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Vidéos Robots-animaux, pièges photographiques et drones : bienvenue dans les coulisses de "Planète animale"

Article rédigé par Carole Bélingard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
Une colonie de manchots à jugulaire photographiée sur l'île volcanique de Zavodovski en Antarctique, le 16 janvier 2015. (BBC)

Tiré de la série évènement de la BCC "Planet Earth", le documentaire "Planète animale" est diffusé sur France 2 mardi 14 février à 20h55. 

Le suspense est insoutenable. L'œuf d'un iguane vient d'éclore sur une plage des îles Galapagos, au large de l'Equateur. Le bébé reptile émerge. Soudain, il fait face à un serpent, puis est encerclé par trois, puis cinq, au final par vingt serpents. Cet extrait de la série documentaire animalière Planet Earth II de la BBC, posté le 8 novembre 2016, a été vu près de 9 millions de fois. "C’est une scène à la 'Indiana Jones'", s'exclame Mike Gunton, l'un des deux producteurs du documentaire événement qui arrive sur France 2. Planète animale sera diffusé mardi 14 février, à 20h55.

Le documentaire de 90 minutes compile les meilleures séquences des six épisodes de 60 minutes diffusés outre-Manche. Planet Earth II est en fait la suite d'un premier volet, sorti il y a dix ans au cinéma et à la télévision, et qui a été vu par plus de 500 millions de personnes dans le monde. 

Franceinfo vous fait découvrir les coulisses des tournages. 

"Des évolutions technologiques extraordinaires"

Il aura fallu trois années aux équipes de tournage, composées de 89 personnes, pour filmer une incroyable diversité d'espèces et de paysages. Elles ont parcouru quarante pays à travers le monde : des îles aux montagnes, en passant par les déserts, la campagne, les jungles et même les zones urbaines. Pour cette nouvelle série documentaire, les producteurs ont voulu s'immerger dans la vie des animaux et adopter leurs points de vue. "Si vous voulez une réaction émotionnelle de la part des téléspectateurs, il faut leur montrer les choses du point de vue de l’animal, leur faire ressentir qu’ils sont tout près de l’action. Ce type d’approche est utilisé au théâtre et au cinéma depuis des années. Nous nous sommes donc contentés de les transposer dans la nature", détaille Tom Hugh-Jones, également producteur de Planet Earth II. 

Pour en arriver là, les producteurs se sont appuyés sur une technologie ultra-sophistiquée et surtout révolutionnée depuis le tournage de Planet Earth il y a une dizaine d'années. "Les évolutions technologiques extraordinaires, qu'il s'agisse des drones, de la miniaturisation, du stabilisateur d'images gyroscopique, des caméras télécommandées, nous avons pu les réunir dans cette série unique afin de lever le voile sur les secrets de la nature", développe Mike Gunton, sur le site de la BBC (en anglais).

Les léopards des neiges filmés dans l'Himalaya sont un exemple concret de ces évolutions technologiques. Il y a dix ans, il aurait été impossible de les filmer de cette manière. Mike Gunton détaille le procédé : "nous avons placé des pièges photographiques à des points stratégiques auxquels les cameramen n’avaient habituellement pas accès. En un sens, ce sont les animaux qui actionnent les caméras. Quand ils passent devant, la caméra se déclenche et commence à tourner. Le léopard des neiges a été filmé à l’aide d’un téléobjectif à environ un kilomètre de distance. Puis, nous sommes retournés sur ce site de tournage et avons surveillé les lieux avec plusieurs douzaines de pièges photographiques. La caméra se trouvait cette fois à un mètre de l’animal. Nous n’aurions jamais pu faire ça avant, car les animaux ne se seraient jamais approchés aussi près d’un être humain." 

Histoire de s'immerger un peu plus dans les coulisses de ce tournage hors norme, voici une vidéo tournée à 360° et mise à disposition par la BBC.

Autre vidéo à 360°. Celle-ci a été tournée sur les îles Galapagos.

