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"L'Arabe du futur" de Riad Sattouf : comment une BD au trait simpliste est devenue un phénomène littéraire

Elodie Drouard le dimanche 9 décembre 2018

Le dessin de couverture du premier tome de "L'Arabe du futur" sous-titré "Une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1984)". (RIAD SATTOUF / ALLARY EDITIONS)

Début octobre, on apprenait que le quatrième tome de L'Arabe du futur, la dernière bande dessinée signée Riad Sattouf, venait de se hisser à la première place du classement des ventes de livres en France. Comme un ultime pied de nez, ce roman graphique qui raconte l'enfance de l’auteur, à cheval entre la Syrie et la Bretagne, venait de détrôner Destin français d'Eric Zemmour. Si elle peut paraître anecdotique, cette annonce est une preuve supplémentaire de l'incroyable intérêt porté par le public à l'histoire apparemment singulière de ce petit enfant blond, tiraillé entre les cultures antagonistes de ses parents. Alors que se tient en ce moment à la Bibliothèque publique d’information (BPI) du Centre Pompidou, à Paris, la première exposition consacrée à son auteur, franceinfo s'est penché sur L'Arabe du futur, l'œuvre phare de Riad Sattouf, pour tenter de comprendre les raisons de ce succès littéraire.

Dix ans pour accoucher d’un best-seller mondial

Des dizaines de personnes font la queue lors d'une séance de dédicaces de Riad Sattouf (au premier plan), pendant le festival Les Rendez-vous de l'histoire à Blois (Loir-et-Cher), le 7 octobre 2016. (MAXPPP)

Un chiffre suffit à lui seul à comprendre le phénomène littéraire qu'est devenu L'Arabe du futur. Sorti en librairie en 2014, le premier tome de cet épais roman graphique a déjà été tiré à 575 000 exemplaires, soit beaucoup plus que la moyenne des ventes d'un prix Goncourt (qui s’écoule à environ 398 000 exemplaires, selon l’institut GfK cité par Le Figaro). C’est moins qu'Astérix et la Transitalique, le dernier album des aventures du Gaulois moustachu et champion des ventes de livres en France en 2017 avec 1,6 million d’exemplaires, rappelle Le Point. Mais cela reste un volume exceptionnel pour une bande dessinée hors franchise. Au global, les quatre tomes de L'Arabe du futur cumulent aujourd'hui un tirage de plus d'un million et demi d'exemplaires. "C'est l'une des rares séries où la sortie de chaque nouveau tome relance les tomes précédents. Le premier tome continue de se vendre énormément, et les quatre tomes sont toujours dans le classement hebdomadaire des ventes de Livres Hebdo, ce qui est complètement dingue", ajoute admiratif Le Libraire se cache, gérant d'une librairie spécialisée BD en région parisienne.

Les deux premiers tomes de "L'Arabe du futur" dans une librairie à Mulhouse (Haut-Rhin), le 29 juin 2015. (MAXPPP)

"Il y a des gens de ma famille qui s'appellent Allary et qui m'ont offert L'Arabe du futur", confie en souriant Guillaume Allary, le fondateur des éditions qui portent son nom et qui publient le best-seller de Riad Sattouf. L'anecdote est effectivement amusante, mais elle est surtout révélatrice de ce qu'est devenu L’Arabe du futur en quatre ans : le cadeau parfait. Idéal autant pour Lucas, le petit-neveu qui entre en sixième, que pour Jacques, le grand-oncle à qui l'on offrait en alternance jusqu'alors le dernier Astérix ou le nouveau Blake et Mortimer. Mais si L'Arabe du futur s'est peu à peu imposé dans les bibliothèques et sur les tables de chevet, ce projet, en apparence simplissime (une autobiographie racontée en bande dessinée), a mis du temps à voir le jour dans la forme qu'on lui connaît aujourd'hui.

