Bisphénol A : Carrefour et Système U changent de tickets de caisse

Les magasins U ont décidé de ne plus utiliser du papier thermique traité au Bisphénol A (BPA) pour leurs tickets de caisse, "compte tenu des incertitudes sanitaires autour de ce composant chimique". Cette mesure de retrait est entrée en vigueur ce matin. Les tickets vont être remplacés par "un type de support dépourvu de cette substance potentiellement nocive", expliquait le communiqué du groupe mi décembre.
Le groupe Carrefour, qui s'apprête à faire de même dans le courant du mois, précise sur le site de LSA que c’est une mesure de précaution.
Pour André Cicolella du Réseau Environnement Santé (RES), ces annonces pourraient avoir un effet boule de neige.

Les deux grands groupes de distribution ont pris cette décision après la publication de deux études scientifiques récentes.
Une étude américaine publiée l’été dernier a établi que, tenir en main un ticket de caisse pendant 10 secondes, permet à près de 2,5 microgrammes de BPA de passer du ticket vers les doigts. Cette quantité est multipliée par 15 lorsqu'une personne frotte un ticket de caisse entre ses doigts.
Le pôle Toxicologie alimentaire de l’Inra de Toulouse, a également publié au mois d’octobre une étude sur la pénétration du bisphénol par la peau.

Conserves de légumes

Le RES salue "un acte fort de responsabilité sociale envers les salariés concernés", et invite toutes les entreprises utilisatrices de papiers thermiques à base de Bisphénol A à faire de même.
_ Le réseau suggère aussi aux groupes de remplacer le revêtement intérieur des conserves comprenant du BPA. Par ailleurs, pour Yannick Vicaire, chargé de mission au RES, les parlementaires et le gouvernement doivent "généraliser au plus vite l'interdiction du Bisphénol A dans tous les usages susceptibles de contribuer à l'exposition de la population ou d'une catégorie particulière".

La France a voté une loi interdisant les biberons au Bisphénol A en juin dernier. L'Union européenne a interdit à partir du 1er mars 2011 la production de biberons contenant du BPA. La commercialisation sera interdite à partir du 1er juin.

Le BPA est fortement soupçonné d'augmenter les risques de puberté précoce chez les jeunes femmes, de cancer de la prostate ou du sein et d'anomalies de reproduction. Il était utilisé notamment pour la fabrication de biberons, le tapissage intérieur des boîtes de conserves, les amalgames dentaires ou encore les bombonnes d'eau rechargeables.

Anne-Laure Barral