Exonération de l'augmentation de CSG pour certains retraités : "Je me méfie" prévient le président de la Confédération française des retraités
Edouard Philippe a promis jeudi l'exonération de la hausse de la CSG pour 300 000 foyers de retraités à partir de 2019. Une annonce qui surprend Pierre Erbs, le président de la Confédération française des retraités.
"Je me méfie", a réagi, jeudi 20 septembre sur franceinfo, Pierre Erbs, le président de la Confédération française des retraités, après l'annonce par Edouard Philippe sur France Inter de l'exonération de la hausse de la CSG pour 300 000 foyers de retraités à partir de 2019.
"Quand on dit que ce sont 300.000 foyers nouveaux, je n'en suis pas persuadé", assure Pierre Erbs qui estime que "les mesures techniques ne sont pas clairement annoncées". S'il reconnait que la Confédération française des retraités "ne s'est jamais battue contre l'augmentation de la CSG", car "c'est un effort national de solidarité", il avoue malgré tout que les efforts demandés sont durs "psychologiquement et économiquement".
franceinfo : Est-ce que vous êtes soulagé par l'annonce d'Edouard Philippe?
Pierre Erbs : Pas vraiment. On avait déjà annoncé une exonération pour 100 000 foyers fiscaux. Là, on nous dit que cela ira au-delà. Quand on dit que ce sont 300 000 foyers nouveaux, je n'en suis pas persuadé. Les mesures techniques ne sont pas clairement annoncées. Je me méfie, de même que je m'étais méfié quand on avait annoncé des exonérations de hausses de la CSG.
On a bien vu que certaine personnes qui croyaient être exonérées ne l'étaient pas. Si véritablement il y a 300 000 personnes, je dirais tant mieux. Mais nous sommes 16 millions de retraités en France. Il y a un hiatus considérable entre le nombre de personnes pour qui il va y avoir un effort et le nombre de personnes qui subissent la CSG.
Vous êtes opposés à cette augmentation ?
On ne s'est jamais battu contre l'augmentation de la CSG. C'est un effort national de solidarité. Par contre, nous demandons qu'on nous accorde un certain nombre de compensations. Il y a au moins deux sujets sur lesquels nous pensons que nous pourrions avoir des avancées. La cotisation de 1% que nous payons sur nos retraites complémentaires : nous allons être les seuls individus à payer une cotisation sur nos pensions. Et nous autoriser à déduire fiscalement nos primes d'assurances complémentaires santé qui sont particulièrement lourdes pour les retraités.
Quand Emmanuel Macron dit que les retraités doivent faire un effort. Vous l'entendez ?
Je l'entends difficilement. C'est un effort à sens unique. On voit bien que ce qui est demandé, c'est que les retraités acceptent qu'on leur prenne du pouvoir d'achat pour le transférer aux actifs. Les retraités comptaient sur cette retraite. Et tout d'un coup, on la met à mal. On la met à mal au travers de la CSG, au travers du coup de rabot qui est donné.
On doit revaloriser nos retraites uniquement de 0,3% en 2019 et 2020, quelle que soit l'inflation. Psychologiquement c'est dur et économiquement, c'est dur également. Psychologiquement, les retraités sont furieux d'être opposés aux actifs; Ils sont très remontés par cette opposition. Économiquement, si vous additionnez 1,7% de hausse de CSG avec rien du tout en 2018, alors que l'inflation est repartie à la hausse, une inflation encore forte en 2019 et 0,3% d'augmentation, et idem en 2020, on arrive à un coup de rabot qui est très sérieux. On va nous enlever 8% de pouvoir d'achat.
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