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Projet de réforme du permis de conduire : "Je demande juste l’égalité", explique Patrick Mirouse (UNIDEC)

Alors que les auto-écoles manifestent lundi dans toute la France, le président délégué général de l'Union Nationale Intersyndicale des Enseignants de la Conduite dénonce les inégalités dans les charges entre les auto-écoles et les plateformes en ligne.

Article rédigé par franceinfo
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L'Union Nationale Intersyndicale des Enseignants de la Conduite (UNIDEC) dénonce le fait que les plateformes d’apprentissage de la conduite n’aient pas les mêmes charges que les auto-école traditionnelles. (JULIO PELAEZ / MAXPPP)

Les auto-écoles manifestent lundi 11 février dans plusieurs villes de France contre le projet de réforme du permis de conduire que la députée LREM du Gard, Françoise Dumas, présentera mardi au Premier ministre. Invité de franceinfo dimanche, Patrick Mirouse, le président délégué général de l'Union Nationale Intersyndicale des Enseignants de la Conduite (UNIDEC), dénonce le fait que les plateformes d’apprentissage de la conduite n’aient pas "les mêmes charges". "Si vous additionnez les frais, les charges sociales plus la TVA qui n’est pas payée, ça représente 800 euros par formation", explique-t-il. "Je demande juste l’égalité."

franceinfo : De quoi avez-vous peur ?

Patrick Mirouse : On a travaillé avec madame la députée Françoise Dumas, on a été auditionnés plusieurs fois et elle a eu l’amabilité de nous présenter ses premières pistes de réforme. Il y a 23 mesures dans le rapport, elle nous en a présenté une dizaine. Ce qui nous inquiète, c’est que la formation au permis de conduire n’est pas un produit de consommation. On forme sur l’ensemble des territoires, l’ensemble des publics. Il ne faut pas confondre le coût et le prix. Le mirage du low cost, c’est quelque chose qu’on connaît sur d’autres secteurs d’activité. Quand vous avez du personnel et que vous ne payez pas 70% de charges et que de l’autre côté, vous payez 70% de charges qui servent un peu pour la maladie, un peu pour la retraite, un peu pour les prestations sociales, c’est comme si vous mettiez un gars de 20 ans et un gars de 50 ans. Celui de 50 ans, vous le chargez de 50 kilos, et vous dites : Courrez ! Vous allez voir qui va arriver le premier !

Vous dites que les auto-écoles en ligne ne sont pas compétentes pour enseigner la conduite ?

Absolument pas ! Je ne dis pas ça. Ils ont des formateurs comme nous, qui ont les mêmes diplômes que ceux qui travaillent en école de conduite. Ce que je dis c’est qu’ils n’ont pas les mêmes charges que nous. Si vous additionnez les frais, les charges sociales plus la TVA qui n’est pas payée, ça représente 800 euros par formation. Ça veut dire qu’il y a 800 euros qui devraient être répercutés sur le client. Et quand on dit aujourd’hui que le permis sur internet est moins cher, c’est faux. Ça coûte le même prix que dans les écoles de proximité, mais avec un niveau de réussite qui est deux fois moins élevé que dans les écoles de proximité. C’est bien normal parce qu’un formateur en école accompagne son élève et une fois qu’il est prêt, il lui dit : "c’est bon tu peux passer". Et là, l’élève réussit à 60%. En candidat libre, c’est-à-dire la cible des plateformes, c’est 30%. C’est moitié prix. Donc il faut recommencer et payer une nouvelle fois. Au final, ça coûte plus cher. Je demande juste l’égalité.

Vous trouvez normal le prix du permis aujourd’hui ?

Normal par rapport à quoi ? Est-ce que vous trouvez normal que les jeunes soient les premières cibles des tués sur les routes ? Est-ce que vous trouvez normal que les jeunes, qui représentent 9% de la population, représentent 30% des accidents mortels ? Est-ce que vous trouvez normal qu’on leur envoie des signaux pour leur faire croire qu’effectivement, le permis ça va se faire sur internet, qu'ils vont pouvoir réserver leur place, passer quand ils veulent et que s'ils le ratent, ils pourront le refaire tranquillement ? Vous croyez que c’est ça l’accessibilité ? Moi je dis non, ça, ce n’est pas le prix du permis, c’est le prix du sang et des larmes. Ce que je reproche aujourd’hui à ce rapport, c’est qu’il est un peu schizophrène : il remet des éléments de sécurité et en même temps il dit : "Allez c’est bon. On n’ouvre tout, on libéralise tout, on ubérise tout !"

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