Vincent van Gogh, rêves de Japon - Hiroshige, l'art du voyage
Découvrez l'exposition à travers une visite virtuelle :
Vincent van Gogh, rêves de Japon
Tout a été dit sur la fragilité
psychologique de Van Gogh, sur ses troubles bipolaires, sa schizophrénie et sur
ses crises de délire accompagnées d'hallucinations, ainsi que sur leurs
conséquences directes sur son œuvre et sa manière de voir le monde. Mais il est
légitime de se demander si l'analyse de ses troubles graves, mise en relation
avec l'analyse de ses œuvres n'a pas finalement fait oublier l'essentiel.
VINCENT VAN GOGH, Le Semeur, c. 17-28 juin 1888, huile sur toile, 64,2 x 80,3 cm. Signée en bas à gauche : Vincent. Kröller-Müller Museum, Otterlo © Collection Kröller-Müller Museum, Otterlo, The Netherlands.
Une approche plus traditionnelle de
son œuvre permet de constater avant tout que ses références vont se tourner
vers un art qui est le contraire de celui qu'il a produit : celui de Hiroshige.
Un art dont toute la philosophie repose sur la solidité, la composition, la
sérénité, le voyage et la paix intérieure.
Cette rencontre des opposés est
étonnante mais rendue possible aujourd'hui grâce à l'exposition simultanée de
l'art de Van Gogh et de celui de Hiroshige à la
Pinacothèque de Paris.
Jamais une étude aussi poussée des références de Van Gogh n'avait été faite et
jamais une confrontation aussi audacieuse n'avait été tentée. Elle permet de se
rendre compte que les références de Van Gogh au japonisme en général et à
Hiroshige en particulier ne sont pas seulement réduites à quelques œuvres
phares, copies évidentes du maître d'Edo (ancien nom de Tokyo jusqu'en 1868),
mais que la majorité de ses paysages à partir de 1887 sont construits autour
d'un système référentiel au centre duquel se retrouve, presque
systématiquement, l'œuvre de Hiroshige.
VINCENT VAN GOGH, Pont basculant à Nieuw-Amsterdam, Automne 1883, aquarelle sur papier, 40,3 x 82,2 cm. Collection Groninger Museum, Groningen © Collection Groninger Museum, Groningen / photograph, John Stoel.
En montrant une quarantaine d'œuvres
et principalement des paysages, l'exposition – qui est aussi la première
consacrée uniquement à l'artiste hollandais depuis des décennies à Paris – est
une démonstration claire de l'importance du japonisme dans l'art impressionniste.
Hiroshige, l'art du voyage
Tout le monde en France est persuadé
que l'artiste japonais le plus célèbre est Hokusai. C'est une erreur qui amuse
beaucoup au Japon. En effet, le Léonard de Vinci japonais n'est pas le maître de
La Vague mais un autre qui n'a encore jamais eu l'honneur des musées en
France : Utagawa Hiroshige .
Pourtant au temps des impressionnistes, Hiroshige est de loin l'artiste qui a
le plus fasciné l'ensemble du groupe des jeunes contestataires des Salons.
Depuis, et malgré sa notoriété unique
au Japon et dans le monde, la France semble l'avoir ignoré, oublié ou négligé.
L'exposition que la Pinacothèque de Paris présente aujourd'hui est avant tout
une réparation de cet oubli majeur de la muséographie française puisqu'il n'y a
jamais eu d'exposition du Maître d'Edo. C'est également l'occasion d'une mise en perspective
unique, puisque l'œuvre de Hiroshige a été la principale référence de Van Gogh.
C'est lui qui, de loin, l'inspira le plus, au point que toutes les scènes et
tous les paysages peints par Van Gogh à partir de 1887 sont comme des
références directes ou indirectes à l'art d'Hiroshige.
L'exposition Hiroshige est d'ailleurs présentée
concomitamment à l'exposition Van Gogh , comme en étant la " seconde partie ". Ceci
pour permettre aussi de rendre tangible les confrontations entre les deux
artistes et surtout pour pénétrer, comme Van Gogh le fit en son temps dans la
galerie de Siegfried Bing, dans l'univers exceptionnel de Hiroshige.
UTAGAWA HIROSHIGE, Paysannes ramenant la récolte de coton, Série des Soixante-neuf étapes du Kisokaidō, 1838-1842,, nishiki-e (estampe à partir d'une gravure colorée) : papier, encres, pigments. dim. max. 25 x 35,5 cm. Museum Volkenkunde, Leiden/Musée national d'Ethnologie, Leyde, inv. 2751-65 © Museum Volkenkunde, Leiden/Musée national d'Ethnologie, Leyde.
Cet univers est avant tout celui du
voyage. Au-delà des vues aujourd'hui classiques d'Edo, le Tokyo d'avant 1868,
Hiroshige va nous entraîner dans deux voyages mythiques, en nous faisant
emprunter les deux routes qui relient Edo à Kyoto. Il y a la route du sud dite
Tōkaidō et la route du nord dite Kisokaidō. En s'arrêtant dans chacun des
villages de ces deux routes, une cinquantaine par trajet, les œuvres de
Hiroshige nous font pénétrer dans ce Japon imaginaire et ancestral, ce monde
rêvé. Mais c'est avant tout un voyage intérieur auquel nous invite Hiroshige, un
voyage de méditation.
UTAGAWA HIROSHIGE, Porte d'entrée du sanctuaire de Sannō à Nagatababa, Série des Lieux célèbres de la capitale de l'Est, 1832-1835, nishiki-e (estampe à partir d'une gravure colorée) : papier, encres, pigments. dim. max. : 24,7 x 37 cm. Museum Volkenkunde, Leiden/Musée national d'Ethnologie, Leyde, inv. 1353-398 © Museum Volkenkunde, Leiden/Musée national d'Ethnologie, Leyde.
Hiroshige est l'un des derniers
maîtres dans la tradition de l'ukiyo-e . Il a porté ce genre,
le plus remarquable de la prospère période d'Edo, jusqu'à un niveau inégalé. L'ukiyo-e , littéralement " images du monde flottant "
désigne le style d'estampes très coloré propre à l'époque d'Edo. Il est
question d'y représenter la nature aux quatre saisons, le passage du temps,
mais aussi la vie de la cité dans l'excès des sensations qu'elle offre aux corps.
Pour en savoir plus consultez le site de la Pinacothèque de Paris.
Informations pratiques
Vincent van Gogh, rêves de Japon , jusqu'au 17 mars 2013, Pinacothèque 2 - 8, rue Vignon 75009 Paris.
Hiroshige, l'art du voyage , jusqu'au 17 mars 2013, Pinacothèque 1 - 28, place de la Madeleine 75008 Paris.
Ecouter la chronique de Claire Baudéan, Sortir Ecouter Voir ** consacrée à cet événement, avec une visite virtuelle de l'exposition.
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