Faut-il s'inquiéter d'une crise économique majeure en 2019 ?
La fin d'année 2018 a été particulièrement agitée sur les places boursières de la planète, faisant ressurgir le spectre de la crise de 2008.
Des Bourses qui s'affolent, des tensions commerciales, des incertitudes sur la gouvernance de la zone euro... La fin d'année 2018 a été pour le moins chaotique pour les marchés financiers. Au point de faire craindre le pire en 2019 et de voir ressurgir le spectre de la crise de 2008.
1Quelle est la situation des marchés financiers ?
Ils ont connu des jours meilleurs. L'année 2018 a en effet été la plus mauvaise depuis 2008 sur les places boursières européennes. Le CAC 40 a ainsi chuté de près de 10,95% en un an. Et il n'est pas le seul. La Tribune égrène les mauvais résultats : en Allemagne, le Dax a reculé de 18,3% ; au Royaume-Uni, le London Stock Exchange a perdu 12,48% ; aux Etats-Unis, Wall Street a connu sa pire année depuis 10 ans. Mais c'est en Asie que la dégringolade a été la plus sévère avec un recul de 24,6% pour la Bourse de Shanghai notamment. Et 2019 semble avoir débuté sous les mêmes auspices puisque la Bourse de New York a ouvert en net repli jeudi pour la première séance de l'année.
2Comment expliquer ces mauvais résultats ?
Trois facteurs stressent particulièrement les marchés financiers : le premier concerne la guerre commerciale menée par Donald Trump contre la Chine. Après une année 2018 marquée par l'imposition de lourds tarifs douaniers entre les deux pays, le début de l'année 2019 ne laisse pas vraiment entrevoir de sortie de crise.
Autre source d'inquiétude des investisseurs : la Chine, qui montre plusieurs signes d'affaiblissement ces derniers temps. Le PIB de la deuxième économie mondiale n'a progressé "que" de 6,5 % au troisième trimestre 2018, soit son plus bas niveau depuis 2009, rappellent Les Echos. Apple a donc dû réviser à la baisse ses prévisions de résultats pour le 4e trimestre 2018, à cause notamment de l'activité chinoise moins dynamique.
Enfin, en Europe, le Brexit et les négociations qui en découlent, ainsi que l'approche des prochaines élections européennes, sur fond de montée des populismes, inquiètent. Le FMI a d'ailleurs prévenu que la croissance mondiale risquait de s'essouffler en 2019.
3Qu'est-ce qui pourrait précipiter une crise ?
Il est toujours délicat de spéculer sur les résultats de la Bourse. Mais une chose est certaine : les investisseurs détestent l’incertitude et notamment celle qui plane en ce moment sur l'économie mondiale. "A cause de cette croissance mondiale moins forte, les résultats des entreprises seront systématiquement moins bons. Nous allons donc voir des marchés plus volatils, plus nerveux", explique l'économiste Jean-Hervé Lorenzi, dans les colonnes du Parisien. Un terrain propice aux dégringolades.
L’étincelle pourrait bien partir de l'Italie. Rome est parvenue in extremis à un accord sur son budget avec Bruxelles, mais avec un endettement à 2 300 milliards d'euros. Soit 130% du PIB italien. Le pays présente donc une situation similaire à celle de la Grèce en 2011. Si les investisseurs finissaient par prendre peur et que le taux de ses emprunts explosait, la troisième puissance économique de la zone euro pourrait très bien faire défaut, entraînant l'Europe dans la dépression. "Ce serait dix fois Lehman Brothers", prévient l'économiste Marc Touati dans le magazine Capital.
4Est-ce que nos économies peuvent faire face ?
Pas sûr. Dix ans après la faillite de Lehman Brothers, le système financier mondial reste vulnérable. Le FMI s'est déjà inquiété de la capacité de réaction des gouvernements en cas de crise ou de récession. "La réponse n'est guère réconfortante, a alerté le chef économiste du Fonds monétaire international, cité par Les Echos. Les gouvernements disposent de moins de munitions budgétaires et monétaires que lorsque la crise financière mondiale a éclaté il y a dix ans." Un constat qui fait écho à ceux de Jean-Claude Trichet ou encore Dominique Strauss-Kahn.
L'économiste Nouriel Roubini, qui avait prédit dès 2006 la crise de 2008, estime quant à lui que le krach n'est pas pour 2019... mais pour 2020. Dans Les Echos, il affirme que, contrairement à la dernière fois, "les dirigeants qui affronteront la prochaine récession auront les mains liées" en raison de marges de relance budgétaires réduites par le poids de leurs dettes publiques.
5Faut-il paniquer pour autant ?
Après la crise de 2008, les banques se sont profondément restructurées et ont fait de gros efforts pour se protéger. Des mécanismes ont notamment été mis en place, en Europe, pour traiter la défaillance d’un établissement financier, comme l'augmentation des capitaux propres ou encore le renforcement des tests de solidité. "Aujourd’hui, leur capacité de résistance aux chocs est bien plus élevée", rassure l’économiste Patrick Artus, de Natixis, interrogé par Capital.
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