Cet article date de plus d'onze ans.

Cadre hier, prof aujourd'hui

Cadres dans le privé durant de nombreuses années, Priscille Fischer, 33 ans et Julien S., 34 ans, ont décidé de devenir professeur des écoles. Une réussite pour l'un mais un choix de courte durée pour l'autre. Interview croisée.
Article rédigé par Francetv Emploi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min

Priscille Fischer et Julien S. nous expliquent comment ils ont réussi leur reconvertion professionnelle.  

Comment vous-est venue l'envie de devenir professeur des écoles après une carrière professionnelle dans le privé ?

Priscille Fischer : « Après huit années dans le marketing, la vie en entreprise ne me convenait plus. Mes missions manquaient de créativité. Par ailleurs, j'étais amenée à effectuer de nombreux déplacements professionnels et je voulais être plus présente auprès de ma famille et de mes enfants. Plus jeune, je souhaitais déjà devenir institutrice et au fond cela ne m'avait pas quitté même si j'avais choisi une autre voie. Ma dernière expérience dans le marketing a accru mon mal-être professionnel. Changer de métier est devenu alors un besoin quasi-vital. Mais il me fallait obtenir l'assentiment de mon conjoint avant de me lancer. En effet, cette décision avait des conséquences sur nos projets communs. Elle engendrait une baisse de nos revenus et retardait notre projet d'achat d'appartement. Une fois que mon époux m'a donné son accord, il m'a encouragé, soutenu et même aidé à réviser mon concours d'entrée à l'IUFM ».

Julien S. : « J'ai eu plusieurs expériences dans le marketing musical. Mais je n'avais plus envie de vendre de la musique comme on vend des yaourts. J'ai fait un bilan de compétences via le Fongecif. A cette occasion, le métier d'instituteur est apparu comme une voie professionnelle possible. Je n'y avais pas vraiment pensé auparavant mais cela m'a semblé être une très bonne idée. Ce projet de reconversion ne demandait pas beaucoup d'années d'études et puis ce métier est créatif, indépendant et que je pouvais l'exercer partout en France. L'entreprise qui m'employait alors a procédé à un plan social. J'ai donc saisi cette occasion pour changer de cap et me faire financer la préparation au concours de l'IUFM ».

Avez-vous rencontré des difficultés particulières ?

Priscille Fischer : « La reconversion est un projet qui nécessite une motivation à long terme. La première fois que j'ai passé le concours de l'IUFM, je me suis retrouvée sur liste complémentaire. Je devais donc à tout prix réussir ma seconde tentative. Même si je n'ai jamais doutée de ma décision de quitter un bon métier et un bon salaire, j'étais sous pression car ce choix concernait toute ma famille. De plus, quand on se retrouve à nouveau étudiante après plusieurs années de vie active, quand on apprend un nouveau métier, cela demande de trouver de nouveaux repères et une nouvelle organisation. Fort heureusement, mes expériences professionnelles m'ont permis de travailler vite, de savoir gérer les priorités, de préparer mes cours. Toutefois, quand on se retrouve devant sa classe d'élèves, on est un débutant à part entière. »

Julien S. : « En janvier 2006, alors que j'étais sur liste complémentaire, j'ai été affecté dans des écoles situées dans des quartiers en difficulté, avec des classes de double niveau dans lesquelles se trouvaient quelques élèves non francophones. Ma première expérience dans le monde de l'éducation s'est réalisée dans des conditions loin d'êtres idéales alors que je n'avais pas encore de connaissances théoriques suffisantes. Je me suis senti très vite décontenancé. Au début de cette année scolaire, j'y allais à reculons. Certes, il y a des moments magiques avec les élèves et j'ai trouvé du sens dans le métier d'instituteur mais je regrette que l'on ne soit pas mieux accompagné dans les premiers pas professionnels. »

Etes-vous satisfait de votre choix de reconversion ?

Priscille Fischer : « Oui, mais rien n'est encore gagné ! Je ne sais pas encore dans quelle école je serais affectée à la fin de ma deuxième année à l'IUFM. Au-delà de la titularisation, mon objectif est de devenir une enseignante de qualité. »

Julien S. : « Je viens tout juste de démissionner de l'Education nationale. Le métier d'instituteur est beau, mais je me suis rendu compte qu'il ne me correspond pas. Par ailleurs, l'Education nationale est un système qui comporte nombre d'aberrations, dont celle d'envoyer, dans les classes les moins faciles, des débutants, et ce sans les accompagner. Avec le recul, je pense que j'aurais dû mener une enquête auprès de professionnels en poste pour m'assurer que ce métier répondait à mes aspirations. Aujourd'hui, je souhaite retourner vers le milieu de la musique mais je n'ai pas de regrets d'avoir tenté cette expérience. »

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