: Vidéo Des quotas de bons et mauvais éléments dans certaines entreprises : 5% des employés "doivent gicler", témoigne un DRH
La notation des salariés est une pratique légale. Mais certaines entreprises pousseraient leurs managers à mettre de "mauvaises notes" aux employés les moins performants afin d’accélérer leur sortie. Une sous-notation forcée, totalement illégale, dénoncée par ce DRH qui témoigne dans "Envoyé spécial" le 8 mars 2018.
Licenciements abusifs, chasse aux syndicalistes, classement des employés selon des quotas de bons et mauvais éléments… dans "Envoyé spécial", un directeur des ressources humaines révèle les méthodes de certaines entreprises pour vider les bureaux, à moindres frais et sans plan social. Extrait.
Selon Didier Bille, DRH pendant plus de vingt ans dans plusieurs multinationales, la direction de certaines entreprises imposerait par exemple à ses managers de classer leurs salariés par groupes. En clair, de réaliser des quotas de bons et mauvais élèves, comme le montre le document que s'est procuré "Envoyé spécial" – or, si la notation des salariés n’est pas interdite en France, contraindre des cadres à sous-noter des salariés est illégal.
Le manager d'une équipe est ainsi prié d'y trouver 8% de "top talents", 77% de "niveau moyen", et 5% de "maillons faibles" à licencier au plus vite. "Quels que soient l'état de l'entreprise, les compétences des gens et les résultats d'un service, on vous dit 'toi, tu as 5% de ton équipe qui doivent être mauvais, et ces 5%, ils vont gicler'."
"Les deux que tu dois me donner, c'est les deux du fond"
Concrètement, comment faire appliquer ces quotas à des managers satisfaits de leur équipe ? Admettons qu'il faille licencier deux personnes dans un groupe de dix. Voici ce que Didier Bille conseillait aux managers pour déterminer celles qui seraient sous-notées : "Fais une liste. Tu le connais, celui que tu ne veux absolument pas perdre, celui qui, s'il passe sous un train demain, c'est une catastrophe ? Mets-le en haut de la liste."
"Vous faites ça jusqu'à ce que vous ayez fait toute la liste. Et là, vous dites [au manager] 'ben voilà ! Tu l'as, ta liste ! Les deux que tu dois me donner, c'est les deux du fond'."
Extrait de "'L'exécuteur' : confessions d'un DRH", à voir dans "Envoyé spécial" le 8 mars 2018.
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