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Automobile : la future Clio 4 fabriquée en Turquie ?

La direction de Renault envisagerait de faire fabriquer la future génération de Clio – la Clio 4 – en Turquie. Ce qui n’est pas du goût du ministre de l’Industrie, Christian Estrosi.
Article rédigé par franceinfo
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La polémique enfle depuis ce matin. Cette hypothèse de Renault de délocaliser la fabrication de la future Clio en Turquie n’est pas du goût du ministre de l’Industrie, Christian Estrosi. Il doit rencontrer mercredi le directeur général de Renault , Patrick Pélata.

Cette polémique sur le site de production de la Clio 4 est alimentée par le spectre des délocalisations. Avec son cortège de conséquences sociales.
Entre en jeu aussi le plan d’aide du gouvernement dédié à l’industrie automobile française, il y a presque 1 an, au plus fort de la crise.
Plus de 6 milliards pour la branche auto, dont 2 milliards pour Renault.
Cela à la condition expresse que les productions automobiles existantes resteraient sur le territoire national.
Et déjà, à l’époque, une polémique. Non pas sur d’éventuelles délocalisations, mais sur le fait que le gouvernement n’a pas les moyens d’obliger un acteur industriel du secteur privé à avoir telle ou telle politique industrielle.

  • Renault fabrique déjà hors de France des modèles vendus sur notre territoire. En quoi est-ce choquant pour la future Clio ?
    Les modèles fabriqués hors de France le sont en général en Espagne, ou en tout cas dans un pays de la communauté européenne.
    L’enjeu est énorme. La Clio, c’est jusqu’à 300 000 voitures par an jusqu’ici en France.
    Ca occupe plus de 3 000 employés en France.
    Mais Renault a déjà délocalisé en Europe de l’Est la fabrication de l’actuelle Twingo, sortie il y a 3 ans. C’est une production annuelle de 170 000 voitures qui est partie en Slovénie.
    _ La future Clio, c’est plus choquant. Car elle se situe dans la lignée de voitures toujours fabriquées en France : la petite 4 CV de l’après-guerre, puis les Renault, les précédentes Clio…
    C’est un gros volume de production, avec beaucoup d’employés à la clé.

  • Pourquoi la Turquie ?
    Pour la main d’œuvre à bas prix, évidemment.
    Renault y est présent depuis des décennies. Et dispose d’un outil industriel de qualité, aux normes européennes, qui sort des voitures d’un niveau tout à fait équivalent à celui des usines de chez nous.
    _ Renault y fabrique des modèles pour le marché turc, mais aussi d’autres spécifiquement faits pour être massivement re-exportés vers l’Europe. Ca a commencé en 1999, avec la fabrication du 1er break Mégane. Puis des Mégane 4 portes. Aujourd’hui, les Clio break proviennent de Turquie.

  • Renault est un constructeur plus international que les autres ?
    Oui. Renault joue davantage sur l’échiquier mondial que ses compétiteurs européens. Plus que Peugeot-Citroën, ou que Volkswagen, pour des modèles vendus ensuite en Europe.
    Il y a déjà une forte internationalisation de la production Renault.
    Dacia, en Roumanie, 100% propriété de Renault : plus de 500 000 voitures par an.
    Nissan, japonais, est une marque du groupe Renault. De plus en plus d’organes non visibles sont communs aux deux marques. Déjà des moteurs Nissan sous le capot des Renault depuis le début des années 2000.
    Renault possède aussi Samsung, en Corée. Il y a déjà des modèles coréens dans la gamme : le 4 X 4 Koleos est un modèle fabriqué en Corée, sur la base d’une technologie Nissan,… et qui porte la marque Renault. Renault envisage une Samsung pour remplacer la grande Vel Satis.
    Tout cela est lié à la politique de son PDG, Carlos Ghosn. Personnalité multi-facettes, internationale, entend jouer sur la scène mondiale. Et composer un puzzle industriel, avec comme seul critère : réalité financière et commerciale, sans tenir compte des frontières.
    Carlos Ghosn a une vision mondiale, et est aussi tenté par la délocalisation pour la conception des voitures. Et cela, c’est aussi un enjeu crucial pour le tissu social français.

    Jean-Rémy Macchia

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