La première planche de "L'Arabe du futur, tome 1 : Une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1984)", publié en France le 15 mai 2014. (RIAD SATTOUF / ALLARY EDITIONS)

En 2005, Riad Sattouf vient d’avoir 27 ans et connaît son premier succès en librairie avec Retour au collège. Il confie alors à Guillaume Allary, son éditeur de l'époque chez Hachette Littératures, son envie un peu floue de faire un album futuriste en rapport avec le monde arabe. Pendant des années, il lui soumet des projets, sans qu’aucun n'aboutisse. "C'était raconté de l’espace, par quelqu'un qui revenait un jour dans le monde arabe des années plus tard, se souvient Guillaume Allary. A l'époque, je savais qu'il avait passé une partie de son enfance et de son adolescence en Syrie mais il ne m'avait pas raconté dans son ampleur ce qu'il avait vécu. Donc je sentais qu'il tournait autour de quelque chose d'important qu'il n'arrivait pas à dire directement."

Mais en 2011 éclate la guerre civile en Syrie, le pays où réside encore une partie de sa famille du côté de son père. Contraint de se battre pour la faire venir en France, il a finalement le déclic. Ce projet, ce sera celui de raconter son histoire, lui qui a passé une partie de sa vie au Moyen-Orient, élevé par un père syrien et une mère bretonne. "Je me suis dit, si j'arrive à me sortir de ces galères, je raconterai toute cette histoire et ça me fera potentiellement une fin. C'est une sorte de point d'orgue dans mon histoire avec la Syrie", raconte Riad Sattouf en 2014 à Slate.

Une photo de Riad Sattouf (à droite) et de son frère Yahia dans les années 80 en Syrie, partagée sur le compte Instagram de l'auteur de "L'Arabe du futur" le 16 novembre 2018. (INSTAGRAM)

"Je pense qu'il n'était pas mûr pour le faire avant, analyse Guillaume Allary. Et comme il n'assumait pas le côté autobiographique, il essayait de trouver des chemins de traverse pour raconter cette histoire." En 2013, Riad Sattouf élabore en l’espace de deux mois le storyboard de ce qui deviendra le premier tome de L'Arabe du futur. Il le soumet à Guillaume Allary qui vient justement de monter sa propre maison d’édition. "J'ai compris que tout était là, que c'était parti." Après plus de huit années de gestation, le projet prend enfin vie et Sattouf décide d'emblée que l’album s'appellera L'Arabe du futur, une expression employée par son père, adepte (au moins au début du récit) d’un panarabisme progressif, et qui désigne un Arabe lettré et cultivé, moins soumis à l’obscurantisme religieux que par le passé.

Sur le moment, ça correspondait tellement à ce qu'il voulait dire que je n’ai eu aucune réflexion marketing sur le titre. Mais à l'imprimerie, on s'est demandé si les gens allaient acheter un livre sur lequel était écrit en gros le mot "arabe".

Guillaume Allary, éditeur de "L’Arabe du futur" à franceinfo

Le 15 mai 2014, les éditions Allary publient L'Arabe du futur, tome 1 : Une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1984). Trois semaines plus tard, l'éditeur américain Metropolitan Books acquiert les droits de publication de l’ouvrage aux Etats-Unis. Aujourd'hui, la saga est disponible dans 22 langues différentes et cartonne dans le monde entier. On peut lire L'Arabe du futur en espagnol, en italien, en allemand, mais aussi en croate et en coréen. Et s’il n'existe pas encore de traduction en arabe ou en hébreu, c’est uniquement pour des questions d'engagements commerciaux. "Les éditeurs dans le monde arabe sont beaucoup moins solides que dans le reste du monde. Certains vont acheter les droits du tome 1, mais pas forcément ceux du tome 2. Donc, Riad Sattouf préfère attendre d'avoir fini la série pour discuter avec un éditeur pour l'ensemble de la région, prendre des garanties, vérifier que tout est bien fait et suivre ça de façon pointue", précise Jean-Pierre Mercier, historien de la bande dessinée et conseiller scientifique sur l'exposition Riad Sattouf, l'écriture dessinée.

Les lecteurs arabophones devront donc encore patienter. Initialement prévu sur trois tomes, L'Arabe du futur devrait finalement en compter six, un chiffre récemment avancé par Riad Sattouf à l'AFP. Une adaptation est parallèlement envisagée, probablement sous la forme d’une série d'animation, compte tenu de la richesse du matériel. "A peu près tous les studios ont fait des propositions. Mais Riad, qui s’occupera de la réalisation, doit choisir avec qui il veut travailler. Et pour l'instant, il n'a pas encore eu le temps de s'y pencher", précise Guillaume Allary.

