Merkel : "Pas d'eurobonds aussi longtemps que je vivrai"
La chancelière allemande durcit le ton sur les eurobonds. A la veille d'un sommet européen crucial, elle réaffirme son opposition : de son vivant, l'Europe ne partagera pas la responsabilité de la dette.
Angela Merkel durcit le ton sur les eurobonds. Mardi 26 juin, à la veille de sa rencontre avec François Hollande pour préparer le sommet européen des 28 et 29 juin, elle a assuré aux députés de sa coalition qu'elle s'opposerait à ces euro-obligations "aussi longtemps qu'[elle] vivrai[t]".
• Qu'est-ce qu'un eurobond ?
C'est l'une des solutions avancées pour lutter contre la crise de la dette en Europe : les eurobonds sont un système d'emprunt en commun entre les 17 pays de la zone euro. Actuellement, chaque pays emprunte de son côté quand il a besoin de lever des fonds, et le taux d'intérêt dépend de la santé économique du pays en question et en particulier du niveau de sa dette. Avec les eurobonds, les obligations seraient donc émises au niveau européen avec un taux d'intérêt unique, qui serait une moyenne de ceux auxquels les différents pays membres se financent.
Cela donnerait une bouffée d'air aux pays en difficulté, Grèce, Espagne, Italie, Portugal, qui peinent à se refinancer en raison des taux élevés auxquels ils sont soumis.
• Pourquoi Angela Merkel y est-elle opposée ?
"Quand je pense au sommet, ce qui m'inquiète est qu'il y aura toutes sortes d'idées de mutualisation de la garantie des dettes souveraines et trop peu d'idées pour plus de contrôle des finances des Etats de la zone", a expliqué Angela Merkel. Avant tout, Berlin veut imposer "plus de contrôle" et pense que les eurobonds, au contraire, risqueraient de finir par déresponsabiliser les Etats les plus dépensiers. En bref, tant que des mesures de contrôle ne sont pas adoptées, l'Allemagne s'opposera fermement aux eurobonds.
Seconde raison : pour l'Allemagne, les eurobonds ne présentent aucun intérêt. Car les émissions se feraient à un taux supérieur à celui qu'elle obtient aujourd'hui.
Enfin, Angela Merkel doit ménager le Bundestag, l'Assemblée allemande, pour qu'il ratifie, vendredi 29 juin, le Mécanisme européen de stabilité.
• Qui est contre, qui est pour ?
Pour François Hollande plaide de longue date pour la mise en place des eurobonds. Les chefs de gouvernement espagnol et italien, Mariano Rajoy et Mario Monti, ont aussi apporté leur soutien. Idem pour les deux principaux dirigeants de l'Union européenne, le président de la Commission et celui du Conseil, José Manuel Barroso et Herman Von Rompuy.
Contre En fait, Angela Merkel est de plus en plus isolée sur cette question. Seuls le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, et le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, sont sur la même ligne. Le premier a vu son gouvernement imploser le 23 avril, justement sur la question de l'austérité.
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