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Augmentation des arrêts maladie : "C'est impossible de continuer comme ça", estime la CGT

Marie-José Kotlicki, secrétaire générale de l'Ugict-CGT, est revenue, mercredi pour franceinfo, sur les chiffres dévoilés par son syndicat concernant l'augmentation de 5% en un an des arrêts maladie en France.

Article rédigé par franceinfo
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Les arrêts maladie ont augmenté de 8% en janvier et de 5% en un an, selon la CGT. (MAXPPP)

Les dépenses d'indemnités journalières de l'assurance maladie ont augmenté de plus de 5% entre février 2017 et janvier 2018, selon des chiffres de la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam). La faute à des conditions de travail qui se dégradent, a indiqué Marie-José Kotlicki, secrétaire générale de l’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens à la CGT, mercredi 21 février sur franceinfo.

franceinfo : Selon vous, est-ce que ce problème est assez pris au sérieux ?

Marie-José Kotlicki C'est un problème récurrent depuis plusieurs années qui n'est pas du tout pris au sérieux. D'ailleurs, les dernières statistiques ne nous étonnent pas malheureusement. C'est un problème qu'on observe auprès de l'encadrement depuis une dizaine d'années et qui s'aggrave. On a un baromètre qui montre plusieurs choses. Il y a d'abord une augmentation de la charge de travail chaque année. 62% des cadres ont le sentiment que depuis le début de l'année dernière ils ont une augmentation de la charge de travail. On a aussi une intensification du temps de travail, en particulier parce que 55% des cadres sont au forfait jour et donc font en moyenne 46 heures et 30 minutes par semaine. Et puis, 76% utilisent les outils numériques pour leur usage professionnel sur leur temps personnel. Il n'y a pas de déconnexion réelle. Enfin, nous avons une pression psychologique extrêmement forte sur l'encadrement qui est à l'origine de beaucoup de stress et de beaucoup d'arrêts maladie.

Le droit à la déconnexion est entré en vigueur en France depuis le 1er janvier 2017, est-ce que cela signifie qu'il n'est pas du tout respecté ?

Pas du tout. Nous avons mené une campagne depuis 2004, où on demandait un droit effectif à la déconnexion. Dans les entreprises, les directions n'ont pas ouvert de négociations, sauf quand des équipes syndicales l'ont demandé de manière véhémente. D'ailleurs, on a obtenu un droit à la déconnexion effectif chez Orange et à La Poste.

Le problème central pour vous n'est-ce pas le médecin trop complaisant ni le salarié qui abuserait de l'arrêt maladie ?

Ce n'est pas du tout le cas. Il y a un rapport parlementaire qui dit que 3,2 millions de travailleurs présentent aujourd'hui un risque très élevé d'épuisement professionnel et que cela représente 20% de l'encadrement. La France occupe le premier rang mondial de consommation de psychotropes, le quatrième rang en matière de suicide sur le lieu de travail. Elle vient d'être condamnée pour la quatrième fois consécutive au niveau de l'Europe sur les forfaits jours pour non-respect de la santé au travail et des charges dites raisonnables de travail. Ce n'est donc pas vraiment dû à des arrêts de travail de médecins complaisants. Il peut peut-être y avoir des abus, mais je pense qu'il faut faire confiance surtout au professionnalisme des médecins ainsi que prendre des mesures et que l'État soit vraiment responsable sur ces cas d'arrêt maladie. Ce n'est pas bon pour l'humain, c'est un gâchis humain et social considérable.

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