Faillite de la Silicon Valley Bank : "Il n'y a aucune raison de s'inquiéter", estime Éric Delannoy, spécialiste du secteur bancaire
"Il n'y a aucune raison de s'inquiéter", estime Éric Delannoy, président-fondateur de Tenzing Conseil, spécialiste du secteur bancaire, mardi 14 mars sur franceinfo, concernant l'effondrement de la banque californienne Silicon Valley Bank (SVB). Alors que les États-Unis et l'Europe tentent de rassurer et d'éviter la panique bancaire, il rappelle "qu'il ne peut pas y avoir de contagion" actuellement, notamment parce que SVB est une banque régionale, "très limitée dans son spectre d'intervention", la tech, mais aussi parce que le secteur bancaire se porte bien, avec "des records de bénéfices" et suffisamment de ressources pour faire face.
franceinfo : Selon Bruno Le Maire, il n'y a aucune raison de s'inquiéter, vous êtes d'accord ?
Éric Delannoy : Bruno Le Maire a raison. Il n'y a aucune raison de s'inquiéter. En réalité, nous sommes dans la spirale de la peur. Aujourd'hui, dès que le secteur financier tousse un peu, tout le monde a un énorme rhume. C'est effrayant de voir les mécanismes financiers. On peut même dire que cela crée des mouvements spéculatifs que certains ont intérêt à entretenir.
Aux États-Unis, Joe Biden a agi vite, en mettant sous tutelle la Silicon Valley Bank, c'est important d'agir rapidement ?
Il fallait agir rapidement parce que c'est la seizième banque américaine donc forcément ça a des effets locaux assez importants. Il y a des entreprises de la tech' qui vont être en difficulté avec la faillite de cette banque. Mais surtout, le risque, c'est la contagion, l'effet systémique potentiel de cette faillite. Joe Biden a donc rassuré tout en menaçant, en disant que ce ne sera pas aux contribuables de payer, mais aux responsables de la banque. À voir si c'est tenu.
Ce risque de contagion est-il réel ?
Non, aujourd'hui, il ne peut pas y avoir de contagion. Je le dis de manière assez forte. D'abord, parce que c'est une banque régionale, elle a quelques filiales à l'étranger, en Allemagne notamment et en Angleterre. Ensuite, c'est une banque très limitée dans son spectre d'intervention, elle ne fait que financer le secteur de la tech'. On est très loin de 2008 où toutes les banques étaient concernées pour des problèmes en lien avec le marché immobilier, relayés par Lehman Brothers, une banque cinq fois plus importante et qui était le banquier mondial. Là, on est sur un banquier régional qui s'effondre alors qu'on est sur des records de bénéfices dans les banques, elles ont donc énormément de ressources.
Pourquoi cette faillite s'est produite ? N'a-t-on pas tiré les leçons de 2008 ?
Oui et non. L'Europe a renforcé les ratios prudentiels, la sécurité bancaire, dans tous les pays européens, en mettant en place le mécanisme de régulation unique qui consiste à traiter une difficulté bancaire au niveau européen. Mais en 2017, Donald Trump s'est évertué a déréglementer la finance. On se retrouve donc avec la première conséquence. Une faillite d'une banque qui a très mal géré ses actifs.
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