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Vidéo Antoine Bozio, économiste et directeur de l'Institut des politiques publiques : "Si l'espérance de vie continue d'augmenter, on devra décaler l'âge de départ en retraite"

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Article rédigé par franceinfo - Justine Claux
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Invité de Jean-Paul Chapel dans ":L'éco", Antoine Bozio est économiste et directeur de l'Institut des politiques publiques (IPP). Spécialiste de la question, il s'exprime sur le projet de réforme du système des retraites.

Antoine Bozio est économiste et directeur de l'Institut des politiques publiques (IPP).

Alors que se profile une grève à la SNCF, mardi 24 septembre, afin de protester contre le projet de réforme des retraites, le spécialiste de la retraite par points explique : "Ils (les régimes spéciaux, NDLR) perçoivent qu'ils ont beaucoup à perdre. Il y a déjà eu un certain nombre de réformes des régimes spéciaux, mais là, ce qui est très clair, c'est l'idée de vouloir avoir les mêmes règles pour tous, les mêmes règles à la fois contributives, un euro cotisé donne les mêmes droits, et puis, les mêmes règles en termes de solidarité, c'est-à-dire que tous les points de solidarité gratuits soient octroyés de la même façon pour l'ensemble des régimes. Donc, il y a probablement un sentiment de peur, de crainte de perte, même si les transitions qui vont être mises en place dans cette réforme vont être sur le temps long, et finalement, ça va se faire de façon assez douce"

Jean-Paul Chapel rappelle également que rien ne se passera avant 2025, date du début de l'application de la réforme. "Et même à partir de 2025, ceux qui ont acquis des droits vont les préserver pendant une période de bascule qui va durer encore quinze ans."

"Ca va durer assez longtemps", renchérit Antoine Bozio. "Parce qu'en 2025, tant que vous avez des droits acquis à la date de bascule dans la réforme, vous allez bénéficier des règles de l'ancien système pendant très longtemps, quinze ans, voire plus, parce que si vous avez eu 30 ans dans l'ancien système, il est probable que votre retraite soit très impactée par l'ancien système. Mais, progressivement, vont se mettre en place les nouvelles règles communes pour tous, c'est là qu'on va comprendre la mécanique de la réforme..."

"Il y aura quand même des gagnants et des perdants", souligne Jean-Paul Chapel. "On a parlé des régimes spéciaux, mais plus généralement, les fonctionnaires ne sont pas traités de la même manière que dans le privé. L'âge légal est à 62 ans pour tout le monde, mais dans le privé, on regarde les vingt-cinq meilleures années, ça a l'air bien comme ça, mais en fait, ce n'est pas intéressant parce que ça fait remonter à des petits salaires de début de carrière, par opposition aux fonctionnaires où l'on ne regarde que le salaire de fin de carrière"

"Alors, c'est vrai qu'il y a une façon différente de calculer les droits à la retraite dans le secteur public et dans le secteur privé. Dans le secteur public, on calcule sur les six derniers mois du traitement, mais que du traitement, on laisse de côté un tiers de la rémunération qui est sous forme de primes. Donc, en moyenne à la fin, ça donne des pensions moyennes dans le secteur privé et dans le secteur public qui sont très proches, des taux de remplacement moyens. Alors pourquoi garder ces règles si différentes si on peut avoir le même taux de remplacement moyen mais avec des règles qui soient similaires ?"

Le taux de remplacement est le pourcentage de son dernier salaire que l'on touche à la retraite. "Ca donne un petit peu l'idée du niveau de vie qu'on essaie de garantir, aujourd'hui, c'est 73 %", poursuit l'économiste. 

"C'est-à-dire que mon dernier salaire, c'est 100, et je vais toucher en moyenne à la retraite, 73 %", précise Jean-Paul Chapel. 

"En France, cette moyenne est plus élevée que dans la plupart de nos pays voisins", assure Antoine Bozio.

"Notre système de retraite risque-t-il la faillite ? Est-ce qu'il va dans le mur ?", interroge Jean-Paul Chapel. 

"Pas vraiment, parce que même dans le système actuel, il y a eu des réformes, et le système n'est pas proche de la faillite", répond le directeur de l'Institut des politiques publiques. "Au contraire, on peut projeter de façon assez stable le fait que pour les 20, 30 ans à venir, on aura des garanties suffisamment fortes que les pensions seront payées. Le gros problème, à mon sens, du système actuel, c'est que son mode de pilotage est très incertain, parce qu'on le fait dépendre énormément de la croissance future pour équilibrer le système de retraite, et personne ne sait quelle va être la croissance dans 10, 20 ou 30 ans."

Le système par répartition, qui est le système de financement des pensions de retraite actuel, est alimenté par les cotisations versées par les actifs au titre de l'assurance vieillesse, immédiatement utilisées pour payer les pensions des retraités.

"Les actifs d'aujourd'hui financent les retraités d'aujourd'hui. Donc, ça dépend beaucoup du niveau de salaire des cotisants", souligne Jean-Paul Chapel.  

"Donc, si les cotisants futurs ont des salaires plus élevés, ils pourront avec le même effort payer des retraites d'autant plus élevées, simplement parce que c'est ce gain de productivité qui est transmis aux retraités, aussi bien qu'aux actifs.", affirme Antoine Bozio. 

Si demain, la croissance des salaires est plus faible qu'aujourd'hui, que va-t-il se passer avec le système à points ? "Avec le système à points, comme avec le système par répartition, on va devoir maintenir cet équilibre entre le niveau de vie des retraités et des actifs, et donc, si l'espérance de vie continue d'augmenter, on devra décaler l'âge de départ en retraite pour pouvoir maintenir ce niveau de vie intact. Travailler plus longtemps mais tout en profitant d'une retraite qui sera aussi plus longue", conclut l'économiste. 

L'interview s'est achevée sur "Les limites" de Julien Doré.

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