République tchèque : l'occupation nazie théâtre d'une émission de téléréalité
Dans "Vacances dans le Protectorat", trois générations d'une famille vont reconstituer la vie en Bohême-Moravie, annexée par le régime nazi en 1939.
Téléréalité et histoire font-ils bon ménage ? En République tchèque, une chaîne de télévision s'apprête à plonger des candidats dans l'occupation nazie. Nommé "Dovolena v Protektorat" ("Vacances dans le Protectorat"), ce programme reconstitue le quotidien de trois générations d'une même famille en Bohême-Moravie, annexée par le régime nazi en 1939. La famille en question a été retenue parmi 200 candidatures, après un sévère casting.
Des indics de la Gestapo joués par des comédiens
Huit épisodes sont prévus, longs chacun d'une heure, et diffusés à partir du samedi 23 mai. Habillés comme à l'époque, les participants ont vécu pendant deux mois dans une ferme, où ils ont accompli des tâches classiques – comme la collecte de lait ou la culture – et des missions liées au contexte historique – comme la fabrique de rideaux occultants ou la fortification d'un abri souterrain anti-aérien, précise ABC News (en anglais).
Au fil du programme, des soldats allemands et des informateurs de la Gestapo feront leur apparition, interprétés par des comédiens professionnels. Les participants seront soumis au rationnement et à la peur. Pour le moment, la production diffuse simplement quelques extraits vidéo, dans lesquels la famille déjeune tranquillement à table, dans une salle rustique et couverte de tableaux de cerfs.
Un programme controversé
"J'ai été horrifiée par les récits de cette période par mes grands-parents maternels qui vivaient dans un petit village de Bohême, explique la directrice du programme, Zora Cejnkova, interrogée par ABC. Deux historiens, deux psychologues et un architecte ont été sollicités pour les besoins de l'émission. Des enfants participent à ce jeu, selon les images disponibles sur le site de l'émission.
"Quand nous avons débuté ce projet, nous savions qu'il susciterait des discussions sur les limites du genre", poursuit Zora Cejnkova, interrogée par l'agence CTK. "J'ai essayé de montrer cette période avec le plus grand respect pour son caractère tragique." Mais cette note d'intention n'éteint pas toutes les critiques. Quelque 82 309 juifs du Protectorat ont été déportés dans des camps ou tués par des collaborateurs tchèques, rappelle le Times of Israel (en anglais). Certains internautes cités par The Telegraph (en anglais) font part de leur indignation : "C'est quoi la suite ? Big Brother Auschwitz ?"
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