer. On connaît seulement le jugement porté sur le bilan de Rémy Pflimlin. En décembre, le CSA avait publié un rapport assez critique sur sa présidence. Il lui reprochait notamment "certains objectifs pas entièrement atteints". Toutefois, ce rapport avait adouci un précédent texte, très sévère à l'égard du président sortant. Le mystère reste donc entier.

J'ai eu la flemme de lire, vous me faites un résumé ?

A partir de mercredi 22 avril, le CSA a un mois pour révéler le nom du successeur de Rémy Pflimlin, qui a présidé France Télévisions pendant cinq ans. Selon Le Point, il reste sept candidats en lice, dont Rémy Pfimlin lui-même. On ne connaît pas leurs programmes, ce que regrettent de nombreuses personnes. Avec un budget réduit et des contraintes supplémentaires, le (ou la) futur(e) président(e) devra moderniser l'entreprise publique tout en restant à l'écoute de ses collaborateurs, qui redoutent une fusion complète des rédactions entre France 2 et France 3.

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