Les secrets de fabrication : "Un état de tension ultime"

A gauche, le storyboard, réalisé au crayon de papier d'une page de "L’Arabe du futur, tome 1". A droite, la planche originale, réalisée à l'encre de chine, avant sa colorisation. (RIAD SATTOUF / ALLARY EDITIONS)

Si Riad Sattouf n'a pas encore eu le temps de se lancer dans l'adaptation de ses albums, c'est parce que sortir un nouveau tome de L'Arabe du futur prend du temps, beaucoup de temps. Le process de travail singulier, mis en place par le binôme formé par Guillaume Allary et Riad Sattouf, est éprouvé depuis la conception du deuxième tome. "Quand Riad a globalement le livre en tête avec toute son histoire et son déroulé, il me donne rendez-vous dans un bar autour de République", raconte l'éditeur. "Là, pendant toute une soirée ou un après-midi, il me joue tout le livre en mimant ce qui se passe entre les personnages." Durant cette réunion qui ressemble plus à un monologue théâtral qu'à une réunion éditoriale, Guillaume Allary intervient pour se faire préciser quelques scènes, vérifier que les personnages évoluent correctement et qu'il n'y a ni répétition, ni temps mort dans le livre imaginé par son auteur.

La première phase éditoriale se déroule à l'oral, dans un bar, mais c'est finalement la plus importante de notre travail.

Guillaume Allary à franceinfo

Une fois que l'histoire est calée (au besoin, à l'issue d’une seconde session de travail de ce type), "Riad part en sous-marin, c’est-à-dire qu'il s'enferme trois mois pendant lesquels il ne répond plus à rien et se consacre intégralement au storyboard", poursuit l'éditeur. Puis, après quelques ajustements principalement liés à la dramaturgie, la phase de dessin peut commencer. "Riad commence toujours à travailler au dernier moment et il se met dans un état de tension ultime parce que c’est dans cet état qu'il arrive à dessiner ses pages." Deux à trois par jour au début, et jusqu'à quatre lorsque la deadline approche. Les journées de travail s'allongent et durent parfois entre 15 et 18 heures.

Dessiner "L’Arabe du futur", c’est un exploit physique même si ça ne se voit pas quand on regarde le livre.

Guillaume Allary à franceinfo

Et si les derniers jours de travail sont aussi tendus, c'est parce que Riad Sattouf sait qu’il n'a aucune marge de manœuvre pour la date du rendu définitif des planches. "Normalement, avec un auteur, on prend toujours des marges de sécurité en donnant une date alors qu'on sait qu'on part à l’imprimerie dix jours plus tard. Mais Riad, il voit tout et il sait tout, donc je ne peux pas lui mentir, même là-dessus. Alors, ce que je fais, c’est que je lui donne vraiment la date ultime de rendu", explique Guillaume Allary. Une date qui se matérialise par un billet de train en direction de la première imprimerie. "Il sait que s'il n’est pas là sur le quai avec les fichiers, le livre ne sortira pas", précise l’éditeur. Et jusqu'à présent, Riad Sattouf a toujours été au rendez-vous. Quant à savoir quand sortira le tome 5, difficile à dire. Son éditeur nous confie que Riad Sattouf n'a pas encore précisément le livre en tête, condition indispensable pour qu'une date butoir soit arrêtée. Et malgré une fin d'année chargée, placée sous le signe de la promotion du tome 4 et de son exposition à la BPI, une sortie en 2019 est encore envisagée par le binôme.

Cette deadline est d'autant plus importante que la fabrication de L'Arabe du futur, relativement complexe, oblige à faire travailler aujourd’hui cinq imprimeries différentes, compte tenu du volume des tirages (le premier tirage du tome 4, sorti le 27 septembre, était de 250 000 exemplaires). "Le livre est fait avec un très beau papier qui est cousu avec des machines à coudre et dans ces quantités-là, personne ne le fait. On doit donc imprimer les exemplaires par tranches de 20 000, ce qui est extraordinairement lent et coûte très cher", poursuit Guillaume Allary.

