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L'Etat et le chinois Dongfeng entrent au capital de PSA

EXPLIQUEZ-NOUS | PSA s'apprête à prendre un tournant historique. Le conseil de surveillance a validé ce mardi l'arrivée de deux nouveaux actionnaires : l'Etat français et le Chinois Dongfeng. Une montée au capital de trois milliards d'euros synonyme de fin de règne pour la famille Peugeot. Quelles conséquences pour l'entreprise ? Le décryptage d'Isabelle Raymond, du service "économie et société" de France Info. 
Article rédigé par Isabelle Raymond
Radio France
Publié Mis à jour
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  (Maxppp)

Cet après-midi, les Peugeot ne sont plus les actionnaires principaux du groupe. Ils ont perdu, par la même occasion, la tête du conseil de surveillance, là où sont prises toutes les grandes décisions stratégiques. Conséquence de l'entrée au capital ce mardi de l'Etat français et du Chinois Dongfeng, qui auront chacun la même participation que Peugeot dans l'entreprise, soit 14%.

C'est la fin d'une épopée qui a commencé en 1810 avec la création de la société "Peugeot Frères". En 1889, Armand Peugeot présente un tricycle à vapeur. Et en 1929 c'est le passage à l'ère industrielle avec le début de la production en série de la 201 dans l'usine historique de la marque au lion, à Sochaux.

Impossible de ne pas savoir que Peugeot est une entreprise familiale. Le paternalisme est dans les gènes du groupe. Pendant longtemps, les ouvriers y ont travaillé de père en fils. Le week-end, pour se divertir, ils allaient au stade Bonal supporter l'équipe de "la Peuge" : le FC Sochaux Montbéliard.

Une alliance inévitable

La mainmise de la famille Peugeot a lontemps été un atout, synonyme de pérennité de l'entreprise. Mais ces dernières années elle a plutôt freiné le développement du groupe. En 2012, PSA connaît une année noire marquée par la sortié du CAC 40 et une chute spectaculaire de ses ventes en Europe. Et 2013 ne devrait pas être bien meilleure. Les résultats financiers seront dévoilés mercredi.

C'est pourquoi l'alliance avec le chinois Dongfeng est aujourd'hui inévitable selon Pierre Paturel, du cabinet Xerfi. "PSA a désepéremment besoin d'argent frais. Cela fait trois ans que la production baisse et plusieurs années que l'entreprise perd de l'argent. Et aujourd'hui ça l'empêche d'investir. Par exemple, ils avaient pour projet de construire une grande usine d'assemblage dans le sud de l'Inde. Un projet qui a été abandonné faute d'argent. Dans ce contexte, le constructeur français a besoin de construire une alliance. Il a déjà essayé avec General Motors mais ça ne lui a pas apporté ce qu'il voulait pour se développer en dehors de l'Europe donc il avait besoin de trouver un nouveau partenaire", explique Pierre Paturel.

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Un risque de conflit d'intérêt pour l'Etat et pour Dongfeng?

Le mariage du jour a un précédent : l'alliance de Renault avec le Japonais Nissan qui dure depuis maintenant 15 ans avec des résultats plutôt satisfaisants sachant que l'Etat français possède là aussi 15% de la marque aux losanges.

L'Etat français sera désormais actionnaire des n°1 et n°2 de l'automobile en France. Comment va-t-il gérer cela ? On peut se poser la même question pour le chinois Dongfeng qui assemble déjà des voitures pour Renault en Chine. Est ce que ça pose un problème à Renault ? Non, répond Carlos Ghosn. "Dongfeng est le partenaire de beaucoup de constructeurs. Bien-sûr de PSA, de Renault, mais aussi de Nissan, de Kia, de Honda. Ils ont l'habitude de compartementaliser leurs relations. Donc franchement je ne suis pas inquiet compte tenu des personnes que je connais qui constituent l'équipe dirigeante de Dongfeng", explique le PDG de Renault et Nissan sur France Info.

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Un accord gagnant-gagnant pour PSA et Dongfeng

Dongfeng, qui jusqu'à présent assemblait des voitures pour les autres, entre donc dans la cour des grands, devient un vrai constructeur automobile. Il peut aussi compter sur le savoir-faire et la technologie du français. Pour PSA, c'est d'abord de l'argent frais et donc des investissements possibles. Cette alliance va aussi lui permettre de se développer sur le marché chinois, qui représente déjà le deuxième débouché du constructeur derrière la France. Ensemble, PSA et Dongfeng possèdent trois usines sur place. Ils envisagent d'en créer une quatrième pour aller conquérir d'autres pays émergents, comme la Thaïlande et le Vietnam.

Quelles seront les conséquences pour la France?

Aucune pour l'instant, en tout cas pas négative. D'abord parce que l'Etat français sert de garde-fou. PSA s'est engagé à maintenir son niveau de production dans l'Hexagone à un million de véhicules par an. Des promesses qui ne rassurent pas pour autant les syndicats puisque dans le même temps, sur le site de Poissy par exemple, le groupe va supprimer une ligne de montage le mois prochain. Et dans l'usine, on rappelle que c'est comme ça que tout à commencé sur le site d'Aulnay, aujourd'hui fermé.

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