TotalEnergies : la taxe sur les superprofits prévue par le gouvernement sera "relativement anecdotique", estime un membre d’Attac
Le gouvernement a déposé vendredi un amendement au projet de loi de Finances 2023 afin de transposer l'accord européen visant à taxer les revenus exceptionnels réalisés en 2022 par les entreprises du secteur de l'énergie.
Le gouvernement souhaite prélever 33% de contribution sur les bénéfices de plus de 20% à la moyenne des quatre années précédentes des énergéticiens. Le résultat sera "relativement anecdotique", estime Maxime Combes, économiste spécialiste des multinationales et membre d’Attac. Invité de franceinfo ce mardi 11 octobre, il préconise de taxer directement le "chiffre d’affaires" des multinationales.
Vous commencez une étude pour savoir combien va payer TotalEnergies avec cette taxe sur les superprofits. Vous n’avez donc pas encore de chiffre mais d’après vous, ce sera assez peu. Pourquoi ?
TotalEnergies se débrouille pour localiser en France extrêmement peu de ses profits. En se basant sur les bases de données publiées par TotalEnergies, on arrive à prouver que lorsque le groupe fait des pertes, elles sont essentiellement localisées en France. Par contre quand TotalEnergies fait des profits, ils sont essentiellement localisés à l’étranger. Alors qu’on trouve en France 30% de ses salariés et même son siège social. C’est un système de débrouille pour avoir très peu d’impôts à payer sur ses profits en temps normal. La proposition du gouvernement ne vise qu’à taxer les superprofits faits sur son sol, le résultat sera relativement anecdotique.
Alors pourquoi le patron de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, s’est dit contre ce dispositif du gouvernement, mais pour une remise à la pompe comme il le fait déjà actuellement ?
La plupart des PDG des grandes multinationales veulent bien que l’État ou les pouvoirs publics les soutiennent durant les coups durs comme la pandémie ou en cas d’investissement dans des nouvelles technologies d’avenir. En revanche, ils refusent toute intervention de ces mêmes pouvoirs publics quand il s’agit de toucher à l’augmentation de leurs profits. C’est une posture idéologique. Elle consiste à dire que tant qu’une entreprise fait beaucoup de profits, cela doit permettre de rémunérer les actionnaires et éventuellement à investir puis en dernier recours d’augmenter les salariés de l’entreprise. Et il faut savoir que l'on compte les superprofits de TotalEnergies en dizaines de milliards d’euros en 2022.
Le gouvernement défend sa mesure en disant que c’est une transposition d’une directive européenne. Faire cela au niveau européen, c’est une bonne chose selon vous ?
Avoir des mesures à l’échelle européenne est une très bonne chose de manière générale. Le problème, c’est que ce dispositif vise plus à éteindre la critique ou la colère du corps social européen qu’à récupérer des financements extrêmement conséquents. Pourtant, ce n’est pas une fatalité. Si vous taxez sur les profits, comme ce sera le cas sur ceux réalisés par TotalEnergies en France, finalement, vous taxez très peu. En revanche, si vous taxez sur le chiffre d’affaires que la multinationale réalise sur un territoire donné : c’est beaucoup moins manipulable et vous taxez plus.
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