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Moody's retire le Aaa de la France, et alors ?

La dégradation de la note française n'est pas si grave.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le siège de l'agence de notation Moody's, à New York (Etats-Unis). (EMMANUEL DUNAND / AFP)

ECONOMIE - Ça recommence. Après Standard & Poor's en janvier, l'agence de notation Moody's a abaissé d'un cran, lundi 19 novembre, la note de la dette de long terme de la France. De Aaa, elle tombe à Aa1, assortie d'une perspective négative, c'est-à-dire du risque d'une nouvelle dégradation à l'avenir. Mais d'après les analyses des économistes, pour qui cette dégradation était de toute façon prévue, la décision de Moody's n'aura que peu de conséquences.

L'avis de Moody's est-il isolé ?

Ce n'est pas une nouveauté, l'économie française, comme celle de la zone euro, est sous surveillance. "Moody's dit plus ou moins la même chose que The Economist, le rapport Gallois et le Fonds monétaire international (FMI), qui était même bien plus sévère, analyse Philippe Waechter, chef économiste chez Natixis, contacté par francetv info. "Mais comme le FMI ne donne pas de note, c'est passé inaperçu." Le FMI, dans la foulée de Louis Gallois, avait en effet établi une liste de priorités afin que la France lance des "réformes d'envergure", comme l'expliquait le Huffington Post début novembre.

La nouvelle note de la France reste une bonne note, tempère le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici. Il s'agit plus d'une "interrogation" que d'une sanction, selon Philippe Waechter. "La question posée porte sur la capacité de l'économie française à se redresser et à amortir les chocs en cas de difficultés dans la zone euro", détaille-t-il.

Les marchés vont-ils "attaquer" la France ?

 

N'en déplaise à Jean-Luc Mélenchon, les marchés ne vont sûrement pas attaquer la France. Moody's menaçait depuis février de dégrader la note française. Par conséquent, les investisseurs avaient probablement déjà intégré cette éventualité. "Cette décision peut générer une tension sur les taux d'emprunt, mais la France ne devrait pas être pour autant attaquée sur les marchés", estime Jean-Louis Mourier, économiste chez Aurel BGC.

Pour Xavier Timbeau, directeur du département analyse et prévision de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), la France reste "plus un havre de sécurité pour les placements que d'autres pays". C'est d'ailleurs ce qui "s'est passé pour la première dégradation de la France par Standard & Poor's". Le pays a un peu de marge sur les marchés puisqu'il a prévu dans le budget 2013 un taux d'emprunt à dix ans à 2,9% pour l'an prochain, soit très au-dessus des 2,2% auquel il emprunte à l'heure actuelle.

La relation franco-allemande va-t-elle en pâtir ?

"Economiquement et politiquement, on ne joue plus dans la même catégorie", juge l'éditorialiste Dominique Seux, dans Les Echos. Toutefois, les problèmes de couple de Paris et Berlin tiennent plus à "une problématique politique qu'économique", estime l'économiste Philippe Waechter.

Si le gouvernement allemand a laissé filtrer, depuis quelques semaines, des inquiétudes sur certaines faiblesses économiques françaises et sur la capacité de François Hollande à les surmonter, le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble, ne veut "pas dramatiser de manière excessive", ce qu'il considère comme "un léger avertissement d'une agence de notation".

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