Budget : "Les collectivités sont une fois de plus responsables du redressement des comptes publics", regrette l'Association des maires de France

"La dette catastrophique relève d'abord et avant tout des comptes de l'État", accuse Murielle Fabre, la secrétaire générale de l'AMF, qui soutient que la dette publique des collectivités est "stable depuis 1995" alors que la Cour des comptes prône la suppression de 100 000 postes de fonctionnaires territoriaux.
Article rédigé par franceinfo
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La secrétaire générale de l'Association des maires de France (AMF) et maire de Lampertheim (Bas-Rhin) Murielle Fabre, le 22 novembre 2022. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

"Ce qu'on regrette souvent, c'est que les collectivités soient une fois de plus responsables du redressement des comptes publics", a regretté jeudi 3 octobre sur France Inter la secrétaire générale de l'Association des maires de France (AMF) et maire de Lampertheim (Bas-Rhin) Murielle Fabre. Dans un rapport publié mercredi, la Cour des comptes pointe le "dérapage" budgétaire des communes, départements et régions et préconise des mesures choc pour faire contribuer les collectivités locales au redressement des finances publiques, notamment la suppression de 100 000 postes d’agents locaux.

"Je pense qu'il est extrêmement important de rappeler que la gestion des collectivités est quand même plutôt saine et que notre juste part doit être à la hauteur", a souligné Murielle Fabre. "La Cour des comptes a une fâcheuse tendance à avoir une vision catastrophique de la gestion des collectivités et propose des solutions qui ne sont plus aujourd'hui le modèle sur lequel on doit s'appuyer pour pouvoir avoir une vision un peu plus saine de nos finances publiques", a-t-elle argué. Selon l'élue alsacienne, la dette publique des collectivités est "stable depuis 1995""La dette catastrophique relève d'abord et avant tout des comptes de l'État et des comptes sociaux", a-t-elle souligné.

Dans le viseur des magistrats de la rue Cambon : les dépenses de personnels. "Entre 2011 et 2021, les effectifs d’agents locaux ont crû d’un peu plus de 100 000 agents (soit + 5,5 %), en l’absence, pourtant, de nouveaux transferts de compétences de l’État aux collectivités", souligne le rapport. Ils préconisent un "retour progressif" aux effectifs du "début des années 2010", soit une "réduction de 100 000 emplois", ce qui permettrait d'économiser 4,1 milliards d'euros par an dès 2030. "L'augmentation de nos effectifs n'est pas aussi importante que ce que ce qu'on peut lire dans le rapport de la Cour des comptes", a défendu Murielle Fabre.

L'AMF veut "une autonomie financière et fiscale"

Selon l'AMF, les dépenses de personnel des communes et intercommunalités ne progressent "que de 0,4% par an en moyenne, déduction faite de l'inflation". Pour la secrétaire générale de l'association, "les dépenses de personnel ne doivent pas être vues seulement sous une vision mathématique et comptable". Ces augmentations sont "liées aussi à la mise en œuvre de nouvelles compétences", a-t-elle justifié, citant "la santé" ou "la sécurité". "Ça arrive très régulièrement d'avoir des transferts de charges qui ne soient pas complètement compensées", a-t-elle déploré. La dotation globale de fonctionnement (DGF), un des principaux concours financiers de l'État aux collectivités locales "ne suffit pas par rapport aujourd'hui aux missions qui sont les nôtres", a-t-elle ajouté.

"Ce que prône l'Association des maires de France, c'est une autonomie financière et fiscale", a rappelé Murielle Fabre, alors que la Cour des comptes évoque la possibilité de conclure avec les plus grandes collectivités "de nouveaux contrats de maîtrise de l’évolution de leurs dépenses de fonctionnement". L'élue locale plaide pour "un véritable dialogue, une collaboration étroite plutôt", plutôt qu'une "contractualisation". "Il ne faut pas que l'on nous empêche d'agir alors que derrière, les concitoyens attendent d'abord et avant tout des services", a-t-elle ajouté.

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