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Pourquoi "Plus belle la vie" a rendu accro les téléspectateurs

C'est devenu un rituel pour plus de cinq millions de Français : depuis dix ans déjà, les habitants du Mistral rythment les débuts de soirée de France 3. La série connaît un succès populaire inédit en France. Explications.

Article rédigé par Mathieu Dehlinger
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Sur le tournage de "Plus belle la vie" à Marseille (Bouches-du-Rhône), le 1er octobre 2008. (MAXPPP)

A l'heure où d'autres chaînes évoquent l'actualité de la France et du monde, ils sont chaque soir plus de cinq millions de téléspectateurs à se passionner pour les aventures du Mistral, un quartier fictif de Marseille (Bouches-du-Rhône). Dix ans déjà que Plus belle la vie, alias PBLV pour les fans, rythme les débuts de soirée de France 3.

Diffusée pour la première fois le 30 août 2004, le feuilleton est devenu, après des débuts difficiles, un succès populaire. Alors que la chaîne se prépare à célébrer cet anniversaire avec un prime time événement, francetv info se penche sur les raisons du succès de la série, une histoire à part dans le paysage audiovisuel français.

Parce que les personnages sont attachants

Les téléspectateurs ont appris à les connaître au fil des années. Il y a le bourru et sympathique Roland Marci, patron de l'emblématique bar du Mistral, la catholique et conservatrice Mirta Torres, son petit-fils, le jeune fêtard Rudy, l'impulsif et violent Charles Frémont ou encore le couple homosexuel formé par Thomas Marci et Gabriel Riva.

Une galerie de personnages hauts en couleur, à laquelle chacun peut s'identifier. "Le fait que tous les âges et tous les milieux sociaux soient représentés entre en jeu, explique l'historien Jean-Yves Le Naour, auteur d'un ouvrage sur le feuilleton, à L'Express. Tout le monde peut regarder et se reconnaître dans un des personnages de la série."

Car le mot-clé de Plus belle la vie, c'est la "proximité", assure à francetv info Vincent Meslet, ancien directeur des programmes de France 3, qui a suivi les débuts de la série : "Il fallait que le public s'attache aux personnages." "La popularité de cette série, c'est l'humain, confirme à l'AFP Franck Sémonin, comédien dans la série jusqu'en avril 2013. Si vous regardez PBLV trois semaines, vous êtes sûr qu'il y a une histoire qui vous concerne."

Parce que les personnages vivent au rythme du public

Pour faire face aux exigences d'une diffusion quotidienne, les équipes de Plus belle la vie ont dû mettre en place un "vrai projet industriel", selon les termes du PDG de France Télévisions, Rémy Pflimlin. Tourné en un jour, un épisode est diffusé six semaines plus tard, ce qui permet à la série de coller au plus près au quotidien des téléspectateurs.

Au lendemain de l'élection de François Hollande, en mai 2012, les personnages de Plus belle la vie commentaient déjà, au comptoir du bar Le Mistral, la victoire du socialiste. "Dès le début, on a voulu suivre l'actualité, affirme Vincent Meslet. L'idée, c'est de donner l'impression que les personnages vivent en parallèle avec les téléspectateurs." Rentrée scolaire, vacances ou encore fêtes de fin d'année... La vie de Roland, Mirta, Rudi et des autres évolue donc au même rythme que celle des Français.

Parce que la série raconte la société française

"Notre but, c'est de raconter la France, de parler du pays", explique Olivier Szulzynger, directeur de collection pour Plus belle la vie, face aux caméras de France 3. Le feuilleton a donc fait le choix d'épouser les thématiques et les débats qui agitent la société française. En mai 2013, la série célébrait par exemple son premier mariage homosexuel, quelques jours seulement après le vote de la loi Taubira. Aujourd'hui, le couple formé par Thomas et Gabriel est en passe d'adopter des enfants.

Plus belle la vie n'hésite pas à aborder d'autres phénomènes de société, comme la consommation de drogue, quitte à s'attirer parfois les foudres du CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel), rappelle France Bleu. Déjà, en 2011, un personnage s'injectait de l'héroïne en sortant d'une cure de désintoxication, note la radio. Plus récemment, les téléspectateurs ont pu voir Thomas prodiguer à Mirta une leçon sur l'usage du cannabis, une scène abondamment commentée sur les réseaux sociaux.

Pour pimenter le tout, le feuilleton compte son lot de romances, de trahisons et de morts violentes, car la vie dans le quartier du Mistral est loin d'être un long fleuve tranquille. "Il se passe toujours un événement qui met à rude épreuve la solidarité du quartier, décrypte Vincent Meslet. Et, même si je caricature un peu, la solidarité l'emporte à chaque fois. Le feuilleton défend le lien social." La morale est sauve.

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