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Du laser au remorqueur spatial, cinq méthodes pour dévier un astéroïde

Un corps céleste de 135 000 tonnes frôlera la Terre aujourd'hui. Rassurez-vous : les scientifiques fourmillent d'idées pour contrer ce type de menace.

Article rédigé par Marion Solletty
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
L'astéroïde Ida et sa lune, Dactyl, immortalisés par la Nasa en 1994. (NASA / JET PROPULSION LABORATORY)

Un astéroïde géant fonce sur la Terre et menace la planète entière. Une équipe de la dernière chance est envoyée pour le faire exploser... Le scénario vous dit quelque chose ? Le passage, vendredi 15 février, d'un astéroïde à proximité de la Terre convoque dans les esprits les scripts chers aux films de science-fiction.

D'un diamètre de 45 mètres et pesant 135 000 tonnes, l'objet céleste en question est poétiquement baptisé 2012 DA14. Détecté en février 2012 par une équipe spécialisée de la Nasa, il passera vendredi soir à 27 700 kilomètres de la surface de la Terre, soit seulement un dixième de la distance Terre-Lune, à la verticale de l'île de Sumatra (Indonésie). 

Le risque est écarté pour cette fois. Mais les scientifiques ne le prennent pas pour autant à la légère : ils fourmillent d'idées pour contrer, le cas échéant, cette menace venue du ciel. Et c'est parfois mieux que dans les films.

L'explosion, façon "Armageddon"

Sans nul doute la méthode préférée des cinéastes, la bonne vieille explosion n'est pas celle privilégiée par les ingénieurs. Du moins, pas sous la forme utilisée par l'équipe de têtes brûlées menée par Bruce Willis dans Armageddon. Les risques de générer des éclats à la taille et à la trajectoire difficilement contrôlables, en particulier, sont jugés dissuasifs.

L'idée serait plutôt de faire exploser une charge non loin de la surface de l'astéroïde, et dont le souffle suffirait à le faire dévier.

Cette méthode est à l'étude au sein de l'agence spatiale russe Roscosmos, en collaboration avec l'Europe : lancé en janvier 2012, un projet européen nommé NEOShield est en effet entièrement consacré à la recherche de solutions pour protéger la terre d'une collision.

Le projectile ciblé, façon "David contre Goliath"

L'une de ses pistes les plus sérieuses, étudiée par Astrium, filiale d'EADS, est celle de "l'impacteur cinétique". Autrement dit, un véhicule spatial envoyé à grande vitesse sur l'astéroïde. Celui-ci n'aurait pas pour objectif de le détruire, mais simplement de le dévier grâce au choc ainsi provoqué.

Une telle méthode comporterait deux étapes : d'abord, l'envoi d'un satellite de reconnaissance permettant de déterminer les caractéristiques précises de l'astéroïde, puis celui de l'impacteur en question, comme l'explique cette vidéo d'Astrium.

Le guidage à distance, façon "X-Men"

Autre possibilité : dévier l'astéroïde, mais sans impact. Cette méthode repose sur l'attraction gravitationnelle qui s'exerce entre deux corps : un satellite de forte masse est placé en orbite autour de l'astéroïde, le détournant lentement de sa trajectoire.

Le concept est à l'étude au centre Carl Sagan de Palo Alto, en Californie (Etats-Unis), toujours en collaboration avec le projet NEOShield : il est désigné sous le doux nom de "tracteur gravitationnel".

La poussée surpuissante, façon "Superman"

D'autres méthodes de guidage ont été avancées par diverses structures au cours des années. La fondation B612 (nommée ainsi en hommage à l'astéroïde imaginé par Antoine de Saint-Exupéry dans Le Petit Prince), entièrement dédiée à la prévention des collisions avec des astéroïdes et créé par deux anciens astronautes de la Nasa, est de celles-ci.

Dans un article publié en 2003 dans Scientific American (en anglais), elle plaidait pour la construction d'un "remorqueur spatial". Celui-ci, équipé de puissants moteurs, s'arrimerait à l'astéroïde et le dévierait de sa trajectoire en lui appliquant une poussée continue sur une longue durée. Mais l'idée n'a visiblement pas été retenue par les agences spatiales.

Le laser, façon "Guerre des étoiles"

Des ingénieurs britanniques sont partis sur une tout autre piste : le laser. "Notre approche consiste à envoyer une flotte de petits satellites, capables de se déplacer autour de l'astéroïde et de le bombarder avec leurs lasers à faible distance", explique Massimiliano Vasile, qui dirige ces recherches à l'université de Strathclyde, à Glascow, sur le site de l'institution.

Sous l'effet du laser, la roche touchée subit une "sublimation", c'est à dire qu'elle passe directement de l'état solide à l'état gazeux. L'ablation de masse et le dégagement gazeux qui l'accompagne permettraient alors de dévier l'astéroïde.

Si l'efficacité de cette méthode reste encore à prouver, le laser suscite l'intérêt des chercheurs depuis plusieurs années déjà sur un autre sujet : la destruction des satellites désaffectés et autres débris qui encombrent l'orbite terrestre.

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