Bienvenue à bord du "Blue Wave", un chalutier high-tech à propulsion hybride : "On essaye de limiter notre impact" sur l'environnement
Le "Blue Wave", un chalutier à propulsion diesel-électrique, a rejoint le port du Guilvinec dans le Finistère. Il prendra la mer fin septembre.
C'est un chalutier hors du commun qui doit prendre la mer ces prochains jours. Le Blue Wave est équipé d'un moteur diesel-électrique. Ce mode de propulsion n'est pas nouveau dans le monde maritime, mais il est extrêmement rare pour les navires de pêche. À l'heure de la lutte contre le réchauffement climatique, c'est un moyen d'économiser du carburant et de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Deux moteurs diesel pour un moteur électrique
La peinture bleu blanc jaune semble encore fraîche sur le bateau qui est amarré fièrement parmi les autres chalutiers du Guilvinec, dans le Finistère. Bienvenue à bord du Blue Wave, "la vague bleue" en français. Sur le pont, Jean-Baptiste Goulard effectue les derniers réglages avant de partir en mer. "On ne fait pas des bateaux neufs tous les jours, c'est le premier de ma carrière, confie-t-il. La durée de vie d'un bateau est en moyenne de 30 à 40 ans, donc il faut les faire évoluer."
Pour cela, l'armateur s'est inspiré d'un chalutier néerlandais qui fonctionne lui aussi au diesel-électrique. Le principe est simple : deux moteurs diesel produisent l'électricité nécessaire au moteur électrique du chalutier. Tout cela se passe dans la salle du générateur. "L'intérêt d'avoir plusieurs moteurs est de pouvoir adapter le nombre de groupes électrogènes qu'on met en route en fonction de la charge, détaille Olivier Moriceau de Barillec Marine, l'entreprise à l'origine du système. S'il n'y a pas besoin de trop d'énergie, un seul moteur tourne. C'est par ce biais-là qu'on peut prétendre avoir des consommations réduites par rapport à une propulsion classique où finalement un seul moteur tourne en permanence."
Le patron-pêcheur espère ainsi économiser 20% de son carburant. "Nous avons toujours besoin d'un critère économique pour rentabiliser notre entreprise mais derrière, nous essayons de limiter notre impact et de trouver un équilibre financier entre les deux. C'est ce que nous faisons depuis quelques années", explique Jean-Baptiste Goulard.
"Un premier pas" vers des technologies encore moins polluantes
Mais passer au tout électrique n'est pas à l'ordre du jour. "Cela nécessite des volumes et de mettre en jeu des masses de batterie très importantes, estime Olivier Moriceau. Aujourd'hui, la fonction première d'un navire de pêche est d'avoir de la place pour stocker son poisson. Ceci dit, avoir ce type de technologie diesel-électrique, c'est se laisser la possibilité demain d'intégrer une batterie, une autre source d'énergie qui ne serait pas fossile. C'est un premier pas qui apporte des gains mais aussi de la souplesse pour la suite."
Hydrogène ou gaz naturel liquéfié, d'autres sources d'énergie permettraient de réduire davantage les émissions de gaz à effet de serre. Mais ces technologies ne sont pas encore tout à fait au point pour les navires de pêche. Un premier chalutier diesel-électrique avait déjà vu le jour il y a quelques années dans le Nord, mais le Blue Wave reste une véritable innovation dans le secteur de la pêche en France.
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