Grève générale en Guyane : "Nous demandons juste à être payés !"
Le président du Medef Guyane, Stéphane Lambert, a assuré sur franceinfo dimanche soutenir le mouvement de grève qui commence lundi en Guyane. "Nous sommes contraints d'en arriver là" a-t-il regretté.
À la veille de l'appel à la grève générale, le président du Medef Guyane, Stéphane Lambert, a assuré dimanche 26 mars sur franceinfo son soutien au mouvement de contestations. "Nous sommes contraints d'en arriver là" a-t-il regretté. Il a dénoncé "l'incurie" du gouvernement et demande un "plan de développement fait par, pour, et avec les Guyanais".
franceinfo : Soutenez-vous ce mouvement de grève ?
Stéphane Lambert : Globalement, nous soutenons le mouvement, pas nécessairement les blocages mais nous sommes contraints d'en arriver là à cause de l'incurie de l'État. Nous voudrions ne pas bloquer. Nous avons autre chose à faire, nous préférerions travailler dans nos entreprises. Nous, entrepreneurs, nous allons payer un lourd tribut. Mais nous voulons obtenir des réponses immédiates, et un plan de développement pour la Guyane, fait par, pour, et avec les Guyanais.
Quelles sont les difficultés auxquelles font face les entreprises ?
L'économie guyanaise repose beaucoup sur la commande publique, on n'a pas eu les moyens de générer une économie endogène. Il y a eu une baisse de la commande publique qui a entraîné beaucoup de difficultés. Elle s'est positionné en même temps qu'une augmentation de la population, qui est de 3% par an. Tous les 17 à 20 ans, la population double. Sans ces facteurs-là, nous tiendrions assez bien. Mais si on maintient le même rythme de croissance économique qui est de 3% par an, par rapport à notre population, cela ne suffit pas. Dans une classe de 25 élèves, entre 6 et 8 trouveront du boulot dans les 20 ans qui viennent. 60 à 70% des élèves ne trouveront jamais de boulot, jamais.
Aviez-vous déjà lancé des alertes sur la situation en Guyane ?
Oui. Nous avions déjà, il y a un an et demi, revendiqué très largement et agi devant les préfectures, les établissements publics, pour obtenir un protocole d'accord conclu à Matignon le 29 septembre 2015. Il n'est toujours pas encore entièrement appliqué aujourd'hui. Il faut aller plus loin. Il y en a ras-le-bol, tous les deux ans, de réclamer. Nous demandons simplement que les collectivités nous paient. Nous demandons juste à être payés ! Le code du marché public stipule que nous devons l'être en 30-45 jours. Nous attendons neuf mois, quand ce n'est pas plus. C'est juste cela que nous réclamons ! On est sur des besoins basiques !
Acceptez-vous de discuter avec les représentants du gouvernement envoyés ?
Nous avions demandé une délégation beaucoup plus importante. Notre cahier de revendications est déjà sorti. Ils peuvent commencer par y répondre. Après, nous verrons si l'on peut avancer et discuter. Nous avons fait notre part du travail, nous avons donné des documents. Nous voulons sortir de cette ornière difficile. Il y a les entreprises, la société civile, il faut agir de concert. À un moment, nous, les entrepreneurs, nous ne pourrons plus payer tous les salaires.
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