Des robots pour espionner les animaux

Une autre prouesse technologique a permis aux équipes de Planet Earth II d'approcher les animaux, comme jamais cela n'avait pu être fait : des robots déguisés en animaux. Les producteurs ont travaillé avec le laboratoire Biorobotics de l'école polytechnique de Lausanne (Suisse), explique Treehugger (en anglais). Leur intérêt s'est particulièrement porté sur une salamandre créée en 2013 par le laboratoire. Des caméras ont été installées au niveau des yeux. Ces robots-animaux sont d'ailleurs au cœur d'une autre série documentaire de la BBC, Spy In The Wild, diffusée en janvier.

Ces robots-animaux sont télécommandés. Des moteurs ont été installés au niveau des articulations, les os artificiels ont été réalisés à partir de fibre de carbone. La peau est en latex imperméable, pour leur permettre de se mouiller. Enfin, un mini-ordinateur placé à l'intérieur de l'animal coordonne les mouvements. Il est possible de contrôler ces animaux à une distance de 500 mètres.

Si l'expérience a permis aux réalisateurs de capturer des moments inédits, elle a aussi été d'une grande aide aux chercheurs de l'école polytechnique. Cela leur a permis de tester la résistance et les limites de leurs créations ; notamment quand ils ont été immergés dans l'ambiance humide, boueuse et chaude du parc naturel de Murchison Falls, en Ouganda.

Sur la trace des dragons de Komodo

Pour la partie "îles" du documentaire, les équipes de tournage se sont rendues sur l'île de Komodo, en Indonésie, qui abrite les plus grands reptiles terrestres du monde, les dragons de Komodo. L'idée était de filmer des combats entre mâles lors de la période d'accouplement. Pour obtenir la séquence parfaite, il a fallu faire preuve de patience et d'opiniâtreté. "Cela demande environ trois semaines et demie de pur dévouement", raconte à Motherboard (en anglais) le cameraman Mark McEwen. Les scientifiques, qui connaissent chaque dragon de Komodo par son nom, ont eu un rôle crucial. "Sans ces experts incroyables, tout cela n'aura pas été possible. Déjà, essayer de différencier un mâle d'une femelle pour un œil sans formation, c'est incroyablement difficile", poursuit Mark McEwen.

Du lever au coucher du soleil, les équipes ont attendu de capturer ce fameux combat. Il faut imaginer, près de 14 heures par jour d'attente, dans une chaleur écrasante, jusqu'à 40 °C. Car même si deux mâles se croisent, il n'y a pas forcément de bagarre, explique Motherboard. Les plus jeunes, par exemple, connaissent leurs limites et vont bien se garder d'aller énerver leurs aînés. Heureusement, Mark McEwen et ses comparses pouvaient parfois regagner leurs logements sur l'île pour échapper à la fournaise. Un jour de tournage, Mark McEwen décide justement de rentrer pour se rafraîchir. Il ouvre la porte de la salle de bains et se retrouve nez à nez avec un dragon de Komodo. Il a fallu trouver de la viande rouge pour appâter l'animal et le faire sortir, comme le montre cette vidéo, postée par la BBC et devenue virale.

Six gardes forestiers sont également venus à sa rescousse afin de s'assurer que la dragon de Komodo s'était réellement éloigné. "Les dragons de Komodo sont des prédateurs d'embuscade, il est facile de se laisser bercer par un faux sentiment de sécurité. Mais soudainement, l'un d'eux se déplace de manière explosive, et sort ses grosses griffes. C'est le prédateur ultime, c'est une créature absolument étonnante", témoigne Mark McEwen.

"Le tournage le plus effrayant"

Autre expérience mémorable pour les équipes de tournage. Direction le Subantarctique et l'île Zavodovski. L'île n'est peuplée par aucun être humain. En revanche, on trouve sur cette petite île volcanique la plus grande colonie de manchots à jugulaire. L'objectif de la séquence était ici de filmer la survie de ces oiseaux, qui élèvent leurs petits dans un environnement particulièrement hostile. Imaginez : les vagues de 12 mètres viennent se fracasser sur des falaises abruptes. Pour ramener l'alimentation, les manchots n'ont pas d'autre choix que de plonger dans l'océan du haut des falaises.

"Ce voyage a pris plus d'un an de préparation. Nous devions être entièrement autosuffisants car il n'y a personne là-bas pour vous sauver si tout se passe mal. C'était le tournage le plus excitant et absolument le plus effrayant", raconte à BBC America (en anglais) Elizabeth White, qui a réalisé la séquence.

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