Les salariés de PSA d'Aulnay face à une grève qui dure
Les chaînes sont à l'arrêt. Plus aucun bruit de machine ne
résonne dans l'usine de montage du site PSA d'Aulnay-sous-Bois d'où sortaient
d'ordinaire 700 véhicules par jour. Le site va fermer en 2014 et 500 salariés
sur les quelque 2.800 que compte l'usine sont en grève. Ils réclament de meilleures
conditions de départ. Dans l'un des bâtiments, ils se retrouvent, se croisent,
s'interpellent, s'encouragent.
Une solidarité
ouvrière qui dure depuis sept semaines maintenant. En face
d'eux, dans un renfoncement, des membres de la direction sont là. Ils sont
accompagnés d'huissiers et tous observent les grévistes. Tous les jours, les
deux camps se font face. Sans s'adresser la parole, en s'ignorant la plupart du
temps dans une ambiance parfois électrique.
" On les appelle les pots de fleurs" , sourit l'un des salariés en jaugeant le groupe. "Toute la journée, ils sont là, ils nous surveillent, voir si on ne casse pas des machines. Ils vont finir par attraper des varices " .
Jour de paie pour les grévistes
Ce jeudi est un jour particulier pour les grévistes. Ils
vont en effet toucher leur chèque du mois prélevé sur une caisse de grève. Plus
de 260.000 euros reçus en dons et gérés par une association montée par les
ouvriers. " Depuis le 16 janvier, les grévistes ne sont pas payés " ,
explique Jean-Pierre Mercier, délégué CGT.
" Le seul financement qu'on a trouvé c'est le soutien
populaire. Ce sont des dizaines de milliers de personnes qui nous ont aidés. Il
y a eu par exemple des petits chèques envoyés par des retraités par exemple. Il
y a ce sentiment qu'il faut soutenir ces salariés qui se mettent en
grève " , raconte le syndicaliste.
" Après six semaines de grève, les gens commençaient à
se poser des questions : 'Comment payer le loyer, les factures ?' " ,
raconte Ahmid qui poursuit :
"C'est un très beau soutien. Depuis six semaines on est
cassés par la direction qui nous traite de tous les noms : casseurs, voyous, terroristes.
Mais les gens ils ne voient que des pères de famille qui se battent pour sauver
leur emploi."
800 euros pour un mois de grève
Devant une salle reconvertie en service de paie, les
ouvriers de PSA Aulnay attendent donc patiemment que cet argent leur soit
redistribué. Tout est parfaitement organisé. Devant un premier bureau ils
s'enregistrent. Le nombre de jours de grève est vérifié, ils récupèrent ensuite
leur chèque qui leur permettra de tenir jusqu'à la fin du mois prochain.
" Je perds 1.200 euros par mois " , explique un
salarié qui va toucher 800 euros cette fois ci. " C'est ma première grève
mais c'est important " , dit-il. Tous les grévistes le savent, la suite
s'annonce dure mais ils ne veulent rien lâcher. Désormais, l'association de
soutien aux salariés de l'automobile du 93 va tenter de remplir à nouveau sa
caisse de grève. Si le conflit se poursuit, il faudra pouvoir redistribuer – à
nouveau – un peu d'argent aux grévistes.
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