Téléréalité des politiques : pourquoi certains ont accepté et d'autres ont refusé
La chaîne D8 diffusera bientôt une émission dans laquelle des personnalités politiques, déguisées pour ne pas être reconnues, se fondent dans la société civile.
C'est une émission qui suscite le débat au sein de la classe politique. De gauche comme de droite, plusieurs élus apparaîtront bientôt dans un programme de la chaîne D8, dont le but est de fondre ces hommes et femmes politiques dans la société civile, en les déguisant pour qu'ils ne soient pas reconnus. Un concept qui n'est pas au goût de tout le monde.
Pourquoi ils ont (ou auraient) accepté
Thierry Mariani assume. "Quoi qu'on fasse, on en prend plein la figure, alors autant défendre ses convictions et prendre des risques", justifie le député UMP et ancien ministre, qui a accepté de jouer le jeu en s'installant pendant une journée dans un fauteuil roulant. Dans Le Parisien, il assure que l'exercice lui a été utile : "Pour les handicapés, la vie de tous les jours est un véritable parcours du combattant. Les ascenseurs en panne, les barrières métalliques, le manque d'information : quand je marche dans la rue, désormais, je fais plus attention au moindre détail."
L'ancien président de l'Assemblée nationale, l'UMP Bernard Accoyer, a de son côté revêtu la tenue d'un médecin urgentiste dans un hôpital francilien. Lui aussi explique au Parisien que l'expérience lui a servi : "On comprend mieux pourquoi les services d'urgences sont engorgés. On y soigne des cas graves mais aussi de tout petits bobos. Il y a un problème d'aiguillage sur lequel on doit vraiment se pencher de manière plus efficace."
La sénatrice socialiste Samia Ghali, elle aussi, assume son choix de participer à cette émission. Elue des quartiers nord de Marseille, elle a endossé le rôle d'une femme faisant la tournée des agences immobilières et ayant des difficultés à trouver un logement. "C'est troublant de vivre cela soi-même, dit-elle dans Le Parisien. J'espère pouvoir sensibiliser les téléspectateurs aux problèmes du logement pour les plus précaires."
Président PS du conseil général de l'Essonne, l'ex-député Jérôme Guedj estime que ce genre d'émission n'a "rien de choquant". "Les élus sont de fait sur le terrain, mais c'est autre chose de recevoir des témoignages dans sa permanence que de ressentir quelque chose. Si la force de la télévision permet de souligner des problèmes concrets (discrimination au logement, accessibilité pour les personnes handicapées…), alors tant mieux", écrit-il sur son compte Twitter.
Pourquoi ils ont (ou auraient) refusé
François Fillon, lui, n'est absolument pas de cet avis. "J'ai toujours refusé de participer à des émissions qui ne sont pas de vraies émissions politiques, c'est-à-dire des émissions où on mélange l'amusement et la politique", explique l'ancien Premier ministre, interrogé sur Europe 1. Et de voir dans ce concept d'émission "une perversion du débat politique".
L'ex-ministre UMP Michèle Alliot-Marie, elle, semble avoir hésité. Après avoir accepté d'être maquillée et d'enfiler une perruque, celle qui devait devenir gardienne de la paix pendant vingt-quatre heures a finalement décliné la proposition, refusant de "participer à quelque chose qui relève de la téléréalité".
Un avis partagé par l'ancienne ministre Cécile Duflot. "Je ne dois pas être une vraie responsable politique, parce que moi, je n'ai pas besoin de me déguiser pour aller au Super U, pour amener mes enfants à l'école et pour vivre normalement, raille la députée écologiste sur France Info. On est dans un désaxage complet de ceux et celles qui considèrent que le fait d'être un responsable politique conduit à être déconnecté de la vie réelle."
Le président du groupe UMP à l'Assemblée, Christian Jacob, est du même avis. Déplorant un "mélange des genres", l'élu de Seine-et-Marne assure avoir été sollicité pour faire la première émission, mais dit ne pas avoir voulu y participer. "J'ai refusé, et je n'en ferai aucune, parce que je ne suis pas très à l'aise sur ce type d'émissions et de mélange des genres", justifie-t-il.
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