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Les Français et les vacances : le duo inconciliable

Selon une étude Protourisme, plus de la moitié des Français ne seraient pas partis en vacances au cours de l'année 2013. Un bien triste record, jamais les Français n'étaient si peu partis depuis 15 ans. 

Article rédigé par Agence AFP
France Télévisions
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Les vacances, 1951. (ROBERT DOISNEAU   / RAPHO)

Deux millions et demi de Français ont renoncé à s'offrir des vacances ou des courts séjours payants l'an dernier et seuls 41% des Français sont partis, ce qui constitue une baisse de 4 points sur un an et le taux le plus bas depuis 15 ans, selon le cabinet Protourisme.

Seuls 29,5 millions de Français (adultes et enfants) ont séjourné au moins une nuit pour leurs loisirs dans un hébergement payant l'an dernier, soit 2,5 millions de moins qu'en 2012, d'après cette étude publiée mardi. Elle est le fruit de deux enquêtes menées en janvier auprès d'échantillons représentatifs de la population française.

Depuis 2010, 3,5 millions de Français ont renoncé à partir, même pour une seule nuit, en hébergement payant, selon Protourisme.

"La crise a touché les Français plus tardivement que certaines autres clientèles européennes, mais aujourd'hui on la sent", dit à l'AFP le directeur du cabinet, Didier Arino.

Plus d'un million de Français ont renoncé au cours de l'année 2013 à prendre les vacances qu'ils envisageaient en janvier 2013, souligne-t-il. Et un tiers des Français ne sont partis ni en 2012 ni en 2013.

Des niveaux historiquement bas ont été atteints parmi les classes moyennes et les plus modestes. Seuls 38% des foyers gagnant entre 1.500 et 2.500 euros net ont pu s'offrir un hébergement payant pour une escapade d'au moins une nuit en 2013, soit un recul de 4 points par rapport à 2012. Et seulement 23% des foyers gagnant moins de 1.500 euros (-2 points).

Mais le recul touche aussi les autres catégories de revenus, avec une baisse de 2 points chez les foyers gagnant plus de 3.500 euros, à 75%, et une baisse d'1 point pour les foyers disposant d'entre 2.500 et 3.500 euros, à 56%.

Le chômage ou la peur du chômage, comme l'augmentation des charges contraintes et la baisse du pouvoir d'achat des retraités, qui "depuis dix ans étaient un moteur essentiel du tourisme", ont pesé, note M. Arino.

"La sécurité de l'emploi a un impact direct", dit-il, en soulignant que 58% des employés de la fonction publique se sont offert au moins une nuit dans un établissement marchand contre seulement 41% des salariés du secteur privé.

Les 29,5 millions de Français partis pour leurs loisirs dans un hébergement payant ont généré 337 millions de nuitées en France ou à l'étranger, soit une baisse de 2,3% en un an.

Sur la France seule, la baisse est de 3,3% à 265 millions de nuitées, contre 274 millions en 2012, précise M. Arino. Les nuitées à l'étranger des Français ont en revanche augmenté à 72 millions, soit un million de plus qu'en 2012.

Environ 2 millions de nuitées payantes de Français ont été perdues l'an dernier dans l'hôtellerie en France (-5%), 3 millions dans les campings (-3%) et 3 millions dans les meublés (-4%), selon Protourisme. Les villages de vacances issus du tourisme associatif ont aussi connu un recul. Pas d'érosion en revanche dans les villages-clubs haut de gamme et résidences de tourisme avec services.

"Le tourisme hexagonal est de plus en plus un tourisme à deux vitesses", souligne M. Arino auprès de l'AFP: "D'un côté, il y a les acteurs dépendants des clientèles étrangères et des +CSP+, et ceux-là progressent. De l'autre, il y a les acteurs qui souffrent parce qu'ils dépendent de clientèles françaises qui dépensent moins. Et ce fossé s'accroît depuis deux ans".

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