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Dopage : l'affaire Contador en 3 minutes et 12 secondes

Le cycliste espagnol a comparu devant le Tribunal arbitral du sport en Suisse. Piqûre de clenbutérol, pardon, de rappel sur cette affaire qui remonte au Tour de France 2010. 

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Alberto Contador se rend à un contrôle antidopage sur le tour de France, le 26 juillet 2007 à Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne). (ERIC GAILLARD / REUTERS)

Il aura fallu attendre 500 jours pour qu'Alberto Contador réponde de son contrôle positif sur le Tour de France 2010. Du lundi 21 au jeudi 24 novembre, le cycliste espagnol a comparu à Lausanne (Suisse) devant le Tribunal arbitral du sport (TAS).

Ce qui est reproché au coureur espagnol 

Le double vainqueur du Tour de France a été contrôlé positif au clenbutérol, à des doses infimes, le 21 juillet 2010, jour de repos sur la route du Tour de France. Ce contrôle a été révélé après la fin de la Grande Boucle, qu'Alberto Contador a remportée. Normalement, il aurait dû comparaître devant le TAS avant l'édition 2011 de la course mais ses avocats ont joué la montre et le gouvernement espagnol ne s'est pas montré très coopératif. Du coup, c'est seulement maintenant que l'affaire est jugée.

Deux éléments ne collent pas

• Le produit dopant détecté, le clenbutérol, est un produit à effet rapide, comme l'évoque le docteur Jean-Pierre de Mondenard dans un blog du Monde.fr. Or, Alberto Contador a été contrôlé lors d'une journée de repos. Se doper quand on ne court pas, voilà qui serait absolument inutile, vu que les effets du clenbutérol ne dépassent pas 24 heures.

• Le prélèvement d'urine du coureur espagnol a effectué un curieux itinéraire. Le flacon est parti au laboratoire de Cologne (Allemagne), spécialisé dans le repérage du dopage chimique dans les urines, alors que les tests des coureurs du Tour de France sont d'habitude analysés aux labos de Lausanne (Suisse) ou de Châtenay-Malabry, spécialisés dans le dopage biologique dans le sang.

Les versions possibles 

• Celle de l'Agence mondiale antidopage (AMA) : Contador aurait conservé au froid son sang pendant la période d'entraînement en pré-saison. Durant cette période, il aurait pu prendre des produits pour augmenter sa masse musculaire et son endurance. Il aurait prélevé alors son sang et l'aurait congelé dans une poche en plastique, pour se faire une réserve de sang riche en globules rouges pour le Tour de France. En effet, le sang s'appauvrit en globules rouges après l'effort. Deux solutions pour le rebooster : avoir recours à l'EPO, détectable, ou s'autotransfuser son sang congelé préalablement.

Cette dernière technique correspond à la thèse soutenue par l'AMA. Elle expliquerait aussi pourquoi on a trouvé des résidus de plastique, ceux de la poche, dans les urines du coureur. Mais problème, on a aussi trouvé des traces de plastique dans ses urines le 20 juillet, la veille du contrôle positif au clenbutérol.

• Celle de Contador : Le cycliste dit avoir mangé un steak acheté en Espagne par un membre de son équipe. La viande aurait été "dopée" par des éleveurs afin d'augmenter la masse maigre des bovins, d'où la présence de clenbutérol. Crédible ? Il y a 10 ans, sans doute. Mais les éleveurs espagnols sont montés au créneau pour laver leur honneur : il n'y a eu qu'un contrôle de viande positif au clenbutérol sur 43 161 réalisés dans l'Union européenne en 2009. 

Mais alors, si l'on suit cette version, pourquoi les équipiers avec qui il a partagé le quartier de bœuf n'ont-ils pas été touchés ? Mystère. Contador n'explique pas non plus les traces de plastique relevées dans les analyses. Il table sur le fait que la méthode de détection de ces traces n'est pas homologuée par l'AMA.

• L'hypothèse du doping to lose : Le clenbutérol est très facile à détecter. Est-il inimaginable qu'un concurrent ait glissé cette substance dans le repas de l'Espagnol ?
A vrai dire, une question demeure : quand le concurrent malintentionné aurait-il pu perpétrer son forfait ?

• La théorie du dopage 2.0 : C'est Dorian Martinez, chef de service à Ecoute dopage, interrogé dans Le Point qui détaille : "Il existerait une nouvelle méthode de dopage, qui n'a pas encore été mise au jour et qui s'appuierait sur des microdoses de diverses substances [prises] sur des périodes de temps beaucoup plus étendues." Toutefois, personne pratiquant cette nouvelle technique n'a jamais été pris.  

Les suites possibles 

Le coureur cycliste espagnol Alberto Contador sort du Tribunal arbitral du sport, le 24 novembre 2011, à Lausanne (Suisse). (FABRICE COFFRINI / AFP)

Le coureur espagnol est sorti les yeux rougis de son passage devant le tribunal, jeudi après-midi. Pourtant, L'Equipe laisse entendre que ses deux avocats ont mis à mal la thèse des experts de l'AMA. Que peut-il se passer maintenant pour le coureur ?

• Contador est relaxé. C'est possible, car la dose de clenbutérol relevée est infime et  la méthode pour détecter les résidus de plastique a été abandonnée depuis ce contrôle positif. D'après le site spécialisé cyclisme-dopage.com, un seuil de détection du clenbutérol pourrait être fixé pour éviter de sanctionner des contaminations accidentelles.

• Contador est condamné. Il y a fort à parier qu'il fera appel, sans doute devant un tribunal suisse comme son compatriote Alejandro Valverde avant lui.  

La décision du TAS n'est pas attendue avant début 2012.

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