"Une œuvre universelle" ?

Riad Sattouf pose au cœur de l'exposition que lui consacre la BPI à Paris, le 27 novembre 2018. (MAXPPP)

Si L'Arabe du futur est en partie compliqué à fabriquer du fait de la très grande qualité du support, celle-ci n'explique pas l'incroyable succès rencontré par ces livres. Pourquoi cette histoire autobiographique qui met en scène un petit blondinet qui grandit entre la Syrie et la Bretagne parvient-elle à passionner autant de personnes dans le monde ?

Pour Jean-Pierre Mercier, c'est avant tout parce que Riad Sattouf est à la fois un excellent dessinateur et un immense narrateur. L'exposition qui lui est actuellement consacrée à la BPI mérite en particulier d'être vue car elle expose quelques-uns de ses dessins de jeunesse, réalisés alors qu’il était au lycée, puis aux Arts appliqués et aux Gobelins. L'occasion de découvrir l'extraordinaire palette de ses talents. "Ce n'est peut-être pas un surdoué, mais il est extrêmement bon graphiquement", analyse l’historien. Et, alors que Riad Sattouf peut tout dessiner ou presque, "il a choisi un style simple, lisible, très dynamique qui emprunte autant à Hergé qu'à l’esthétique de certains mangas, comme les dessins d'Isao Takahata [le cofondateur des studios Ghibli, disparu au printemps dernier]".

Ça a l’air jeté sur le papier très simplement, mais il y a une maîtrise derrière qui est absolument remarquable. C'est l'aisance de celui qui va à l’essentiel qui vous fait croire que tout ça est très facile.

Jean-Pierre Mercier, historien de la BD à franceinfo

Avec un style qui se rapproche de celui des meilleurs dessinateurs dits "comiques", comme Claire Bretécher, Reiser ou Wolinski, Sattouf arrive à transmettre des expressions faciales extrêmement justes avec des personnages à gros nez à la limite de la caricature. Une analyse que partage Emmanuèle Payen, commissaire de l'exposition à la BPI. "C'est quelqu'un qui va de plus en plus vers l'épure et la simplicité, y compris la simplicité de trait, pour laisser plus de place au sens", conclut-elle.

Interrogé récemment par Challenges (article payant), Riad Sattouf expliquait d'ailleurs avoir "pensé cette série pour qu'elle soit lisible par des gens qui ne lisent pas de BD, qui n'y connaissent rien. (...) J'ai pensé à ma grand-mère et j'ai essayé de faire une BD pour elle : longue à lire, avec beaucoup de textes et beaucoup de cases, avec une histoire bien construite et une variété de sentiments et d’émotions." Un objectif visiblement atteint. S'il n’existe évidemment pas de statistiques sur le profil sociologique du lecteur de L'Arabe du futur, son éditeur estime, d'après les personnes rencontrées en signature, qu'environ "70% du public n'est pas un public de bande dessinée".

Planche extraite du premier tome de L'Arabe du futur, publié en France en mai 2014. (RIAD SATTOUF / ALLARY EDITIONS)

Au-delà de ses talents de dessinateur et de narrateur, Riad Sattouf a une autre botte secrète. Il sait se rendre très disponible et passe très bien à la radio ou à la télé. Comme le constate Le Libraire se cache, "Riad Sattouf est très présent là où ça compte, comme dans Télérama ou sur France Inter et France Culture qui sont de vrais médias influenceurs. Et quand il est en prime time sur une émission de radio, on va venir me demander le livre dès le lendemain, et ça, ça m'arrive très très rarement. Quand c'est Manu Larcenet ou Joann Sfar, je n'ai pas de retombées commerciales juste après."

