Les décès liés au diesel, une donnée incalculable
La fiscalité avantageuse du carburant fait enrager les écologistes du gouvernement, qui avancent des chiffres difficiles à vérifier.
Le diesel n'en finit pas de diviser le gouvernement. A cause de sa taxation allégée, d'abord. Mais aussi sur ses dangers. Deux écologistes avancent des chiffres différents concernant la mortalité imputée au diesel, jeudi 12 septembre. Le carburant, dont la fiscalité en France reste avantageuse, est responsable de "16 000 morts par an" en France, selon Yannick Jadot, eurodéputé Europe Ecologie-Les Verts (EELV), dans un entretien à Libération. Le député de Gironde, Noël Mamère, évoque 42 000 décès, sur France info. Que sait-on vraiment de la mortalité liée au gazole en France ?
Des chiffres sur la mortalité due aux particules fines
La confusion est courante : "diesel = particules fines". Les moteurs diesel émettent effectivement ces particules en suspension, connues pour provoquer cancers et pathologies respiratoires. Selon un rapport du programme Clean Air for Europe (Cafe, site en anglais) de la Commission européenne, en 2000, elles étaient responsables de quelque 42 000 morts prématurées par an, en France.
Une autre étude européenne, menée sur neuf villes françaises réunissant 12 millions d'habitants, reprise par l'Institut de veille sanitaire (InVS), en 2012, estime que 3 000 décès prématurés sont dus aux mêmes particules. En extrapolant ces données à la population totale, "un calcul grossier donne 15 000 morts en France", explique Le Monde. C'est le chiffre avancé par Pascal Canfin, ministre EELV délégué au Développement, mercredi 11 septembre, proche de celui émis par Yannick Jadot.
La part du diesel, grande inconnue
Il est presque impossible d'estimer la responsabilité des moteurs roulant au gazole dans ces milliers de décès anticipés. "Il est déjà compliqué d'évaluer le nombre de décès liés à la pollution atmosphérique (...), nous n'avons aucun élément sur le diesel en particulier", admet Agnès Lefranc, adjointe à la direction santé et environnement de l'InVS, dans un entretien accordé au Nouvel Observateur.
En effet, les particules fines sont aussi émises par le chauffage au bois, les fumées d'usine, l'agriculture… La part des transports dans ces rejets se situe autour de 15%. Elle augmente nettement en ville et atteint 45% en Ile-de-France, selon La Tribune. Sur l'ensemble du parc automobile français, 60% des véhicules roulent au diesel et rejettent 87% des particules fines, contre 12% pour les moteurs à essence non catalysés, selon les données de l'Institut français de l'environnement, pour 2004.
Une certitude, le diesel est cancérogène
Le diesel est nocif, cela ne fait aucun doute. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé les gaz d'échappement des moteurs diesel parmi les cancérogènes certains pour les humains, en 2012. Cette décision est fondée sur les recherches du Centre international de recherche sur le cancer (Circ), qui ont prouvé que l'exposition à ces émissions est associée à un risque accru de cancer du poumon. Les experts ont également noté un risque plus élevé de cancers de la vessie. Ces moteurs émettent, en outre, du dioxyde d'azote (NO2), responsable de maladies respiratoires et cardiovasculaires.
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