Vidéo Pourquoi a-t-on autant de mal à dire "je t'aime" ?

Publié
Temps de lecture : 2min - vidéo : 8min
Pourquoi a-t-on autant de mal à dire "je t'aime" ? On a posé la question à la philosophe Laurence Devillairs.
VIDEO. Pourquoi a-t-on autant de mal à dire "je t'aime" ? Pourquoi a-t-on autant de mal à dire "je t'aime" ? On a posé la question à la philosophe Laurence Devillairs. (Brut.)
Article rédigé par Brut.
France Télévisions
Pourquoi a-t-on autant de mal à dire "je t'aime" ? On a posé la question à la philosophe Laurence Devillairs.

Selon Laurence Devillairs, philosophe, nous avons du mal à dire "je t'aime" pour deux raisons principales. La première, explique-t-elle, est "la peur". "Quand je dis 'je t'aime', il y a à la fois la peur de l'avenir, donc de l'engagement, et la peur de ce don absolument gratuit qui est contenu dans le fait de dire 'je t'aime'."

En prononçant ces mots, nous faisons une promesse d'aimer pour toujours, ce qui suscite une forme d'appréhension. De plus, dire "je t'aime" implique de s'exposer et de se mettre à nu en faisant "le plus énorme des cadeaux"

L'ambiguïté du "je t'aime" et la réciprocité attendue

L'autre raison pour laquelle nous hésitons à dire "je t'aime", selon la philosophe, est l'ambiguïté de cette déclaration. "Quand on dit 'je t'aime', qu'est-ce qu'on dit exactement ?" se demande-t-elle. À qui s'adresse ce "tu" ? Que signifie réellement le "je" qui prononce ces mots ?

Y a-t-il une attente de réciprocité implicite ? "On est immédiatement tenté de dire : et toi ?" alors que le "je t'aime" devrait être une déclaration pure, sans condition ni demande de contrepartie. Sinon, ce n'est plus une déclaration d'amour mais "un troc, du commerce, de l'échange".

La sincérité du "je t'aime" et l'incompréhensible fin de l'amour

Laurence Devillairs estime qu'il est très difficile de mentir lorsqu'on dit "je t'aime". "Au moment où on le dit, on le croit." Cependant, la fin de l'amour reste un mystère insondable. "Quand quelqu'un vous a dit cela, ce 'je t'aime' qui n'a aucun équivalent et qui va vous retirer son amour, c'est incompréhensible."

La philosophe admet ne pas comprendre "comment on a pu me dire 'je t'aime', et donc m'aimer, et qu'on ne m'aimera plus". C'est une tragédie de devoir "faire le deuil de moi-même ayant été aimée". L'équivalent du "je t'aime" lors d'une rupture serait de dire "je ne t'aime plus", mais Laurence Devillairs trouve cette déclaration "vachement plus dur" à prononcer.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.