Mais les multiples talents de l'auteur ne sauraient expliquer à eux seuls l’énorme succès de L’Arabe du futur, ses œuvres précédentes (Pascal Brutal ou La Vie secrète des jeunes pour les plus connues) et même Les Cahiers d’Esther, que Riad Sattouf publie parallèlement depuis 2016, n’ont jamais atteint de tels tirages. Pour son éditeur, la seule véritable explication, c’est "l'extrême qualité" de l’œuvre. "Pourquoi s’intéresse-t-on toujours aux romans russes du XIXe siècle ? Pourquoi relit-on Tintin ? Parce que les œuvres les plus abouties, les plus réussies, sont par nature universelles", affirme Guillaume Allary, qui prend pour témoin les réactions des lecteurs croisés lors des séances de dédicaces. "Quand Riad est au Brésil ou en Scandinavie, les gens viennent le voir en lui disant que ça parle de leur histoire. Ils ont l’impression que ça parle d’eux. Finalement, comme tout le monde a deux parents, on a tous une double culture." Et plus prosaïquement, comme le relève Jean-Pierre Mercier, "tout le monde s’identifie à un gamin qui est terrorisé à l’idée d’aller à l’école le premier jour".

"J'aime vos livres parce que c'est les mêmes histoires que les miennes", témoigne un homme d'origine syrienne lors d'une séance de dédicaces de Riad Sattouf, en 2017.  (INSTAGRAM)

C'est d’ailleurs sûrement ce point de vue à hauteur d'enfant qui explique l'adhésion du public à L'Arabe du futur, lu aujourd'hui autant par des adultes que par des jeunes dès 8 ou 9 ans. Un point de vue qui offre un regard plus naïf que celui d'un adulte et donc plus facilement recevable de la part d'un lecteur quand on lui parle de racisme, de violence à l'école ou de maltraitance animale. "C'était la même chose avec Marjane Satrapi et sa série Persepolis, rappelle Jean-Pierre Mercier. Et ça dit quelque chose sur la situation politique et géopolitique actuelle. On est à la recherche de clés de compréhension de ce monde bizarre dans lequel on évolue aujourd’hui. Et Riad y participe. Il donne à hauteur d’enfant une vision de ce que sont ces sociétés-là." Un regard d'enfant, mais sans complaisance, ni sur le Moyen-Orient, ni sur son père dépeint comme un "Arabe d’extrême droite" et que Sattouf n'hésitait pas à décrire, il y a quelques semaines au micro de France Inter, comme "une sorte de Bruno Gollnisch arabe".

Et si c'était juste que L'Arabe du futur était tout simplement un chef d'œuvre, à ranger aux côtés de l’immense Maus d’Art Spiegelman, seule bande dessinée à ce jour à avoir remporté un prix Pulitzer ? Pour Le Libraire se cache, "Maus ou Vie de Mizuki [du génial mangaka Shigeru Mizuki] sont des œuvres révolutionnaires que l'on n'avait jamais vues avant. En France, on a eu Persepolis et pour moi, L'Arabe du futur est un digne héritier de tout ça." Un avis que partage Emmanuèle Payen, qui voit la série "comme un héritage". "Riad Sattouf a sa place dans l’espace qui s’est construit ces dernières décennies autour du roman graphique, donc il y a une vraie filiation", poursuit-elle.

La couverture de l'intégrale de "Maus" d'Art Spiegelman, disponible en France aux éditions Flammarion. (FLAMMARION)

Pour l'historien Jean-Pierre Mercier, L'Arabe du futur mérite d'être aux côtés des plus grandes œuvres autobiographiques. Pour preuve, cette année encore, et malgré un Fauve d’or remporté en 2015, le dernier tome de L'Arabe du futur se retrouve dans la sélection officielle du prochain festival international de la bande dessinée qui se déroulera à Angoulême du 24 au 27 janvier 2019. "C'est une discussion qu'on a à chaque fois, avoue le spécialiste qui fait partie du comité qui compose cette liste très attendue. On choisit quarante bouquins parmi les 5 000 bandes dessinées qui paraissent chaque année pour dire aux gens, si vous ne devez n’en lire que quarante, essayez peut-être de lire celles-là. Et à chaque fois, il y a toujours quelqu'un qui rappelle que L'Arabe du futur est quand même un des grands bons livres de l'année. Donc si on doit recommander quarante bouquins, il faut qu'il y soit." Et de conclure, "Maus est un classique, et L'Arabe du futur est parti pour en être un".

Texte : Elodie Drouard

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