Retrait de trois pesticides d'ici 2025 : "Il faut donner un signal fort à nos endiviers", demande l’association des producteurs d’endives de France
"Il faut donner un signal fort à nos endiviers", demande Pierre Varlet, directeur de l’APEF, l’association des producteurs d’endives de France, invité de France Bleu Picardie lundi 12 février. Les producteurs d’endives ont envoyé une lettre au Premier ministre Gabriel Attal pour protester contre le retrait annoncé de trois herbicides et insecticides par l’Europe.
"Monsieur le Premier ministre, devons-nous renoncer à la production d'endives en France ?", questionne la lettre envoyée le 5 février par l'association des producteurs d'endives de France au Premier ministre. Elle déplore le retrait annoncé de trois herbicides et insecticides d'ici 2025, sur décision de l'Union européenne.
90% de la production vient des Hauts-de-France, rappelle France Bleu Picardie, et "à ce jour nous n’avons reçu aucune réponse" du Premier minstre ou du ministère de l'Agriculture, déclare le directeur. "On constate qu’il y a eu un vote en novembre 2022 à la Commission européenne, que les trois pays producteurs d’endives que sont la France, la Belgique et la Hollande avaient un poids de vote à la hauteur de leur population, relate Pierre Varlet. La France a voté contre le maintien de la molécule qui est utilisée depuis 50 ans pour produire des endives. Belgique et Hollande ont voté pour le maintien".
Les Etats membres de l’Union européenne ont décidé du retrait de ces trois pesticides pour des raisons sanitaires de risque de pollution de eaux et de perturbateurs endocriniens, rappelle France Bleu Picardie. "Il n’y a aucun risque pour le consommateur puisque le produit est utilisé avant les semis d’endives, assure Pierre Varlet. Il est utilisé pour détruire les graines des mauvaises herbes". Il assure : "on fait des analyses résidus sur les endives, les produits finis, et il n’y a aucun résidu de ce produit dans les endives".
Une capacité de production divisée par deux en 25 ans
Dans la lettre envoyée au Premier ministre, la filière affirme ne pas avoir le temps de se retourner pour trouver des alternatives. "La filière ne se réveille pas maintenant, je suis directeur d’une station d’expérimentation qui travaille depuis plus de dix ans sur les alternatives au désherbage chimique et aujourd’hui nous n’avons pas trouvé de solution pour empêcher les mauvaises herbes", poursuit Pierre Varlet.
Selon le directeur de l'association des endiviers, "le désherbage thermique est utilisé pour les quelques producteurs bio, sur des surfaces qui sont limitées, en méthode combinatoire avec des solutions de désherbage mécanique. Il faut des investissements, il faut que les fabricants puissent aussi répondre à la demande du marché. Aujourd’hui, ils ne sont pas capables de fournir la totalité du marché. Sur le papier il y a des solutions, mais elles ne sont pas encore économiquement et techniquement viables", affirme-t-il.
Si ces trois substances sont bel et bien interdites d’ici l’année prochaine, "Il faut donner un signal fort à nos endiviers, plaide Pierre Varlet. Il ne reste plus que 300 endiviers aujourd’hui en France, ils étaient plus de 1 000 il y a 25 ans. On a divisé par deux la capacité de production. L’endive c’est une toute petite production, on n’intéresse pas grand monde au niveau investissement, c’est pour ça aussi qu’on a des difficultés à trouver des alternatives aux méthodes traditionnelles", conclut-il.
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