: Vidéo “L'île Rouge” : dans les yeux du réalisateur Robin Campillo
“C’est deux ans, c'est un peu toute mon enfance”. Alors que son père était militaire dans l’armée de l’air, Robin Campillo quitte l’Algérie pour vivre à Madagascar, de 1969 à 1971, sur la base militaire 181 d’Ivato. À cette époque, le pays est indépendant depuis 1960, suite aux émeutes et aux rébellions de 1947, “qui avait mené à une immense violence de la part de la France, avec des massacres très importants“. Une liberté que le réalisateur qualifie “d’illusion” et de “fausse indépendance”. “Cette indépendance n'était, en fait, qu'une illusion, la France restait comme présente, une présence spectrale, mais très, très influente”, explique Robin Campillo. Une fausse indépendance qui vole en éclats en 1972 : “Les étudiants et les lycéens ont soutenu toutes les rébellions qu'il y a eu dans le sud de l'île un an auparavant, c'est-à-dire en 1971”.
“On était un peu des pions dans la stratégie française”
Très vite, Robin Campillo est nostalgique de Madagascar. “Je sentais que quelque chose nous échappait, que cette nostalgie n'était pas la nôtre et qu’on était un peu des pions dans la stratégie française. J'avais senti très tôt qu'on n'était pas à notre place et cette nostalgie s'est doublée d'une espèce de sentiment où j'avais l'impression que ces souvenirs ne m'appartenaient pas”.
Durant de nombreuses années, Robin Campillo ne revient pas dans ce pays. “On me demandait pourquoi je n’y retournais pas. Encore une fois, j'avais l'impression que c'était un pays avec des souvenirs qu'on avait volés et même si j'étais enfant, je ne pensais pas au colonialisme, à toutes ces choses-là, mais je sentais qu'effectivement, il y avait quelque chose d'un peu factice dans ce qu'on avait vécu. Je sentais qu'on n'était pas à notre place complètement et qu'on profitait un peu de ce pays, que le paradis perdu était plus un paradis volé qu'un paradis perdu”. Son film, L’île Rouge est dans les salles françaises depuis le 31 mai.
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