Colère des agriculteurs : "La France pourrait avoir faim", prévient la Coordination rurale, pas question d'"affamer", répondent les Jeunes Agriculteurs
Une nouvelle mobilisation du monde paysan est annoncée pour mi-novembre à l'appel de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs, déçus des "promesses non tenues" et inquiets de la possible signature d'un accord avec le Mercosur. Comme pour leur précédent mouvement "l'idée, c'est d'avoir l'opinion publique avec nous", précise mercredi 23 octobre sur franceinfo Pierrick Horel, le président des Jeunes Agriculteurs. Pas question donc de "faire peur" ou d'"affamer", menace qui a été brandie par Véronique Le Floc'h, la présidente de la Coordination rurale mardi soir. Elle a rendez-vous mercredi avec Michel Barnier.
"On va déjà lui dire que nous n'avons plus confiance en ces politiques, par rapport à tout ce qui devait être fait pour sauver toutes les exploitations", explique Véronique Le Floc'h au micro de France Bleu Breizh Izel avant son entretien avec le Premier ministre. Productrice de lait dans le Finistère, Véronique Le Floc'h regrette, par exemple, les conséquences du dérèglement climatique, et notamment de la pluie quasi constante. "Ça fait pratiquement un an qu'il pleut tous les jours, on a peut-être eu quatre ou cinq semaines sans pluie", décrit-elle. La présidente de la Coordination rurale énumère les conséquences de ces conditions météorologiques, comme le report de la mise en culture ou encore "les champs inondés". Mais elle dénonce également "l'inflation sur le matériel agricole", et ses "prix démesurés".
"On a peur d'ouvrir nos factures."
Véronique Le Floc'h, leader de la Coordination ruralesur France Bleu Breizh Izel
Également interrogée sur franceinfo, Véronique Le Floc'h évoque la piste d'une mobilisation autour des grandes villes, face à cette détresse des agriculteurs. "Si ça continue, la France pourrait avoir faim", prévient-elle, insistant sur le fait que "l'autosuffisance alimentaire de Paris est de deux ou trois jours" comme dans "la plupart des grandes villes".
Le Mercosur, "un message de défiance" envoyé aux agriculteurs
Un désaccord manifeste avec les Jeunes agriculteurs qui espèrent le soutien de l'opinion publique. Leur président Patrick Horel évoque, lui, "des promesses non tenues" par le gouvernement. Le syndicaliste regrette que les mesures qui avaient été annoncées l'année dernière n’aient pas toutes été prises, comme celle sur "la simplification du contrôle unique", qui avait pourtant été accordée par le gouvernement de Gabriel Attal. "On n’avance pas, même si la volonté est là", déplore-t-il. Idem sur les prêts garantis par l’État "annoncés dès le printemps dernier et, pourtant, toujours pas de dossier", souffle Pierrick Horel.
"Ce que les agriculteurs ont envie de savoir, c’est que les mots employés par l'ensemble de la classe politique l’année dernière soient toujours les mêmes aujourd’hui", poursuit le président des JA qui interpelle également Emmanuel Macron : "On a besoin d’une sortie du président de la République très claire sur le sujet du Mercosur pour qu'on ait une vision et un cap pour nos agriculteurs". Car l’accord de libre échange qui se dessine entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, en Amérique Latine, inquiète le secteur agricole. "C’est un message de défiance envoyé aux agriculteurs français et européens", déplore le syndicaliste qui souligne la différence de traitement entre les européens et les autres.
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