Existe-t-il une recette miracle pour supprimer les bouchons ?

Il fait chaud et vous vous ennuyez fermement au volant de votre voiture, bloqué dans les embouteillages de la vallée du Rhône. Vous maudissez la voiture devant vous qui n'avance pas assez vite et vous observez rageusement la file d'à côté, qui progresse plus vite que la vôtre (même si ce n'est pas vrai, comme vous l'explique Le Monde). Dans votre malheur, sachez que des gens travaillent d'arrache-pied pour supprimer les bouchons. Et ils ne manquent pas d'idées pour éviter que nous, pauvres Français, passions un million d'heures dans les encombrements routiers, comme en 2012.

Mais tout d'abord, une petite mise au point. Les véritables responsables des bouchons sont les conducteurs qui ne respectent pas les distances de sécurité. Quand un automobiliste un peu distrait par l'arc-en-ciel au loin ralentit légèrement, la voiture derrière lui doit aussi ralentir. Sauf si elle roule un peu trop près, auquel cas elle devra carrément freiner. Et si le véhicule qui est derrière notre automobiliste peu respectueux a la même conduite, il freinera un peu plus fort encore. Et caetera jusqu'à la formation d'un vrai bouchon. Plus il y a d'automobilistes, plus il y a de chances d'y trouver des conducteurs distraits, mais le nombre de voitures, on l'aura compris, n'est pas le vrai problème.

Et vous pouvez voir sur cette vidéo à quel point les choses se passent rapidement. 

Vous connaissez à présent le b.a-ba du bouchon. Vous pouvez maintenant comprendre quelles sont les pistes pour tenter de lutter contre eux.

Diminuer le nombre de voitures...

Même si ce n'est pas le nœud du problème, diminuer le nombre d'automobilistes permet de diminuer le risque d'embouteillages. Certaines entreprises gestionnaires des autoroutes misent sur la diminution du trafic, version écolo. Ils facilitent donc la vie de ceux qui pratiquent le covoiturage en leur réservant des places près des entrées d'autoroutes. En France, Vinci, qui gère une partie du réseau autoroutier, s'est lancé dans un partenariat avec le plus gros site internet de covoiturage.

En Suède, la solution adoptée est plus radicale : quand il y a trop de bouchons, on ferme des voies d'autoroute. Moins de voitures = moins d'embouteillages, la formule est simple. La radio publique suédoise rapporte que la voie de gauche de l'autoroute E4 a été neutralisée pendant le week-end de Pâques. Un essai dont on ne connaît pas encore les résultats.

... ou au contraire, leur laisser davantage de place

C'est simple comme bonjour mais avant la prise de conscience écologique, une solution à l'engorgement d'une autoroute était de l'agrandir. Sauf que les résultats ont été décevants. A Valence (Drôme), le tronçon a été élargi en 1990, ce qui n'a pas réglé les problèmes d'engorgement. En 2005, Le Parisien notait que la mise en service du viaduc de Millau (Aveyron) allait améliorer la situation et résorber les encombrements. Huit ans plus tard, les choses n'ont pourtant pas beaucoup évolué sur les autoroutes du Sud.

La Suisse, les Pays-Bas, l'Allemagne et bientôt l'Autriche ont adopté une solution transitoire : agrandir les autoroutes, mais temporairement. Chez nos voisins, les bandes d'arrêt d'urgence sont ouvertes à la circulation en cas d'affluence sur les routes. Impossible à mettre en œuvre chez nous, où les voitures sont strictement interdites sur ces voies réservées aux véhicules d'urgence. 

Réguler le trafic

Limiter le trafic des poids lourds. Les week-ends de grands départs en vacances, les camions ne sont pas autorisés à circuler sur le territoire français. Plus régulièrement, Vinci interdit aux poids lourds de doubler. Un camion qui double et ralentit la circulation est parfois suffisant pour créer un bouchon de plusieurs kilomètres.

Limiter la vitesse en fonction du trafic. Sur les autoroutes françaises, tous les cinq kilomètres, un système incrusté dans le bitume compte le nombre de véhicules qui circulent sur un tronçon. Des agents de régulation du trafic reçoivent de nouvelles données toutes les six minutes. La méthode très précise permet de faire varier la vitesse autorisée entre 90 et 130 km/h. Cette technique permet de réduire de 30% les embouteillages et donc les temps de parcours, sans compter les accidents, qui diminuent de 20%. 

Mieux informer les automobilistes. En Allemagne, un programme qui coûte 300 millions d'euros à l'Etat a été mis en œuvre pour créer une "autoroute intelligente", rapporte Die Welt . D'ici à 2015, l'axe Rotterdam-Francfort-Vienne sera équipé de panneaux wifi. Envoyant des informations aux voitures équipées, du type "attention, travaux dans 5 kilomètres", "attention, bouchon dans 500 mètres", ces panneaux du futur permettront à l'automobiliste d'anticiper les ralentissements et d'éviter ainsi le fameux "effet accordéon". 

Les gouvernements allemand, autrichien et néerlandais coopèrent étroitement avec les constructeurs automobiles pour équiper les voitures d'ordinateurs de bord capables d'envoyer des informations sur la vitesse de circulation du véhicule à ces panneaux. Les informations seront encore plus précises pour connaître l'état du trafic.

Et quand on sait que les embouteillages font perdre 120 milliards d'euros tous les ans en Europe, on comprend pourquoi les Etats investissent.